Samedi 14 juin 2025

Politique

Élections communales et législatives 2025 : l’aigle confirme sa suprématie

Élections communales et législatives 2025 : l’aigle confirme sa suprématie
Les résultats provisoires des élections législatives de 2025 ont été publiés mercredi 11 juin 2025

Les résultats provisoires des élections communales et législatives de 2025 ont été publiés au niveau national le 10 et le 11 juin, dévoilant un paysage politique largement dominé par le Conseil national pour la défense de la démocratie – Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD). Toutefois, cette victoire est déjà contestée par l’opposition, qui soulève des doutes sur la transparence du processus électoral.

Pour les élections communales, dans l’ensemble des cinq provinces, le CNDD-FDD s’est accaparé la quasi-totalité des sièges en jeu. À Buhumuza, le parti présidentiel a obtenu 168 sièges sur 175, laissant seulement 6 sièges à l’Union pour le progrès national (UPRONA) et un au Conseil national pour la liberté (CNL). Toutefois, des interrogations demeurent pour les résultats dans plusieurs communes, dont ceux de Gisuru, où le CNDD-FDD a remporté 100 % des suffrages, ce qui suscite des doutes sur le niveau réel d’abstention, même si le parti était le seul en lice dans cette circonscription.

À Bujumbura, la tendance reste identique. Le CNDD-FDD a décroché 272 sièges sur 275, ne concédant que 2 sièges à l’UPRONA et 1 siège au CNL. Ce résultat est jugé surprenant dans cette capitale économique, historiquement difficile pour le parti au pouvoir. Notamment dans la commune de Ntahangwa, où le CNDD-FDD a raflé l’ensemble des 25 sièges avec un score impressionnant de 97,29 %. Mukaza est la seule commune où le parti n’a pas remporté la totalité des sièges : il a dû céder deux sièges à l’UPRONA et un au CNL, se contentant ainsi de 22 sièges sur 25. Dans toutes les autres communes, y compris celles de Bujumbura rural, réputées traditionnellement hostiles au CNDD-FDD, le parti de l’Aigle a tout de même raflé la totalité des sièges disponibles, soit 25 par commune.

À Burunga, la victoire est également écrasante : le CNDD-FDD obtient 174 sièges, tandis que l’UPRONA et le CNL se partagent un siège chacun sur les 176 attribués. Même dans la commune de Matana, qui regroupe les anciennes communes de Mugamba et de Rutovu, longtemps considérées comme des bastions historiques du parti de Rwagasore, le CNDD-FDD a obtenu un score record de 96,46 %, un résultat inattendu qui a surpris jusqu’au secrétaire du parti au pouvoir.

Dans la province de Butanyerera, le CNDD-FDD réalise un carton plein en remportant les 200 sièges disponibles. L’UPRONA n’a même pas réussi à décrocher un seul siège dans la commune de Matongo, autrefois considérée comme un fief de ses partisans. À noter qu’un siège a été attribué par cooptation à un membre de la communauté Twa, portant le total à 201 sièges.

Enfin, à Gitega, considéré comme le fief historique du parti au pouvoir, le CNDD-FDD a remporté 217 sièges sur 225, laissant 7 sièges à l’UPRONA et un seul au CNL. Au total, pour ces élections communales, le CNDD-FDD s’impose avec 1 031 sièges sur 1 052 disponibles, contre 16 pour l’UPRONA et 4 pour le CNL.

Les législatives : l’Aigle rafle tout

Pour les élections législatives, sur les 111 sièges à pourvoir dont 8 sièges cooptés et 3 réservés à la communauté Twa, le CNDD-FDD a remporté la totalité des sièges électifs dans les cinq provinces concernées.

À Buhumuza, le parti présidentiel a décroché l’ensemble des 16 sièges disponibles. À Bujumbura, il s’est également adjugé les 23 sièges mis en jeu. À noter la candidature remarquée du célèbre rappeur Mukombozi, qui se présentait comme indépendant dans la circonscription de Bujumbura.
Malgré une campagne médiatisée, il n’a recueilli que 0,93 % des voix, loin des 40 % requis pour obtenir un siège à l’hémicycle de Kigobe. Il a cependant réussi l’exploit de devancer le parti UPRONA, qui n’a obtenu que 0,81 % des suffrages exprimés.

