Vendredi 26 avril 2024

Société

Les balayeuses baladées

07/09/2017 28

Regroupées dans la coopérative « Women cleanig group », elles n’ont pas encore perçu de salaires depuis le mois de mai. La direction leur demande de patienter.

Des balayeuses nettoyant l’avenue de la JRR

Ces balayeuses ont organisé mercredi le 24 août un sit-in devant le siège de leur coopérative sis au quartier asiatique. Elles réclament quatre mois d’arriérées de salaires. Ces femmes dont la plupart sont des veuves dénoncent les retards répétitifs observés dans le paiement de leurs salaires. Certaines d’entre elles accusent la directrice de cette coopérative, Chantal Nikiza, et les autorités municipales de vouloir s’enrichir aux dépens de leurs efforts.

A.N., une des balayeuses rencontrée sur la chaussée Prince Louis Rwagasore parle d’insensibilité des autorités municipales à leurs égards : «Elles nous utilisent pour atteindre leurs objectifs financiers.»

Quatre mois d’impayés, c’est trop! Selon elle, les balayeuses des autres coopératives perçoivent régulièrement leurs salaires. Elle souligne que le propriétaire d’une maison dans laquelle elle vit avec sa famille les a mis en demeure depuis juillet.

Chaque balayeuse perçoit un salaire de 55.000 Fbu par mois, les superviseurs quant à eux gagnent 80.000 Fbu. Elle demande aux autorités municipales de revoir à la hausse leurs salaires.

F.K., une autre balayeuse, rencontrée au centre-ville de Bujumbura, indique qu’un bon nombre de ces balayeuses ont abandonné leur travail à cause des retards dans le paiement de leurs salaires. «Chaque fois que nous réclamons nos salaires, la direction de la coopérative nous fixe des rendez-vous qu’elle ne respecte pas.»

Elle précise qu’elle va renoncer à son travail au début du mois de septembre : «J’attends le paiement des arriérés de deux mois que la mairie nous a promis à la fin du mois d’août.»

C. S, une autre employée de la coopérative « Women cleanig group » regrette le comportement de la directrice de cette coopérative. «Elle a changé les objectifs de l’association.»

Avant c’était une coopérative pour aider les veuves et les familles pauvres. Par après, elle l’a transformée en une société commerciale. «C’est un véritable business pour elle.»

Selon cette veuve, la plupart des balayeuses abandonnent leur travail à cause de ce retard dans le paiement des salaires. «Ceux qui n’ont pas de persévérance préfèrent laisser derrière cinq mois d’arriérés.»

Ceci avantage la mairie et Mme Nikiza. «Cette dernière collabore avec les autorités municipales.» Elle estime le nombre de balayeuses de cette coopérative à 250 personnes.

La direction reconnaît une partie de la dette

Chantal Nikiza, directrice de « Women cleanig group » ne reconnaît qu’une partie des arriérés : « Le montant des impayés s’élève à 165.000 Fbu par balayeuse et pour une période de trois mois.»

D’après cette dame, les salaires du quatrième mois qu’elles réclament ne concernent que le mois d’août. Les retards de paiement sont dus à la mairie qui ne verse pas à temps les salaires.

Cette situation se répercute sur le paiement de ces balayeuses : «C’est avec l’argent perçu de la mairie que ces dernières sont payées.» Et des fois, souligne-t-elle, la mairie peut passer trois mois voire cinq mois sans payer notre coopérative.

Mme Nikiza rappelle, par ailleurs, que dans le passé ces balayeuses attendaient même jusqu’à six mois. «Leurs inquiétudes sont fondées. Mais qu’elles patientent.»

Elle qualifie la démarche de ces femmes de contre-productive. Elle les accuse de vouloir se faire payer par force. « Les dégâts qu’elles ont causés le jour du sit-in sont énormes. Des vitres ont été cassées».

Malgré cela, cette directrice tranquillise : «La mairie nous a donné un chèque de paiement de trois mois, mardi 23 mai.» Le paiement des arriérés de trois mois était censé débuter mercredi 30 août. Chose curieuse, ces balayeuses n’ont pas encore vu la couleur de cet argent.

