L’ONG Eirene organisait de ce 6 au 11 juin une formation à l’intention des journalistes venus du Rwanda, du Burundi et de la RDC. Un rappel : au délà des principes, le métier évolue dans un contexte difficile…
« Le journaliste ne fait pas de la communication gouvernementale ! » Ou encore : « Le langage politique a toujours besoin d’être décodé ». Ces principes de base du journalisme sont rappelés par Esdras Ndikumana, correspondant de la RFI qui s’exprime devant une douzaine de journalistes de la sous-région réunis pour six jours dans le projet « Pigistes ». Sa coordinatrice, Bettina Haasen, une ancienne journaliste allemande cite les médias présents : la Radio Publique Africaine (Burundi), de la Radio Maendeleo (RDC) et de la Radio Izuba (Rwanda). Le rôle du journaliste, comment collecter et traiter l’information, exercices pratiques, … de quoi faire dire à Eléonore (3 ans à la RPA) qu’elle redécouvre son métier. « Le fait même que nous ayons des organes de presse avec des lignes éditoriales différentes permet aux journalistes réunis de croiser leurs regards sur leur métier », explique Haasen. D’autant plus que certains des participants sont presque des novices dans l’expérience, avec 3 mois au compteur comme journaliste. Entre-temps, Esdras continue : « Il faut bien se préparer aux sujets d’une conférence de presse, sinon vous risquez d’y aller pour juste tendre le micro! »…
Le journalisme, un métier transitoire
Désiré Niyondiko, un des formateurs, journaliste intermittent à la Radio Isanganiro et ancien du studio Ijambo travaille depuis plus de cinq ans dans des réseaux médiatiques des pays des Grands Lacs. Il rappelle que la plupart des rédactions sont composées de jeunes journalistes (la moyenne d’âge des participants à la formation est autour de 25 ans…) qui sont d’ailleurs peu préparés aux contraintes du métier. « Gérer une rédaction de quatre personnes n’est pas chose aisée du tout : tel journaliste couvrira telle conférence de presse selon la disponibilité, très souvent sans connaissances préalables du sujet évoqué », indique Désiré. Ce qui altère souvent la qualité de l’information publiée.
Cet état est aggravé par le fait que « le journalisme est assimilé à une formation transitoire. Conséquence : les rédactions recrutent régulièrement pour remplacer ceux qui partent, et les formations de journalistes se répètent à l’infini, et la qualité du travail est toujours à réinventer… », observe-t-il.
Evoluant dans des contextes économiques très difficiles, la plupart des radios de la sous-région peinent à s’imposer une constante professionnalisation. Ainsi, Désiré Niyondiko cite des radios de Bukavu qui ne traitent que des ateliers, car « on doit survivre! » Par ailleurs, « la censure et même l’auto-censure par exemple chez nos confrères rwandais fait que l’audimat reconnaisse difficilement le travail abattu ».
Quelle suite ?
Après cette formation de six jours financée par l’ONG allemande Eirene et la Coopération Suisse, « nous allons sélectionner de nouveaux stagiaires qui travailleront en premier temps dans leurs rédactions respectives, pour migrer par après pendant trois mois dans une radio proche soit à Bukabu (Radio Maendeleo), Bujumbura (RPA) ou Kibungo (Radio Izuba) », précise Bettina Haasen.