Dans la province de Burunga, le CNDD-FDD s’est vu attribuer l’ensemble des 17 sièges. La même tendance s’observe à Butanyerera, où les 23 sièges en jeu ont également été remportés par le parti au pouvoir. Enfin, à Gitega, le fief historique du CNDD-FDD, les 21 sièges ont été raflés sans partage.

Les résultats provisoires des législatives du 5 juin ont été proclamés par la CENI ce mercredi 11 juin, en présence du corps diplomatique, de hauts dignitaires et de cadres du pays. Les principaux partis d’opposition, dont l’UPRONA, le CNL et la coalition Burundi Bwa Bose, étaient absents, sauf quelques délégués discrets.

Quelques indépendants comme le rappeur Mukombozi, le prédicateur Dieudonné Nahimana et Jules Niyongabo étaient présents, tout comme certains leaders politiques, notamment Gabriel Banzawitonde (APDR) et Anicet Niyonkuru (CDP). Ce dernier a quitté la salle visiblement mécontent, dénonçant sur son compte X « des résultats truqués donnant tous les pouvoirs au CNDD-FDD » et réclamant la reprise des élections.

Les membres du CNDD-FDD, déclarés vainqueurs, affichaient des sourires discrets, tandis que d’autres restaient silencieux. Aucun signe de contestation directe n’a été observé dans la salle, mais la majorité des invités a quitté précipitamment avant la prière de clôture, ignorant le protocole, signe d’une certaine tension.

Des contestations

Bien avant la proclamation de ces résultats, le parti UPRONA les avait déjà contestés, arguant que ces législatives avaient été entachées d’irrégularités. Selon son président Olivier Nkurunziza, les élections ont été un rendez-vous manqué. Il constate avec amertume que la CENI a manqué à sa mission de neutralité et d’arbitrage, et fait savoir à la communauté nationale et internationale que le parti UPRONA rejette en bloc les résultats issus des élections :
« Le score proclamé indique une mascarade électorale avec des résultats fantaisistes. »
Il appelle la CENI à invalider les résultats issus des élections et le président à prendre des mesures pour sauvegarder la démocratie en péril.

« C’est une honte, la CENI vient de proclamer de faux résultats donnant les pleins pouvoirs au CNDD-FDD pour régner sur toutes les institutions du pays. Il nous faut contester ces chiffres émanant d’un simulacre d’élections, elles sont à refaire », a-t-il déclaré sur son compte X, le président du parti CDP, Anicet Niyonkuru.
Dans un communiqué publié le 9 juin, le parti CNL a constaté « avec regret que l’élection du 5 juin 2025 est entachée de nombreuses irrégularités qui décrédibilisent les résultats », et en appelle à la responsabilité des organisateurs.

Des organisations internationales ont également pris la parole pour contester le double scrutin du 5 juin. « Les élections législatives et communales qui se sont tenues au Burundi le 5 juin se sont déroulées dans un contexte de restrictions sévères à la liberté d’expression et de l’espace politique », a déclaré ce jeudi 12 juin Human Rights Watch.

Clémentine de Montjoye, chercheuse senior sur les Grands Lacs à Human Rights Watch, a déclaré que « les Burundais ont voté lors d’une élection sans véritable concurrence politique, permettant au parti au pouvoir de consolider davantage son contrôle ».

Irrégularités et tricheries

Plus de 10 000 mandataires ont été déployés dans 42 communes, 451 zones et 3 044 collines du pays. Olivier Nkurunziza a fait savoir que ces mandataires ont recueilli de nombreux témoignages attestant d’une violation grave, manifeste et systématique du code électoral :
« Parmi les faits les plus récurrents, le parti relève le bourrage des urnes dans toutes les provinces et communes. Le bourrage avant l’ouverture du scrutin dans certains endroits, pendant les heures de vote dans d’autres en faisant sortir nos mandataires, puis pendant le comptage des voix. »

L’exclusion violente des mandataires du parti dans de nombreux bureaux, pendant le vote et lors du dépouillement, selon Olivier Nkurunziza, n’a pas permis la vérification de l’exactitude du comptage :
« Il y a aussi la présence illégale des jeunes affiliés au parti au pouvoir dans les bureaux de vote, aux alentours et dans les isoloirs, exerçant des pressions sur les électeurs en complicité avec certains membres des bureaux de vote. Leur but étant de forcer les gens à élire le parti au pouvoir. »

