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Le rêve fracassé de Yannick, un étudiant burundais victime de racisme en Inde

05/05/2013 Commentaires fermés sur Le rêve fracassé de Yannick, un étudiant burundais victime de racisme en Inde

Yannick Nihangaza est entre la vie et la mort. Étudiant en informatique dans une université indienne, il a été grièvement blessé par de jeunes indiens. Ses parents demandent de l’aide.

<doc4383|right>Envoyez son enfant étudier à l’étranger, dans l’espoir de lui permettre d’accéder à un meilleur enseignement et lui ouvrir d’autres horizons, c’est le rêve de nombreux parents. C’était le rêve de la famille Ntibateganya. Les parents, qui ne sont pas riches, s’étaient saignés les veines pour envoyer le deuxième enfant, Yannick, à Lovely Professional University, dans l’Etat de Punjab en Inde. Le jeune Yannick veut devenir informaticien. Son rêve, qui est aussi celui de ses parents, a été fracassé, comme son cerveau le 21 avril à 23 heures.

La mère de Yannick, sous l’émotion ne parvient pas à retenir ses larmes. C’est une maman détruite, fatiguée. Il est visible qu’elle ne dort plus, depuis cette nuit où un inconnu frappe chez eux et demande à leur parler. « Mon mari et moi nous étions déjà au lit, il était presque 23 heures », se souvient la pauvre maman. » Le visiteur nocturne leur dit que son fils étudie en Inde avec Yannick. Il vient d’appeler et a demandé à son papa de transmettre la terrible nouvelle : Yannick a été agressé et se trouve dans un état grave. La tragédie commence pour la famille Ntibateganya.

Le drame se passe le 21 avril vers 23 heures dans la ville de Jalandhar dans l’Etat de Punjab. Plusieurs jeunes sont invités à une fête d’anniversaire d’un étudiant ressortissant de la République Démocratique du Congo. Mervine-Amose Ishimwe, présidente de la communauté des étudiants burundais de cette université, se rappelle clairement : « Un Congolais invité à la même fête a surgi et a dit à ceux qui se trouvaient à l’intérieur de fermer le portail à clé car il était poursuivi par un groupe d’indiens. »

Yannick Nihangaza, invité aussi, sans se douter de rien, arrive sur le lieu de la fête. Il tombe sur le groupe d’indiens. A défaut du Congolais, les Indiens se déchaînent sur le jeune burundais, le tabassent et le laissent pour mort devant l’entrée du portail. A l’intérieur, personne ne se doute du drame qui se joue devant le portail fermé.

C’est un autre groupe de jeunes conviés à la même fête qui le trouvent et donnent l’alerte. « C’est en voyant des chaussures par terre qu’un Rwandais nous a alerté », se souvient Mervine-Amose Ishimwe. « Lorsque nous l’avons trouvé, il était dans une marre de sang, la tête fracassée. Ceux qui l’ont agressé, voulait tout simplement le tuer », raconte encore la jeune étudiante, traumatisée.

« Personne ne sait s’il recouvrera l’usage de ses membres »

Les amis de Yannick l’amènent alors au Medical College, un hôpital situé à 10 minutes du lieu de la fête, pour les premiers soins. Après un scanner, les médecins constatent une hémorragie crânienne et, faute d’un médecin spécialisé, décident un transfert vers un autre hôpital plus équipé. Quelques étudiants amis cotisent et payent les soins. « Quand nous sommes allés le voir après ces opérations, son visage était tuméfié. Il comprenait ce qu’on lui disait et bougeait même les doigts. Des larmes coulaient sur son visage. Après il est tombé dans le coma », témoigne encore une fois, Mervine, au bord des larmes.

Le 28 avril 2012, avant son départ pour l’Inde, le père de Yannick apprend que le cerveau du jeune homme a été sérieusement touché et les médecins demandent l’accord des parents pour tenter une délicate opération. Les parents, sous le choc, acceptent que les « médecins fassent tout ce qu’ils peuvent pour sauver leur enfant. »

Leur fils est transféré dans la ville de Patiara au Colombia Asia Hospital où preste un spécialiste des traumatismes crâniens. L’opération dure neuf heures. Les médecins pronostiquent un réveil dans 72 heures. Mais, depuis, le jeune homme est dans le coma : « Personne ne sait s’il recouvrera l’usage de ses membres », confie péniblement la mère.

<doc4385|left>Qui a agressé Yannick

Dès le lendemain de l’agression, la police indienne est arrivée sur les lieux. Après quelques interrogatoires, ils ont arrêté quelques jeunes indiens dont un, parmi les suspects, est accusé d’avoir tué son compatriote dans une fête traditionnelle. Entretemps, les amis de Yannick Nihangaza, disposent de preuves (comme la marque de la voiture de ces criminels et une vidéo). Ils ont déposé une plainte. Informé, l’ambassadeur du Burundi en Inde, M. Rubuka, suit l’affaire. Il a fait 600 kilomètres pour se rendre au chevet de la victime. « Il est aussi allé accueillir mon mari à l’aéroport », indique la mère de Yannick, reconnaissante.

Yannick, un garçon attachant

Yannick Nihangaza est né le 30 août 1988. Il est le deuxième d’une famille de trois enfants. Il commence ses études à l’école Michel Arc Ange, puis au Lycée Vugizo et enfin au petit séminaire de Buta avant d’aller à Itélétique. Il a une passion pour l’informatique. C’est elle qui le conduira en Inde. Yannick veut devenir informaticien. Ses amis sont unanimes : c’est un garçon très gentil, ouvert et accueillant. « C’est lui qui m’a trouvé la maison où j’habite en Inde à mon arrivé », indique P.M., son ami étudiant actuellement en vacances à Bujumbura.

Sa famille, sous le choc, indique que même si le coût des études est élevé, elle avait voulu donner à ce garçon attachant et aimant, l’occasion de faire ce qu’il aime. Philomène, une voisine, raconte que Yannick s’occupait gentiment de ses enfants quand elle était absente. La maman est inconsolable.

Un geste pour Yannick

Beaucoup de parents font tout pour envoyer leurs enfants étudier hors du pays. Ce qui est arrivé à Yannick aurait pu arriver à n’importe quel jeune à l’étranger. La facture des soins est taxée à l’heure. Des sources proches de l’hôpital confient qu’elle pourrait dépasser plusieurs milliers des dollars. Les parents de Yannick sont complètement dépassés. Au drame qui les frappe s’ajoute l’impossibilité de faire face aux honoraires de l’hôpital. Monsieur Ntibateganya, ancien cadre au SCEP, ne travaille plus. Sa mère est employée à la Regideso.
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Un compte en devise et en franc burundais est disponible. Voici les références :
INTERBANK
USD :  701-79884-02-87 | IBAN : BI697010798840287  | swift : IBBUBIBI
BIF :701-79884-01-86
Toute personne sensible à cette tragédie peut faire un geste. Vous pouvez aussi envoyer un message de soutien à son père, Nestor Ntibateganya, au chevet de son fils en Inde.
E-mail: [email protected]
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