Vendredi 26 avril 2024

Économie

CSLP II : l’un s’alarme, l’autre tempère

La controverse enfle entre l’association Parole et Action pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentaliés (Parcem) et le gouvernement autour de l’appréciation de la mise en œuvre du cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP II).

Faustin Ndikumana ©Iwacu
Faustin Ndikumana ©Iwacu

Ce lundi 15 décembre, Faustin Ndikumana, directeur exécutif de Parcem, demande aux cadres de l’administration, en tête les ministres de « rendre leur tablier ». Et pour cause, « à une année avant l’expiration du CSLPII, Parcem constate que sa mise en application a été un échec ».

Au fait, c’est le gouvenement lui-même qui donne le fouet à Parcem. Ce bâton est le « Rapport de Suivi des Engagements des Conférences de Genève et Sectorielles ». C’est un document élaboré par le secrétariat permanent du Comité National de Coordination des Aides (CNCA), un service de la Deuxième vice-présidence de la République.

Les chiffres de la controverse
Actuellement les besoins totaux du CSLPII sont estimés à 6.728.404.078USD et les disponibilités à 1.962.648.653 USD, c’est-à-dire un gap de 4.753.783.168 USD, soit 71%.
L’axe de croissance a un gap de financement de 78%. Les secteurs clés comme l’agriculture, le secteur privé, l’énergie et mines accusent un gap respectivement de 60%, 83% et 97%.
Actuellement le CNCA engrange 7 millions USD d’investissements directs étrangers contre 107 millions USD pour le Rwanda.
(Source : un document de Parcem)

Selon Faustin Ndikumana, ce rapport constate « l’incompétence des autorités dirigeantes du pays » car le CNCA déplore « le déficit des capacités institutionnelles et de leadership. » Et de poursuivre : « Il a été démontré que les ministères sectoriels ont du mal à cadrer leurs besoins et de les entrer dans les plafonds des dépenses prévisionnelles définies par le cadrage budgétaire du CSLPII ». La conséquence ? « Les ministères ont des difficultés à assurer une planification cohérente et de définir les priorités », cite toujours le directeur exécutif de Parcem.

Comme dernier argument tiré du rapport, M. Ndikumana rappelle au moins cinq engagements du Burundi pris comme conditionalités des partenaires techniques et financiers. Il s’agit notamment du respect et de la promotion des libertés fondamentales et des garanties des droits individuels. Ces engagements n’ont pas été respectés par le gouvernement, constate M. Ndikumana.

Levée de bouclier du CNCA

Pamphile Muderega ©Iwacu
Pamphile Muderega ©Iwacu

Le lendemain, Pamphile Muderega, secrétaire permanent du CNCA, parle de la malhonnêteté intellectuelle de M. Ndikumana : « Le président de Parcem extrapole des phrases du rapport, mais en les retranchant du contexte. »
Il martèle que les chiffres qu’exploite M. Ndikumana sont de 2013, c’est -à-dire qu’ils couvrent deux ans de mise en application du CSLPII au lieu de quatre ans. Bien plus, selon M. Muderega, le programme expire en 2016 et non en 2015 comme prétend M. Ndikumana. Et de se glorifier qu’à la fin d’octobre 2014, les partenaires techniques et financiers avaient déjà fait des engagements s’élevant à 2,4 milliards USD sur une promesse de 3 milliards, soit 79,1%. « Parcem parle pourtant d’une promesse de 6.7 milliards », déplore M. Muderega.

Le CSLPII (2ème génération) un document qui trace les orientations stratégiques et les choix macroéconomiques judicieux pour tirer le Burundi de la pauvreté endémique. C’est un document de mobilisation des fonds. A travers ce document, le Burundi devrait exprimer les besoins concrets nécessitant des appuis directs pour des résultats tangibles.

Le secrétaire permanent du CNCA ne se fait pas de souci pour le décaissement des fonds d’appui-budgétaire (20% du CSLPII) encore moins des fonds dits « appui-projets ». Et d’affirmer en guise de conclusion qu’à la fin de sa mise en oeuvre, le CSLPII sera amplement financé.

Au sujet de la démission du gouvernement et des cadres de l’Etat que demande la Parcem, M. Muderega propose plutôt le renforcement des capacités.

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. BUSORONGO

    La demission volontaire ou pas de certains ministres s’impose.
    Celui de l’agriculture vient en premier lieu. Ce ministre parait ne pas comprendre la place de l’agriculture dans un pays comme le notre. Plusieurs annees consencutif ce ministere n’a pas pu utilise son budget en totalite et des fois le tiers voir plus de la moitie restait sans engagement.
    Suivent les deux ministres en charge de l’enseignement. Ici on a pas besoin d’etre opposant pour remarquer leur incompetence notoire. Comment se fait il qu’ils n’ont pratiquement rien a presenter comme bilan. On est a la fin de l’annee et je pense que c’est l’une des periodes les plus redoutees de ces deux ministres a cause des bilans.
    Le ministre de la defense nationale devrait se ressaisir ou deposer le teblier. Il est vrai que la transparence est une des pillier de la democratie mais pas celui qu’il fait au sein de l’armee. La cohesion et la discipline de la FDN commencerent a se fissuler a son arrive. Certain militaire s’adonnent deja au banditisme. Si Pierre Claver Mponimpa s’est permis d’accuser l’armee de former une milice c’est que les failles existaient deja. Souvenez vous de ce politicien qui accusant l’armee de commettre un genocide sans preuve apres les elections de 2010. Il a ete poursuivi directement en justice car la FDN se respectait et se faisait respecter encore.
    Le porte flambeau reste egal a lui meme. Heureusement que le Burundi est peuple en majorite par les croyants. On y vit grace a la bonte de Dieu seulement. il y a eu manque de sans mais ce ministre a categoriquement nie les morts, consequences de cette penurie. Il est tellement egoiste que meme le secretaire permenant prefere s’effacer au profit de ce dernier. Les fournisseurs de services de ce ministere en savent quelque chose. Sans confirmer je crois que meme l’attaque a son domicile etait un avertissement de ceux a qui il a fait du mal.

  2. Joseph Ndarusanze

    Dans ma déclaration du 29-30 octobre 2012 au cours de la table ronde de Genève, je vous ai montré ce qu’il fallait faire d’au moins 10% de ces aides pour permettre au Burundi de sortir le Burundi de cette pauvreté endémique. Vous n’avez pas tenu compte de la pertinence de ma déclaration et c’est une des raisons de l’échec du CSLPII., Monsieur Pamphile Muderega.

  3. roza kamikazi

    Ariko abantu bo muri cndd .fdd mwararozwe, none niyo umuntu avuze vyo muca muvuga ko abesha, none uravye aho igihugu cacu kigeze ugira uvuge ko vyose ari ok, iraramire miriyo ntebe urye unywe ico ushaka wibere umuzungu nayo twebwe abagowe twibandanmirize mubukene erega ntiwovugana indya mukanwa pamphile.

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