Et Mme la directrice de « Women cleanig group » de lâcher : «Cette société ne constitue pas ma priorité, j’ai d’autres activités à faire.»

Une affaire entre les balayeuses et leur coopérative

Candide Kazatsa : «La mairie n’a aucune responsabilité dans le non-paiement des salaires à ces balayeuses.»

Candide Kazatsa, chargée de la communication à la mairie de Bujumbura, indique que la mairie n’a aucune responsabilité dans le non-paiement des salaires à ces balayeuses. «La direction de la coopérative n’amène pas à temps les documents exigés pour le paiement des salaires de ces balayeuses.»

Elle précise en outre, que la mairie n’a aucun contrant de travail avec ces balayeuses. «Que ces dernières régularisent leurs situations avec leur coopérative.»

Elle souligne, par ailleurs, qu’une autre catégorie de femmes et d’hommes assurant les mêmes services que ces balayeuses, mais reconnus par la mairie, reçoivent régulièrement leurs salaires.

Forum des lecteurs d'Iwacu

28 réactions
  1. i

    Cette histoire me rappelle une certaine « Yudita », comptable publique qui payait les salaires des fonctionnaires n’ayant pas encore de comptes dans les institutions bancaires. Yudita percevait la totalité du montant équivalent à ces salaires à la Banque nationale. Le temps de monter et faire quelques affaires louches avec cet argent, aux concernés qui se présentaient à la paie, à la fin du mois, soit elle était malade et absente ou alors elle prétextait que la paie n’était pas encore disponible. Imaginez la suite. Heureusement les fonctionnaire étaient encore crédibles et on s’endettait facilement.-

  2. Rurihose

    Gacece, Arrêtes cette pédanterie, les pauvres dames n’ont cure des appelations. Pourquoi les députés n’ont ils jamais d’arriérés?
    Elles travaillent comme des forçats avec un salaire de misère.
    Eles sont allées manifester le ventre creux.
    N avez vous pas de coeur?

    • Gacece

      @Rurihose
      J’imagine que tu as écrit ton commentaire avant d’avoir lu mes autres commentaires ci-dessous?

      • juju

        Heee Gacece, tu demandes qu’on lise tous tes commentaires avant de commenter?! Pour y arriver il faut absolument s’ingurgiter d’abord une bonne dose de produits stimulants!

        • Gacece

          @juju
          C’est pas de ma faute si le modérateur publie mes nouveaux commentaires avant les anciens.

  3. Ramazani

    Les « travailleuses extérieures » manquent et d’argent et Gaston Sindimwo trouvent 2 millions pour financer des élections qui n’auront peut être pas lieu. Et 2 millions pourraient financer 4 mois de salaires pour 9 travailleuses d’intérieur. Si vous ajoutez encore 5 millions octroyées par quelqu’un dont je ne me rappelle plus ce sera au moins 20 personnes qui ont nourrir leurs familles. Aimer le pays C’est d’abord ses habitants et surtout les plus démunis d’entre nous . Est ce là une preuve qu’on aime le pays ?

  4. MIZA

    Ne me dites pas que le 1er vice-président s’est présenté au guichet d’une banque avec 2 000 000 en argent liquide !
    Bizarre tout de même dans l’économie moderne !
    https://mybujumburanews.wordpress.com/2017/09/06/le-vice-president-depose-deux-millions-de-francs-pour-la-contribution-aux-elections/

    • Provoc

      @MIZA
      Vous êtes hors sujet. En plus vous faites une pub gratuite (à moins que vous y travaillez) à un site concurrent.

  5. Hakiza

    c’est triste; cette directrice doit démissionner.
    Dire qu’elle a d’autres activités à faire sans se soucier de ces femmes c’est très regrettable. on ne connait que le malheur que quand il toque sur ta porte.

    • i

      Ku barundi, urafise hama ukabaho ou encore tu n’as pas et tu es bon à crever. C’est triste pour cette dame qui se dit être responsable. Mais responsable de quoi quand elle ne peut pas penser au gagne-pain de ces malheureuses.-

  6. Stan Siyomana

    CA C’EST DU JAMAIS VU: La directrice de Women Cleaning Group qui ose dire que la societe qu’elle est sensee diriger n’est pas sa priorite.

