Conflits fonciers : de plus en plus de violence et de peur à Butaganzwa (Ruyigi)

Trois jours après le meurtre d’un couple à cause d’un conflit foncier sur la colline Maramvya, zone Rugongo en commune Butaganzwa, une autre famille craint pour sa sécurité dans la même zone et pour les mêmes raisons. Le chef de zone est pointé du doigt.

«Ils menacent de nous couper en morceaux si on n’abandonne pas notre propriété.», indique Dieudonné Nshimirimana, un habitant de la colline Rugongo en commune Butaganzwa, province Ruyigi. Lettres de menaces, bastonnades, des visites peu amicales pendant la nuit … Tout est bon pour faire partir ce père de 5 enfants et sa mère, Aquéline Nsekera, 60 ans. Ces deux personnes accusent Gratien Nkurunziza, chef de zone Rugongo, et ses deux frères, Janvier Nahimana et Léonidas Bigirimana.

D’après Dieudonné Nshimirimana et sa mère, ils ont été battus, ce mercredi 15 janvier à 7h. «Nous étions en train de cultiver quand Janvier Nahimana et Léonidas Bigirimana nous ont attaqué. Le chef de zone est arrivé, par après, mais il n’a rien fait pour nous aider.», racontent-­ils. Dieudonné Nshimirimana est blessé à la tête et aux pieds. «Léonidas Bigirimana m’a assené deux coups de bâtons à la tête et au niveau des reins. J’ai du mal à marcher.», précise Aquéline Nsekera, assise devant le commissariat de police de Ruyigi où elle est venue porter plainte. Et d’ajouter qu’en décembre 2013, ils ont reçu une lettre, écrite par les trois hommes, les sommant de vider les lieux avant d’avoir des problèmes. Tous les deux pointent du doigt Gratien Nkurunziza d’être le responsable de tous leurs malheurs. «C’est lui qui tire les ficelles. Il se cache derrière ses frères.»

Le chef de zone réfute ces accusations et indique que le jour de la bagarre, il est venu pour réconcilier les deux parties. Pour la lettre, Gratien Nkurunziza fait savoir qu’ils l’ont écrite pour demander à Dieudonné Nshimirimana de partir car il n’est pas de leur famille.
Le nœud du problème se trouve là. Aquéline Nsekera, demi-sœur de ces trois hommes, a « divorcé » alors que son fils avait deux ans. Elle est retournée chez elle avec lui. Depuis, les trois oncles ne supportent pas la vue de leur neveu dans la propriété familiale. Le dossier se trouve au niveau de la cour suprême après que les différents tribunaux aient donné raison à Aquéline Nsekera.

Un homme et sa femme égorgés dans leur maison

Ce samedi matin, Barthélemy Ncahoruri et sa femme Jeanne Mvuyekure ont été retrouvés sans vie dans leur maison sur la colline Maramvya dans la même zone de Rugongo. Ils avaient été égorgés. Les voisins assurent qu’ils n’ont rien attendu, mais la chambre à coucher montre des signes de lutte. Les voisins ont été alertés par leurs animaux domestiques en train de paître dans les champs des voisins. En poussant la porte, ils ont découvert les deux corps sans vie.
Les habitants de cette colline avaient refusé leur mise en bière avant l’arrivée des autorités administratives et policières lesquelles se sont rendues sur terrain le lendemain. Selon les voisins, ce couple avait un différend foncier avec un membre de la famille du nom de Côme Ngendakumana. Ce dernier menaçait de les tuer pour s’approprier leur propriété, car ils n’avaient pas d’enfants. Côme Ngendakumana a été arrêté par la police et incarcéré dans les cachots du commissariat de police de Ruyigi.

Signalons que la police vient d’arrêter un homme soupçonné d’avoir décapité, avec des complices, Lazare Magisye et son fils de 21 ans, Jérôme Ndayishimiye, le 7 septembre 2013 à 10 h à Nyakabanda, colline Ruyigi rural en commune Ruyigi. Le mobile de ce double meurtre étant toujours un conflit foncier.