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SNR : le contenu du rapport qui pointe l’OBR et la 2ème vice-présidence

05/05/2013 Commentaires fermés sur SNR : le contenu du rapport qui pointe l’OBR et la 2ème vice-présidence

Un rapport « confidentiel » du SNR, approuvé par la présidence, vise à protéger un groupe de corrompus et corrupteurs et à déstabiliser les institutions, selon l’Olucome. Rien d’alarmant, d’après la présidence.

<doc4154|right>« Les dirigeants de l’OBR, ses bailleurs, ses consultants, de connivence avec la 2ème vice-présidence du Burundi sont hostiles aux intérêts du pouvoir en place », annonce le président de lOlucome, Gabriel Rufyiri, citant un rapport du Service National des Renseignements (SNR). Ce rapport sorti, le 15 mai, et confirmé par le cabinet civil du président de la République, Alain Guillaume Bunyoni, fait état du dysfonctionnement grave au sein de l’Office Burundais des Recettes (OBR).  Selon Rufyiri, la présidence de la République s’est rangée aux côtés du SNR, alors que la 2ème vice-présidence est accusée de complicité avec l’OBR. Alain Guillaume Bunyoni a mis en place une commission d’analyse, le 21 mai, qui rendra ses conclusions avant le 10 juin.

D’après toujours le président de l’Olucome, parmi ceux qui ont écrit le rapport du SNR figure le D.G de l’Onatel. « Travaille-t-il pour les deux services à la fois ? », s’interroge M.Rufyiri. Selon lui, ils veulent changer les lois de l’OBR pour mettre en place des instruments qui les autoriseraient à amener des marchandises sans payer les droits de douane. « Ils veulent aussi brouiller l’audit de la douane prévu, très prochainement, qui vise à vérifier les entrées illégales des marchandises par un groupe de commerçants. Certaines autorités ont créé des sociétés fantoches, d’autres sont protégées par le parti au pouvoir, afin d’échapper aux impôts et taxes. »

Selon Gabriel Rufyiri, le rapport a été commandité par la présidence de la République, mais exécuté par le SNR. Il ajoute que la commission mise en place par le chef de cabinet civil du président a un mandat précis : « Elle va exploiter le rapport pour corriger les défaillances identifiées, avant le 10 juin. » De même, selon le résumé du rapport cité par Rufyiri, la présidence affirme que le rapport est fiable à 95%.

De graves accusations

Le président de l’Olucome estime que le rapport n’est pas normal pour plusieurs raisons : « Il mentionne que la 2ème vice-présidence contourne et sabote le ministre des Finances. Il s’attaque aux bailleurs, consultants et dirigeants de l’OBR et évoque l’espionnage économique par trois pays. » En outre, le rapport dit, selon M. Rufyiri, que les dirigeants de l’OBR ont une attitude dangereuse, car ils ont convaincu la 2ème vice-présidence de chasser 7 de ses employés d’ethnie hutu.

« Le SNR demande aussi d’analyser à la loupe toutes les décisions prises par les dirigeants de l’OBR, tous leurs mouvements et ceux de leurs partenaires », précise-t-il. Si l’on en croit les dires du président de l’Olucome, d’après le rapport du SNR, les autorités du pays doivent démettre, dans les plus brefs délais, le conseil d’administration de l’OBR. Enfin, souligne-t-il, le rapport a même proposé les noms des trois directeurs qui seront prochainement, recrutés à l’OBR.

D’après toujours ce rapport, affirme Gabriel Rufyiri, le commissaire général de l’OBR emploierait des agents des services secrets rwandais pour « espionnage économique ». Une accusation qui, d’après Rufyiri, risque d’entacher les relations entre le Rwanda et le Burundi. Et d’ajouter que le rapport fait état d’injonctions que les membres de l’ADC-Ikibiri (partis de l’opposition) édicteraient aux dirigeants de l’OBR.

<doc4158|left>« C’est l’œuvre d’un groupe de corrompus »

Gabriel Rufyiri ne mâche pas ses mots, après avoir analysé le contenu de ce rapport : « Je constate de nouveau qu’il s’agit d’un groupe de corrompus qui désire avoir une mainmise sur l’OBR. » L’objectif, selon lui, étant de chercher à avoir des facilités lors de la recherche des exonérations illégales, la fraude fiscale ainsi que la commercialisation déloyale des ressources naturelles comme les minerais.

« L’OBR et la 2ème vice-présidence, qui subissent des menaces, avaient tout fait pour empêché ce groupe de présumés corrompus de ne pas s’adonner à l’évasion fiscale de toute forme », rappelle Gabriel Rufyiri. Ce qui a, assure-t-il, en conjugaison avec d’autres stratégies, permis à l’OBR d’augmenter les recettes de l’Etat, passant de plus de 184 milliards Fbu en 2007 à plus de 525 milliards Fbu en 2012. Contacté, le porte-parole du SNR s’est refusé à tout commentaire à propos.

« Attendons les résultats de l’analyse de la commission »

« Le président de la République aime demander des propositions aux gens, les reçois et les donne à des équipes pour une analyse profonde », explique son porte-parole, Léonidas Hatungimana. Comme c’est régulièrement fait dans tous les secteurs de la vie nationale, précise Hatungimana, le SNR produit une note sur ce qu’il considère comme une insuffisance dans le fonctionnement de l’OBR. « Le président de la République a lu attentivement la note et a instruit son chef de cabinet de mettre sur pied une équipe afin de passer à une analyse profonde qui corrigera d’éventuelles défaillances », signale-t-il. Léonidas Hatungimana ajoute : « Comme les humains sont faillibles, il attend l’analyse qu’il a déjà commanditée. »
Pour les relations avec le Rwanda, Hatungimana précise : « Attendons cette analyse pour savoir si tel ou tel autre Rwandais travaillant pour l’OBR, est à la solde des services secrets de son pays. » Quant au but qui serait poursuivi par ce rapport, le porte-parole du président demande de ne pas prêter des intentions au SNR.

Concernant le directeur général de l’Office National des Télécommunications (Onatel) cité dans la rédaction de ce rapport, M.Hatungimana tranquilise : « Si le D.G de l’Onatel a été un des informateurs du SNR, cela ne doit pas causer de l’indigestion à quiconque. Mais à notre connaissance, le DG de l’Onatel ne travaille pas dans le SNR. » Enfin, à ceux soutiennent que le rapport vise à modifier les lois de l’OBR, M. Hatungimana rétorque : « Ils doivent savoir que ces dernières ne sont jamais statiques, mais dynamiques ».
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{ Les membres de la commission et ceux qui ont effectué le rapport
Cette commission mise en place par la présidence de la République est présidée par Jean Bosco Ndikumana, chef de cabinet civil adjoint du président de la République et ex-ministre de la justice. Quatre autres membres de cette commission sont Pascal Barandagiye (ministre de la Justice), Tabu Abdallah Manirakiza (ministre des Finances), Saïdi Kibeya, (coordinateur du bureau stratégique à la présidence) et Pierre Mupira (conseiller principal chargé des questions économiques.) Et le rapport a été effectué, selon Gabriel Rufyiri, par Agricole Ntirampeba et Télésphore Bigirimana, respectivement chef de cabinet et porte-parole du SNR, ainsi que Donatien Ndayishimiye, directeur général de l’Onatel. }

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