    • Yves

      @Stan : je vous rejoins, c’est proprement hallucinant de lire ce genre de choses. Que cette Nikiza démissionne de ce poste et laisse sa place à quelqu’un de motivé dans ce cas.

      • Stan Siyomana

        @Yves
        1. Merci de votre soutien.
        2. De toute facon avec une telle attitude de la directrice de Women Cleaning Group, il n’ya point d’espoir que cette societe puisse un jour aller lever des fonds sur une quelconque bourse financiere (comme vient de le faire African Rainbow Capital Investments a la bourse de Johannesbourg).
        (Voir Warren Thompson. ARC Investments debuts on JSE, opens at R8.68/share. http://www.moneyweb.co.za, 7 September 2017).

  7. Michel

    Je crois que nous devons faire attention avec la notion de coopérative que toute personne qui veut exploiter les pauvres gens ou evader la taxe utilise. La coopérative est devenue une grotte pour tout tricheur. Si la coopérative de ces femmes qui font la proprété existe réellement, comment la Directrice peut dire qu’une affaire de 55.000Fbu/ pers x 250 pers est une moindre des affaires pour elle? Elle est une employée de la Coop, donc elle doit répondre aux doléances des membres. Si ce n’est pas le cas, cette Directrice est une tricheuse qui a une société de services et évade au fisc en prétendant faire du travail social avec ses pauvres femmes. Il faut arrêter de tromper ces pauvres femmes; soit la Coop existe et elles sont les chefs et la Directrice est leur employée, ou bien la coop n’existe et les femmes sont des salariées.

  8. Gacece

    Proposition d’une autre appellation : « préposée à l’entretien », ou un autre mot. Je crois que cela serait un peu plus valorisant.

    Une « balayeuse », c’est un autre mot qui désigne un aspirateur au Canada, peut-être ailleurs aussi.

    Moi quand j’entends « une balayeuse », j’ai cette bizarre impression qu’on dire que c’est la seule chose qu’elle sait faire, « balayer ».

    • juju

      Gacece, il parait que tu es General de l’armee burundaise. Si c’est vrai, arrete de theoriser le probleme de ces braves dames et ordonne a la mairie de leur payer leurs arrieres de salaire. Franchement nos gouvernants ont depasse les limites de je ne sais quoi. Ibiterasoni.

      • Gacece

        @juju
        Jamais dit nulle part qu’il ne faut pas qu’on ne leur donne pas leur salaire. Pour ce cas-ci, même si la mairie et la coopérative se lancent la pierre, il est évident que la responsabilité du manquement incombe aux deux.

        La coopérative doit s’assurer de payer ses employées, et la mairie doit exiger de travailler avec des compagies et organisations qui traitent bien leurs employés. C’est une question d’éthique et d’image.

        Ce n’est pas pour rien que c’est en train de se retourner contre eux. Toute action (ou inaction) s’accompagnent toujours de son lot d’effets… négatifs ou positifs.

        • Gacece

          ^*…qu’il ne faut pas qu’on leur donne leur salaire…
          *… compagnies…

      • Bakari

        @juju
        Je pense que Gacece n’oserait jamais tergiverser sur le paiement d’un salaire mérité. C’est une évidence que tout travail mérite salaire. Car il me semble qu’il ne soutiendrait pas l’esclavage du type passé ou moderne.

    • Bakari

      @Gacece
      « Proposition d’une autre appellation : « préposée à l’entretien… »

      Il y en a qui utilisent le terme de : « technicien(ne) de surface »; ce n’est pas joli ça?

      • Mayugi

        Ces braves dames devraient saisir la justice. Mais comme ça prend de l’argent pour faire de l’argent, un avocat de cœur devrait les assister dans ce processus. Personnellement je m’engage à contribuer pour cette juste et noble cause. Si vous êtes un avocat et que vous êtes prêts à aider ces dames non seulement à recouvrer leurs dus mais aussi à clarifier leur statut car manifestement il y a anguille sous roche à voir l’arrogance dont elle fait preuve et les déclarations de la mairie (Mme Kazatsa), dites-nous comment vous contacter.