Il signale aussi des comportements partisans, violents et intimidants envers les membres des bureaux de vote et dans les isoloirs :
« Il y a eu l’obligation de signer le F2 avant le déroulement du scrutin dans certains bureaux de vote et l’obligation faite aux électeurs de voter à la place de ceux qui étaient absents. »

Pour Olivier Nkurunziza, tous les scrutateurs étaient du parti au pouvoir, ce qui met en doute, selon lui, la sincérité de la lecture des voix :
« La lecture des voix de l’Uprona a été transformée ipso facto en celles du parti CNDD-FDD. »

Il signale également le vote multiple des membres des bureaux de vote tout au long du scrutin ainsi que des arrestations illégales de membres du parti Uprona qui osaient dénoncer les irrégularités, et plaide pour leur libération.

Pour la Coalition Burundi Bwa Bose, le scrutin du 5 juin 2025 a été émaillé d’irrégularités de toutes sortes, constituant une mascarade électorale. Elle évoque l’accompagnement des électeurs pour voter en faveur du CNDD-FDD, l’interdiction faite aux mandataires d’autres partis de signaler les irrégularités sous menace d’emprisonnement, le retrait des cartes d’électeur aux personnes soupçonnées d’être opposantes, le bourrage des urnes et la fermeture prématurée de certains bureaux de vote.

De plus, le président de la Coalition, Patrick Nkurunziza, a fait savoir que leurs mandataires ont été chassés lors du comptage des voix. Celui-ci s’est effectué de manière opaque, les voix des autres partis ayant été attribuées au CNDD-FDD.
« On a refusé de donner les procès-verbaux F2 aux mandataires de l’opposition. »
Face à ces irrégularités, la Coalition Burundi Bwa Bose rejette en bloc les résultats proclamés par la CENI, qu’elle juge manipulés et ne reflétant aucunement la volonté exprimée dans les urnes par les Burundais à travers tout le pays. Elle demande à la Cour constitutionnelle de ne pas valider ces résultats issus d’une tricherie exceptionnelle, et invite le gouvernement à organiser un nouveau scrutin libre, inclusif, équitable et transparent.

Du côté du CNL, les irrégularités relevées sont : la violation du secret de vote par l’accompagnement forcé des électeurs dans l’isoloir et l’obligation de voter pour le parti au pouvoir ; l’éviction et l’interdiction d’accès de ses mandataires aux bureaux de vote ; les votes multiples avec ou sans procuration ; le retrait de cartes d’électeurs suivi de votes effectués à la place des titulaires ; la distribution et l’utilisation de bulletins préalablement marqués en faveur du parti au pouvoir ; ainsi que l’emprisonnement arbitraire de certains de ses mandataires.

Des irrégularités relevées par les observateurs

Au cours des élections, l’Association de lutte contre le chômage et la torture (ALUCHOTO) a déployé des observateurs dans différentes provinces. Cette organisation a relevé quelques cas d’irrégularités et de violences localisées dans certains bureaux de vote, imputables aux sympathisants des partis politiques.

À Bubanza, le chef du bureau de vote numéro 3 au centre de vote de l’ECOFO Bubanza II a torturé un électeur. « Il le frappait à coups de poing et de bâton jusqu’à le blesser. »
« Au centre de vote de l’école internationale de Bujumbura, les chefs des bureaux de vote ont interdit aux observateurs de la commission de l’Union africaine, accrédités par la CENI, d’exercer leur mission d’observation », dénonce l’ALUCHOTO.

L’organisation signale également six personnes, dont quatre de la province de Bujumbura et deux de Buhumuza, qui se sont présentées avec plus d’une procuration, en violation de la loi. Elle note également l’absence de mandataires de plusieurs partis politiques dans plusieurs bureaux de vote.

Pour l’ALUCHOTO, ces irrégularités sont susceptibles de perturber le bon déroulement du scrutin. Toutefois, elles ne sont pas, selon l’organisation, de nature à entacher notablement l’intégrité et la crédibilité des élections législatives et communales du 5 juin 2025.

