Dimanche 28 avril 2024

Archives

Aides : 2011, ça va encore

22/06/2011 Commentaires fermés sur Aides : 2011, ça va encore

La hausse du coût de la vie serait due à un tour de vis du gouvernement en mal d’aides. Pas tellement faux, car les prévisions budgétaires pour 2011 sont trop confiantes, selon des diplomates à Bujumbura…

Si l’on vous demande quelles sont les principales formes de financement du budget de l’État burundais, sans trop vous tromper, citez trois voies : l’Office Burundais des Recettes, les dons en projets et l’aide bilatérale. Sur les mille milliards de Fbu prévus comme charges dans le budget général de l’État de 2011, l’OBR projette d’apporter 450 milliards de Fbu. Pour les dons en projets, l’État burundais prévoit 282,2 milliards de Fbu de différents bailleurs (Union Européenne, Belgique, Royaume-Uni, France, Japon, Banque Africaine de Développement, Pays-Bas, Suisse Allemagne, …). Quant à l’aide bilatérale, le gouvernement burundais s’attend à recevoir 186,9 milliards de Fbu, dont 83,9 milliards comme décaissements des promesses budgétisées pour 2010. Ce qui porte à 103 milliards de Fbu de dons directs les projections du ministère des Finances… Ces promesses seront-elles tenues ?

Pour ce qui est de l’OBR, que ce soit au niveau de l’État ou des bailleurs bilatéraux, grosse confiance: « Il n’y a pas de raisons de croire que les projections de l’Office ne soient pas atteints », souligne un diplomate en poste à Bujumbura. Pour les dons en projets, début juin « les promesses étaient loin d’être concrétisées, même si certains bailleurs comme la Banque Mondiale ont donné ce qui qu’ils avaient promis en 2010 », précise Emile Nimpaye, du Comité national de coordination des aides, qui se veut optimiste.

Pour l’aide budgétaire générale, trois acteurs interviennent : l’Union Européenne, la Banque Mondiale et la Banque Africaine de Développement, auxquelles s’ajoutent les Pays-Bas qui paieront 10 millions $ comme arriérés de salaires de 2010. L’UE s’est engagée par exemple pour 2011 à décaisser 14 millions d’Euros, soit plus de 22 milliards de Fbu (5% du budget), l’autre axe important de financement étant les 19,8 milliards de Fbu prévus pour le Fonds Commun de l’Éducation (dons de la France, de la Belgique et du Royaume-Uni). Plus généralement, autant pour l’aide budgétaire que pour les projets, « les projections prévues pour le budget 2011 sont au delà de ce qui va être effectivement décaissé », souligne un diplomate en poste à Bujumbura.

Pour les projections à plus long terme des contributions des bailleurs, prudence : financer les activités du gouvernement burundais reste lié à la conjoncture interne des pays donateurs et à la perception dont on se fait du Burundi en matière de corruption. Avec des gouvernements européens qui doivent gérer crises d’emploi, déficits publiques et aides à des nations-soeurs en détresse comme la Grèce; il devient de plus en plus dur de convaincre les députés du Nord de donner de l’argent aux pays du Sud sans garantie que l’aide accordée sera effectivement utilisée pour les objectifs annoncés…
Même si certains pays gardent l’enthousiasme pour soutenir le Burundi,[ comme la Belgique->http://www.iwacu-burundi.org/old/index.php?option=com_content&view=article&id=2691]. Là aussi, la prudence s’impose. Ainsi, pour décaisser les 50 millions d’Euros supplémentaires promis, certaines conditionnalités avaient été posées. Il faudrait entre autres, d’ici quelques mois, prouver le début de la mise en œuvre du Plan stratégique de bonne gouvernance, en publiant notamment l’audit de l’Autorité de Réglementation des Marchés Publics. Un document finalisé depuis belle lurette mais qui dort dans certains tiroirs…

L’importance de l’image…

Le 2ème vice-président a créé des Commissions chargées de plancher sur les indicateurs internationaux de corruption au Burundi, afin de modifier la perception du pays à l’étranger. Initiative très appréciée dans les milieux diplomatiques. Mais certains faits brouillent cet engagement qui s’inscrit dans l’esprit de la ‘tolérance zéro’. « Comment interpréter qu’une personne qui a signé un contrat illégal de 500 millions $ pour le compte de l’État burundais se retrouve promu Conseiller principal du Président chargé des questions économiques? », s’interrogent deux diplomates. D’autant plus, continuent-ils, que certains signes de crispation envers cette emblématique lutte contre la corruption soulignée à longueur de journées se font sentir. En témoigne l’attitude du gouvernement envers l’Olucome : « Si cette ONG perdait sa reconnaissance, cela coûterait énormément au pays » souligne-t-on dans les couloirs d’une importante ambassade à Bujumbura.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Le Burundi confronté à une question de survie

Quatre enfants sont morts dans l’ effondrement d’une maison dans la zone Ntamba, commune Musigati, un enfant de trois ans est mort, plus de 300 maisons détruites  après un éboulement sur la colline Gabaniro, commune Muhuta, plus de cinq cents (…)

Online Users

Total 5 277 users online