Par Gervais Muja
Je vous le dis tout de suite : il y a une faille dans le débat et les déclarations houleux actuellement engagés sur le rapport Diène sur les droits de l’homme au Burundi. Une faille qu’on détecte facilement quand on pose cette simple question aux Burundais : avez-vous lu tout ou partie de ce rapport ? Vous pouvez me croire, la réponse est décevante : très peu de gens l’ont lu. Si vous avez des doutes, vérifiez vous-même en posant la question autour de vous (surtout au Burundi) et vous verrez que le constat est sans appel. C’est quand même plus de 270 pages, assez dissuasif pour un peuple qui n’aime pas beaucoup « gusoma » (lire un livre), mais aime bien « gusoma » (boire une bière). Cela signifie que pendant que tout le monde – intellectuels et paysans – a son avis sur le rapport, le texte sur lequel repose la question reste un objet écrit non identifié.
Alors des questions bizarres : comment expliquer que les gens débattent et descendent manifester par milliers contre un rapport qui leur est inconnu ? Parce qu’ils ont confiance aux autorités qui leur demandent de rejeter le rapport ? Peut-être. Mais vous, l’avez-vous lu ? Si oui on en discute, et vous verrez que tout n’est pas faux, mais que non plus tout n’est pas vrai. Il en va de même pour tous les rapports sur les questions sensibles. Mais si vous ne l’avez pas lu, la discussion est sans objet. Il faut céder la place aux manipulateurs.
Commentaire
Excellent clin d’œil de ce lecteur ! Oui, par paresse intellectuelle, les Burundais lisent peu, par calcul politicien, les textes fondamentaux ne sont pas vulgarisés, souvenez-vous de la nouvelle Constitution. A quelques jours du vote, il n’était même pas sur le site de la CENI ! Iwacu s’en était ému. Les exemples de ces textes que l’on rejette sans connaître le contenu sont nombreux. Question : à qui cela profite ?
Antoine Kaburahe
Directeur des publications
Iwacu
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