Dans un communiqué publié le 10 juin, la CNIDH indique qu’elle s’est déployée dans les cinq provinces du pays pour observer le déroulement des élections législatives et communales du 5 juin 2025. Elle a relevé quelques incidents : le port de plus d’une carte d’électeur (au centre de vote de l’école fondamentale de Mututu à Rutana), un léger retard à l’ouverture de certains bureaux de vote, des cas de bulletins de vote déchirés à Butanyerera (Ngozi, Kirundo) et à Buhumuza (Cankuzo).

Le communiqué cite également le manque de stylos ou de tampons dans certains isoloirs, l’emplacement inapproprié de l’isoloir dans certains bureaux de vote, et l’absence de mandataires de certains partis dans plusieurs bureaux.

La CNIDH indique que ces incidents isolés ont été rapidement réglés. Elle estime que la double élection du 5 juin 2025 a respecté la Constitution, le Code électoral et les standards internationaux.

L’Église catholique n’a pas manqué au rendez-vous

Dans un communiqué publié après l’annonce provisoire des résultats par la CENI, l’Église catholique dénonce des irrégularités observées dans plusieurs centres de vote.

Dans 2 400 bureaux de vote répartis dans toutes les communes du pays, soit 30 % des bureaux sur l’ensemble du territoire national, et qui ont pu être couverts par ses mandataires, des irrégularités ont été constatées selon le communiqué du 12 juin 2025.

Selon ce texte, malgré la participation massive de la population et le climat d’accalmie, plusieurs bureaux de vote ont ouvert avant l’heure officielle de début du scrutin et avant l’arrivée des mandataires et des observateurs, qui auraient dû constater l’état des urnes avant ouverture.

Dans les bureaux ayant ouvert à l’heure, les mandataires politiques et les observateurs ont parfois été écartés. À leur retour, ils ont constaté que les urnes étaient déjà remplies de bulletins en quantité exagérée.

Le communiqué du Conseil des évêques catholiques dénonce également l’absence de neutralité de certains membres des bureaux de vote, qui forçaient des électeurs à voter contre leur gré, les accompagnaient dans les isoloirs, ou votaient à leur place. Certains avaient plusieurs cartes d’électeurs et ont voté à plusieurs reprises, parfois même sans mandat.

Le communiqué signale en outre que certains mandataires ont été écartés des bureaux de vote ou refusés à l’entrée. Certains observateurs ont été obligés de signer les procès-verbaux des résultats, tandis que l’accès au dépouillement était refusé aux mandataires de l’opposition.


Réactions

Anicet Niyonkuru : « C’est un hold-up électoral »

« C’est une profonde indignation. Nous l’avons déjà dit au lendemain du scrutin du 5 juin : il y a eu un hold-up électoral. Je ne peux même pas trouver un nom adéquat pour exprimer ce que vient de faire le gouvernement du Burundi, la CENI et le parti au pouvoir. Nous avons vu une équipe organisée pour réaliser ce hold-up électoral », déplore Anicet Niyonkuru, président du parti CDP.

D’après lui, il y aura désormais un gouvernement issu d’un seul parti politique.
« Il sera à la tête de personnes qui ne l’ont pas élu. Une Assemblée nationale, des conseillers communaux, un Sénat 100 % CNDD-FDD, qui dirigeront des citoyens qui ne les ont pas élus. Car il n’y a pas eu d’élections. »

Anicet Niyonkuru déclare que son parti ne reconnaîtra pas ces élections. Il demande d’ailleurs à la communauté nationale et internationale de faire de même.
« Nous demandons et insistons pour que ces élections soient reprises. Si elles ne sont pas reprises, les institutions issues de ces résultats seront illégitimes. Car on peut légaliser l’illégitimité, l’injustice. »

Pour lui, c’est un recul général.
« Vous voyez la situation dans laquelle nous étions déjà : la pauvreté bat son plein, il n’y a pas de carburant, pas de sucre… la population est excédée. Et voilà qu’ils s’octroient 100 % des voix. C’est dangereux. Les institutions ne seront pas redevables envers le peuple, puisqu’il ne les a pas élues. »

M. Niyonkuru estime que le parti au pouvoir a été trop gourmand.
« Il a voulu s’approprier les institutions en vue d’un changement de Constitution, afin de permettre — comme je l’ai entendu — des mandats illimités, et d’avaliser ce qu’ils veulent faire du Burundi. Les Burundais ne veulent plus de ce pouvoir, mais le CNDD-FDD s’impose. C’est une dictature de fait. La démocratie burundaise recule de plusieurs pas. »
Il appelle les autres politiciens à la solidarité.