      • Gacece

        @Bakari
        Personnellement, je trouve « technicien de surface » un peu exagéré. Il ne faudrait quand même pas passer d’un extrême à un autre. Mais tant que cela ne colle pas une étiquette péjorative à la personne, il n’y a aucun problème.

        • Bonjour
          En tout cas  » technicien de surface » c’est l’appellation dans certains pays en Europe.

          AK

          • juju

            Antoine, laisse-moi Gacece s’il te plait.

          • Gacece

            @Antoine Kaburahe
            Je ne suis pas contre et je ne le savais pas. Et au Canada, on les appelle des préposé(es) à l’entretien de bâtiments, du métro, etc. Tant que cela ne colle aucune connotation dévalorisante, moi ça me va!

            Mais il est où mon autre commentaire qui répondait au commentaire de @juju?

            Je disais que et la ville, et la directrice de la coopérative avaient manqué à leurs devoirs. La ville devrait exigé des compagnies et organisations avec laquelle elle signe des contrats de respecter leurs employé(e)s. De la même, les coopératives devraient protéger et défendre les intérêts de leurs employés auprès de la ville. C’est une question d’étiquette et d’image.

            J’ajouterais aussi qu’on a droit à l’erreur. Une première fois n’est pas coutume dans ce cas-ci.

        • Stan Siyomana

          @Gacece: »…une etiquette pejorative a la personne. »
          1.Le citoyen burkinabe etait fier d’aller manifester le balai a la main.
          « LE BALAI CITOYEN est in movement issu de la societe civile du Burkina Faso qui a notamment pris part a l’opposition au President Blaise Compaore »
          (Voir Le Balai Citoyen, http://www.wikipedia.org).
          2. Le travail enoblit l’homme (et la femme).
          3. Nta mwuga mubi atari uwo kuroga.

          • Gacece

            @Stan Siyomana
            Akagayo karacârihó. Kǎndi sí mu Burǔndi hônyéne ní höse.

            Essayez de donner votre balai à un « poilissime » de l’Université du Burūndi. Si vous ne lui dites pas à l’avance que c’est un « balai citoyen », il risque de vous charger… comme un taureau!

            Pire encore, essayez de lui donner ne fût-ce qu’un sac en plastic à transporter. Là vous allez devenir son ennemi juré.

            Un jour j’étais en vacances au Burūndi et je suis allé acheter quelques vêtements dans un magasin à Buja. Je portais un short (une culotte) propre et un pullover propres, avec des sandales. J’avais à peu près 300$ US à dépenser.

            Et j’aimais vraiment ce que j’y voyais et le vendeur-propriétaire s’occupait de moi correctement.

            Quelle ne fût ma surprise quand il m’a laissé à moi-même pour aller accueillir un autre client qui venait de débarquer d’un taxi. Sourire large, salutations à deux mains, il s’est presque courbé en deux! Tout juste parce que l’autre portait un costume, une cravate et des souliers bien cirés.

            Bon moi ça ne me dérangeais pas qu’il ne m’ai pas salué comme l’autre, je suis d’ailleurs contre cette attitude presque cérémonial. Ce qui m’a dérangé le plus, c’est qu’il était en train de me servir et qu’il a jeté sur un tas d’autres vêtements des habits que j’avais même choisi s’acheter, qu’il ne s’est même pas excusé avant de partir servir l’autre.

            J’aurais pu attendre s’il avait agi avec un minimum de politesse, je n’étais pas pressé. Vous savez quoi, je suis allé faire mes courses chez son concurrent d’à côté, et il s’en est mordu les doigts. Parce que l’autre n’a rien acheté.

            Si on veut réellement évoluer, ce sont de petites choses comme celles-là, dont une appellation respectueuse, qu’il faut changer… petit à petit.

    • Nahayo

      Aahhh voilà,ça alors, ça me rappelle un appareil couramment utilisé à l’armée qu’on appelle « une tueuse »

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