Jeudi 10 octobre 2024

Économie

Carence des produits Brarudi : « Faute de grives, on mange des merles »

13/05/2024 4
Carence des produits Brarudi : « Faute de grives, on mange des merles »
Ce consommateur affirme prendre Sapor faute du petit Primus

En ces périodes de carence critique des produits Brarudi, certains consommateurs ne peuvent pas se passer de la bière. Ils font recours à des altératives qui risquent d’être moins saines et plus dangereuses. L’Association burundaise des consommateurs leur demande de s’abstenir.

« Maintenant, je préfère le Sapor. Avant, je prenais du petit Primus. Deux, 3 ou 4 bouteilles et cela était très bien », a raconté le mercredi 8 mai 2024 vers 13 h 00 un consommateur de Sapor croisé au quartier INSS en zone urbaine de Rohero en commune urbaine de Mukaza. Une bouteille en plastique de Sapor dans sa main droite, il a fait savoir qu’il n’a pas encore trouvé de danger avec ce vin.

Les vins en plastique les plus prisés en ces périodes de carence des produits Brarudi sont surtout Sapor, Susuruka et Savana qui ont au moins 16 % d’alcool. Ils se trouvent sur presque toutes les lèvres à Bujumbura.

Des gens se cachent encore

Le lundi 6 mai 2024, dans une des boutiques de la première avenue au quartier Gasebukeye I en zone urbaine de Musaga, vers 19 h 00, un client arrive et commande la boisson dénommée Sapor.

Il la met dans sa poche et part. L’homme paraît chic alors que, d’habitude, ces boissons en plastique sont plus recherchées par des personnes qui mènent une vie très modeste et qui ont peu de moyens.

D’après le boutiquier, l’homme est un client voisin qui préférait la bière Amstel avant la carence des produits Brarudi. Notre source qui exerce tout près du lycée municipal de Musaga confie que depuis la pénurie des produits Brarudi, le commerce de sa marchandise Sapor est florissant. « Un paquet de 24 bouteilles en plastique est écoulé facilement en moins d’une semaine », témoigne-t-elle.

Donc, un bénéfice de 8 000 francs burundais est facilement enregistré, car le paquet acheté à 40 000 FBu est détaillé à 2 000 FBu par bouteille, c’est-à-dire à 48 000 FBu. Il se réjouit que les clients de Sapor et d’autres boissons alcoolisées en plastique paient cash. « Ce n’est pas comme les bières de la Brarudi qui sont chères et où un client peut boire à crédit pour payer le lendemain. » Et de faire remarquer qu’« il n’y a même pas de risque de perdre des bouteilles comme tel est le cas pour les produits de la Brarudi. »

Non loin de la boutique, on trouve une autre boutique. Un groupe de gens est assis sur un banc. Deux ingurgitent du Sapor et le déposent sur le sol entre les pieds. Selon le détenteur de la boutique, ces personnes se sont retournées ces derniers temps vers ce genre de vin en plastique qui sont en vogue dans toutes les boutiques et facilement accessibles. « Si ce n’est pas du Sapor, c’est du kick. Ils se partagent une bouteille du kick mélangé avec du Fanta et échangent autour. »

Différentes sources confient que beaucoup de personnes préfèrent prendre ces vins en plastique à la maison pour ne pas être vus. « Les nouveaux consommateurs en ont honte. Mais, si la pénurie des boissons Brarudi perdure, ils finiront par assumer », disent-elles.

C’est le cas de J. N., père de famille qui habite à Mutakura. Cet amoureux de l’Amstel prend pour le moment Sapor. Il affirme qu’il achète au moins une bouteille par jour et rentre avec à la maison. S’il veut échanger avec des amis, il la consomme à l’aide d’un verre, toujours pour ne pas montrer qu’il prend une liqueur très alcoolisée.

Faut-il peut-être souligner que ces boissons sont presque partout dans les différentes boutiques des quartiers de la ville de Bujumbura. Les bouteilles utilisées sont jetées ici et là dans la rue, un signe tangible qu’elles sont très consommées ces derniers temps.

La bière traditionnelle reconsidérée

D’autres amateurs de boissons se sont tournés vers la bière traditionnelle à laquelle leur organisme n’était pas habitué. Le prénommé Pascal, habitant à Nyakabiga témoigne par exemple qu’il achète aujourd’hui de la bière de banane à 2 000 FBu.

Comme pour Sapor et d’autres liqueurs, il préfère la transporter à la maison de peur d’être vu par ses amis. En tout cas, l’engouement pour la bière de banane n’est plus à démontrer non plus.

Le dimanche 5 mai 2024, au bistrot de vin de banane du Petit séminaire de Kanyosha, le vin de première qualité dit « Isongo » était terminé avant la soirée alors que quand les produits Brarudi sont disponibles à Bujumbura, il se vend jusqu’à 21 h 00.

Une vendeuse a souligné que ce genre de vin est beaucoup plus recherché ces derniers temps et est vendu à 5 000 FBu la bouteille. « Il y a un engouement, surtout les week-ends. Tu ne peux pas le trouver au-delà de 15 h 00. » Lors de notre passage, les clients se succédaient lors de cette journée dominicale sans rien trouver et certains se rebattaient alors sur le vin de dernière qualité « Urwarwa » à 2 000 FBu la bouteille.

Des morts déjà enregistrées

L’excès dans la prise de ces boissons de substitution emporte des vies. Surtout le Sapor. En effet, une mort est déjà signalée en province de Cibitoke le mardi 7 mai 2024 alors qu’une autre personne est morte fin avril 2024 à Gatumba en province de Bujumbura selon des sources fiables.

Severin Sindayikengera, directeur général du Bureau burundais de normalisation et de contrôle de la qualité, BBN, a toujours communiqué sur la consommation des produits pas très sains.

Dans une vidéo qu’il a partagée avec Iwacu, il demande aux producteurs et aux consommateurs de boissons dangereuses de se ressaisir. Il révèle de surcroit que des échantillonnages et des analyses sont en train d’être faits au BBN afin que le bureau puisse remplir sa mission de contrôle.

L’Association burundaise des consommateurs, Abuco, conseille aux consommateurs d’être vigilants et de ne pas prendre n’importe quelle boisson tout en privilégiant l’eau.

La Brarudi priée de communiquer

Pierre Nduwayo, le président de l’Abuco critique également le silence de la Brarudi. Il estime que cette entreprise dont les produits sont plus qu’aimés par les Burundais et qui est un grand contribuable au Trésor public ne devrait pas rester silencieuse dans des périodes de pénurie de ses produits. « Cela est inquiétant. » En plus des conséquences immédiates de carence des produits Brarudi, l’Abuco craint d’autres conséquences plus graves en une année ou deux ans sur le Trésor public.

L’Abuco fonde ses inquiétudes sur le fait que la Brarudi est une entreprise qui appuie beaucoup dans d’autres secteurs de la vie nationale comme celui du sport. Pierre Nduwayo demande à la Brarudi de communiquer sur ses difficultés, surtout que c’est une société qui a des moyens de faire entendre sa voix.

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. D

    Essayé; c’est mieux je crois

  2. Kabingo dora

    Le proverbe correct est “ Faute de grives on se contente de merles “ . C’est presque la même chose mais il vaut mieux en le disant

    • D

      As-tu déjà essayer de manger des grives au Burundi? Wari guca uhabwa ivomo!

  3. Kibinakanwa

    Toute la population et les dirigeants barazi abakora izo « Sapor »
    Are you saying that those liquors ate not meeting legal standards???
    Jesus Christ

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