Jean-De Dieu Mutabazi : « La démocratie vient de connaître un tournant »


Pour Jean-De Dieu Mutabazi, président du parti RADEBU (Rassemblement des démocrates du Burundi), c’est la deuxième fois dans l’histoire du pays.
« La première, c’était sous la Deuxième République, à l’époque du parti unique. La manière dont les élections ont été organisées aujourd’hui va aboutir à une chambre basse composée d’un seul parti. C’est un tournant à 180° de la démocratie au Burundi. »

Selon lui, les autres partis n’existent que de nom, sur le papier.
« En réalité, il y a eu beaucoup d’irrégularités dans les bureaux de vote. Et c’est dommage que ces irrégularités n’aient pas été prises en compte par la CENI. Nous avons pris acte des résultats qui ont été présentés. »

Pour lui, la démocratie vient de connaître un tournant.
« Reste à savoir comment gérer cette situation. On peut gagner en termes de stabilité, mais l’essentiel est de gagner en termes de développement. On peut reculer sur le multipartisme, mais l’essentiel est de résoudre les problèmes fondamentaux du peuple burundais. »

M. Mutabazi demande au CNDD-FDD de tenir compte des programmes présentés par les autres partis et les indépendants.
« Car il y avait beaucoup d’idées et de programmes intéressants qui peuvent nous aider à résoudre les problèmes actuels. »

Il reconnaît que le peuple burundais connaît aujourd’hui trop de difficultés.
« Nous espérons être associés à la gestion du pays. La stabilité et la bonne gouvernance sont primordiales. Dans des pays comme le Qatar ou l’Arabie Saoudite, il y a peu de partis, mais la bonne gouvernance est assurée. Et les gens ne se plaignent pas. »

Gérard Hakizimana : « C’étaient des élections libres et transparentes »


« En premier lieu, nous félicitons le parti CNDD-FDD qui vient de remporter provisoirement la victoire », réagit Gérard Hakizimana, président du consortium de la société civile pour l’observation des élections.
« Il y a des accusations de certains partis politiques dénonçant des magouilles, des intimidations, des fraudes. Selon nos observations, leurs mandataires les ont induits en erreur car il n’y a pas eu de magouilles ni d’intimidations. »
Selon lui, les élections ont été bien organisées : « C’étaient des élections libres et transparentes. »
Il invite la classe politique à la sérénité : « Après les élections, la vie continue. Il faut travailler ensemble et bâtir notre nation. »

Jules Niyongabo : « Ces résultats sont les prémices d’un système à parti unique »

Pour Jules Niyongabo, c’est un sentiment de regret, de colère et de frustration.
« Ce qui s’est passé dépasse l’imagination. Obtenir 100 % des sièges est incompréhensible à l’heure du multipartisme. Cela n’était possible que sous le régime du parti unique. Ces résultats annoncent l’avènement d’un système à parti unique. »
Il rappelle qu’« même le prince Louis Rwagasore n’avait pas obtenu plus de 70 % des sièges, alors que la population voulait se libérer du colonialisme, un système oppresseur. »

Aujourd’hui, indique-t-il, il existe une plus grande diversité d’opinions : « Ce serait une exagération qu’un parti prétende avoir obtenu plus de 96 %. »
Candidat indépendant aux législatives, il se dit déçu d’avoir obtenu zéro voix dans le bureau de vote où il a lui-même voté : « Cela signifie que même ma propre voix n’a pas été comptée. Il y a eu trop d’imperfections. »

Néanmoins, il n’abandonne pas la lutte politique : « Les générations futures doivent bénéficier d’un climat et d’un espace politique démocratique ouvert. »
Il appelle à l’unité des partis d’opposition et des indépendants pour sauver la démocratie à l’avenir : « Faute de nouveaux candidats pour concurrencer le parti au pouvoir, celui-ci gouvernera seul et instaurera un parti unique. »

Aimé-Pascal Nduwimana : « Les contestations de ces résultats ne sont qu’un jeu politique habituel »


