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Construction d’un site touristique à Nyanza-Lac : la population crie à la spoliation

05/05/2013 Commentaires fermés sur Construction d’un site touristique à Nyanza-Lac : la population crie à la spoliation

Les habitants de la colline Musatwe accusent Ernest Minani, un certain Cyprien et Nahum Barankiriza de les avoir expulsés. Un des concernés affirme que la vente a été régulière. L’administration soutient ses propos.

<doc5011|left>Plusieurs dizaines d’habitants de la sous-colline Musatwe à Nyanza-lac ont été dispersés. Ils n’ont plus d’abri. La sous-colline Musatwe est située à quelques mètres du centre de pêche de Kabonga et se prolonge jusqu’à la plage du lac Tanganyika. Toutes les maisons ont été détruites dans cette vaste étendue, hormis celle d’un pasteur qui a catégoriquement refusé de quitter les lieux. Quelques arbres fruitiers comme des avocatiers, des manguiers et des palmiers à l’huile sont visibles. Cet espace est devenu une friche, surnommée ‘Kibira’ par les gens de Mvugo.

Les larmes aux yeux, R.C., une mère de six enfants, indique avoir été spoliée de sa parcelle, il y a plus d’une année. Selon elle, tout commence en 2009. Un certain Cyprien, ancien comptable communal de Nyanza-Lac, Ernest Minani, pasteur à l’Eglise ESEUBU, Nahum Barankiriza, un opérateur économique et d’autres personnes visitent Musatwe. Ils disent aux habitants de la place qu’ils veulent acheter leurs parcelles pour y réaliser un projet. Les propriétaires refusent. « Ils nous averti que les tracteurs démoliront les maisons de ceux qui s’opposeront à cette vente, car c’est un projet du gouvernement», témoignent ces habitants.
R.C. précise alors que la population a eu peur et a commencé à quitter les lieux : « Ils m’ont donné 500 mille Fbu pour une parcelle d’une valeur minimale de 2 millions.» B.F. de Musatwe déplore cette attitude utilisée par ces « opérateurs économiques ». Il indique avoir reçu 800 mille Fbu, alors qu’il pouvait facilement avoir 5 millions s’il vendait sa parcelle de son propre gré.

Une réalité douloureuse

Certains de ces habitants ont été contraints d’aller en Tanzanie, d’autres habitent sur des collines voisines comme Mugerama, Muyange, kabonga. Mais la plupart se sont installés à Rwata où ils se sont acheté un lopin de terre. Comme Iwacu l’a constaté, ils ont construit des maisonnettes en paille au pied d’une montagne. « Elle peut s’écrouler sur nous à tout moment », craint une quinquagénaire. Et d’ajouter que ces petites maisons sont inondées pendant la saison des pluies. K.E. affirme que les habitants de Musatwe ont acheté de petites portions de terre parce qu’ils ont reçu une somme insignifiante. « Nous n’avons rien à manger car nous ne cultivons plus nos terres, notre seule source de revenu », lance A.N de Rwata. Ce père de cinq enfants précise qu’ils n’ont pas le droit d’exploiter leurs palmiers à huile.

Ces habitants demandent à l’administration de s’impliquer dans cette affaire pour qu’ils récupèrent leurs parcelles avant qu’elles ne soient morcelées. Ils parlent d’une usurpation. « Ils nous ont dit que c’est un projet du gouvernement, alors que c’est faux. Nous avons été précipitamment dispersés», se révoltent-ils.

<doc5012|right>Des informations recueillies à Nyanza-lac font savoir que de hautes personnalités sont impliquées dans cette affaire. Un complexe touristique de 100 hectares, fait d’un grand terrain de golf et d’une marina y sera érigée. Nos sources révèlent qu’un bureau d’architectes à Kigali appelé Delta Architecture est en train de finaliser les plans.

L’administration s’en lave les mains

Nestor Ntamagendero, chef de colline Mvugo, rejette les accusations de la population. Il affirme qu’Ernest Minani a acheté en bonne et due forme les parcelles à plus de cent familles de Musatwe.
Prudence Kabura, administrateur de la commune Nyanza-Lac indique qu’il n’a reçu aucune plainte de la population. Il estime alors que la vente a été régulière. Néanmoins, l’administrateur Kabura affirme qu’il n’a jamais vu l’attestation de possession ou de vente.
Ernest Minani indique que personne n’a été forcé de vendre sa parcelle : « La preuve est qu’il y a un pasteur qui a refusé. Il habite tranquillement dans sa parcelle. » Pour Ernest Minani, des adultes n’auraient pas accepté de vendre leurs parcelles par contrainte. Toutefois, il s’est gardé de tout commentaire sur les vrais responsables de ce projet et les activités qui seront réalisées à Musatwe. Nous avons contacté Cyprien et Nahumu Barankiriza, sans succès.

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