S’exprimant comme observateur de la société civile, Aimé-Pascal Nduwimana, représentant légal du Ministère africain pour la Compassion (MAC-Burundi), déclare que les résultats proclamés confirment les observations faites sur le terrain le jour du scrutin : « Nous avons été témoins du déroulement du scrutin et du comptage des voix. Les résultats annoncés ne surprennent personne. Ils reflètent la réalité. »

Il précise que son organisation avait déployé des observateurs durant la campagne électorale et le jour du scrutin.
« Ils ont suivi les projets de société des partis, leurs discours et comportements. Le scrutin s’est déroulé dans le calme et la sérénité, sans intimidation. Les Burundais ont voté librement. Ces résultats ne surprennent personne. C’était comme la lecture de l’évangile. »
Pour lui, les contestations sont un jeu politique habituel.
Il compare les partis UPRONA, CDP et CNL, qui ont contesté les résultats avant même leur proclamation, à « des élèves qui se préparent déjà aux examens de rattrapage avant la publication des résultats ».

« Ce n’est pas nouveau. Les acteurs politiques se connaissent. »
Il invite le parti gagnant à gouverner pour tous les Burundais : « Ceux qui ont gagné et ceux qui ont perdu restent tous Burundais. »
Enfin, il rappelle qu’il y aura d’autres échéances électorales, notamment les présidentielles de 2027.

Gaspard Kobako, « on ne croit même pas à ces résultats. »

Pour Gaspard Kobako, président du parti Alliance nationale pour la démocratie, AND Intadohoka, les résultats ne surprennent pas parce que selon lui, le score stalinien qui vient d’être obtenu par le parti au pouvoir est un score qui leur avait été annoncé par le secrétaire général du parti au pouvoir : « Il n’y a rien d’étonnant. »

Il fait savoir qu’il n’y a pas eu de vote ou d’élection, mais seulement bourrage des urnes. Les prétendues élections selon lui, ont eu lieu nuitamment à partir de 2 heures du matin : « On procédait déjà au bourrage des urnes. »

« Ceux qui le faisaient ne se cacher pas, ils le faisaient de manière ostensible. Les élections se sont déroulées sous la chicotte. Des gens ont été molestés, c’est le cas d’un bureau de vote qui se trouve en commune de Rutovu, à Kivuwo plus précisément. »

Un autre cas qu’il cite est celui de Bubanza, au site de Buhororo1 où le vote s’est fait à ciel ouvert : « C’est le même cas que celui de certains bureaux de Rumonge au bureau de vote de la zone Kizuka. »

En se référant uniquement aux deux circonscriptions de Burunga et Bujumbura, il fait savoir que c’est là où ils s’étaient proposés pour se faire élire : « A part ces intimidations, ces menaces des présidents des bureaux de vote, qui étaient monocolores les administratifs ont joué leur rôle d’indemnisation. Il y a eu même des emprisonnements arbitraires. Donc, beaucoup d’irrégularités. Des résultats, pour lesquels le secrétaire général du parti présidentiel s’enorgueillissait au lendemain du prétendu vote, ce sont des résultats tout à fait fallacieux. Donc, on ne croit même pas à ces résultats. »

Pour lui, certaines de ses voix ont été octroyées délibérément au parti pouvoir : « Des fois, on préfère dire, ces voix, on les octroie au CNDD FDD ou bien on les annule tout simplement. » Il donne l’exemple de Gisovu où ils ont dit que les voix du parti Alliance Nationale pour la Démocratie soient annulées parce que les insignes étaient illisibles : « C’est que je pourrais dire face à ces résultats provisoires ou quasi définitifs, parce que rien ne va changer. »

Gaspard Kobako pense que sa réaction de porter plainte auprès de la cour constitutionnelle sera la même que celle des autres partis : « Nous, nous disons qu’il n’y a pas eu d’élection, tout simplement. »
« Nous avions dit avant qu’il faut que des gens soient sanctionnés, notamment dans les démembrements de la CENI, parce qu’ils étaient impliqués jusqu’au coup dans le vol. On a dit qu’il y a des administratifs qui devraient être punis, d’autres déchargés de leurs fonctions nous allons demander à la cour constitutionnelle de ne pas marquer ces résultats, tout simplement. »

Il fait savoir qu’un communiqué y relatif va sortir avec une série de propositions.

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