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 » Transparency International : qu’est-ce, finalement ? « 

19/08/2011 Commentaires fermés sur  » Transparency International : qu’est-ce, finalement ? « 

Nous avons entendu parler d’elle, utilisé ses projections et déclarations, lu ses analyses. Dans cette tribune offerte à nos lecteurs, l’un d’eux s’est attelé à analyser, avec humour et détails, le travail de la Transparency International. Qu’est-ce le TI ?, se demande Siméon Barubiriza, un fidèle ami d’Iwacu, de surcroît docteur en économie, « un peu statisticien, un peu amant de l’Histoire des mathématiques ».

Créée en 1993, suite à l’impulsion initiatique de l’Allemand Peter Eigen, Prof Avocat ancien représentant de la Banque Mondiale à Nairobi, Kenya, jusqu’en 1991, Transparency International (TI) est une Organisation « non ? » gouvernementale transnationale de pression psychologique sur les gouvernements pour ou contre lesquels, le tout semble inventé aux non-initiés à sa noble Cause.

Elle a pour mission, la lutte contre la corruption dans la vie publique et économique de la société à l’échelle nationale et internationale. Noble Cause, la sienne, qui serait louable, en effet, si elle ne se limitait pas à tempêter contre les pouvoirs publics pour dire qu’il y a eu, « oui » ou « non », corruption, ces derniers 12 mois, dans 86 pays sur 178, dont voici la liste en résumé, que nous tirons de son rapport corruption targué 2010, cf. note 03 : 22 pays en Asie Pacifique ; 24 de l’Union Européenne et extracommunautaires ; 9 de l’Amérique Latine ; 5 Etats du Moyen-Orient dont la Palestine, et 1 de l’Afrique arabe, le Maroc ; 8 pays de l’ex-URSS ; Canada et les USA ; 10 pays de l’Afrique noire, soit, in extenso : Cameroun, Ghana, Kenya, Liberia, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Afrique du Sud, Ouganda, Zambie ; enfin, 5 pays des Balkans occidentaux plus la Turquie.

Dans tout cela, TI ne dit pas le nombre de personnes qui ont subi ses sondages sur la population totale par pays et par région géographique et mondiale ! Encore faudrait-il savoir quel a été le montant de la corruption, en monnaie nationale ou en nature à valoriser, que la victime corruptrice a payé au corrompu, le revenu net du corrupteur, le revenu intérieur net, ou, à défaut, le PIB du pays dont des individus sont tombés dans les bras de ces faiseurs d’opinions. Alors elle, TI pourrait monter sur tous les toits du monde pour crier pour croire ou faire croire.

A La Messianique ?

Avec la réalité « échantillonnelle » quantitative à l’appui, alors et, alors seulement, elle pourrait utiliser ses « méthode des percentiles, écart-type, moyenne arithmétique … », ses variances et autres covariances, etc., afin de ne pas oublier de recourir à sa « béta-transformation » ; à condition qu’elle passe ; à condition qu’elle remonte de ses échantillons à la population statistique totale concernée, et qu’elle se rappelle, en même temps, qu’on ne compare pas les différences : Nul ne pourrait passer d’un pays à l’autre, ni d’un continent à l’autre tout en oubliant le non-dit pour dire ses opinions.

L’homogénéité territoriale des données et des personnes qui, heureusement, ne seraient pas de race porcine, serait obligatoire.

Au lieu d’utiliser les instruments de l’Inférence statistique, la Statistique inductive se basant sur la probabilité, Science probabiliste qui « fournit les instruments et méthodes pour extraire d’un échantillon les informations généralisables sur toute la population concernée, et pour quantifier la crédibilité, la fiabilité ou la confiance dans les informations de celui-là, l’échantillon », (01) TI invente ses propres sciences, sans en donner ni en expliquer la bonté, le tout devant être dans sa propre tête où nul n’a aucun droit d’entrée ! Voici ses savantes « explications » dont à son « Indice de Perception de la Corruption 2010 : Présentation de la méthodologie » : (02)

« 1. La première étape pour calculer l’IPC consiste à standardiser les données fournies par les différentes sources (c’est-à-dire, les traduire sur une échelle commune). On utilise pour ce faire la méthode des percentiles. Cette technique utilise les classements établis par chacune des sources individuelles. Cela est utile pour combiner des sources dont la répartition est différente. Même si cela entraîne une perte d’information, cette technique permet en revanche que tous les scores rapportés restent dans les limites de l’IPC, c’est-à-dire compris entre 0 et 10.

Hein ! Non ! Il n’y a rien à standardiser. Il n’y a rien à traduire en une échelle commune. La méthode des percentiles n’est pas applicable dans ses opinions… Pourquoi ? C’est parce que TI demande, aux sondés, de répondre par : « Oui, non, je ne sais pas, je ne veux pas », etc. Inutile de sophistiquer pour rien. Sous toutes les latitudes, la réponse à ce genre de question est la même. La langue vernaculaire est la seule qui change. Chacun s’exprime dans la sienne :

{Yego} en kirundi et en kinyarwanda ; oui, en français ; yes en anglais, etc., là où le sondeur veut obtenir la réponse « oui ». Que fait-elle la championne TI à la seconde étape de ses constructions métaphysiques ? Elle fait ceci, en effectuant sa béta-transformation ! et en calculant son écart-type, soit l’écart quadratique moyen, sur les mots « oui, non, je ne veux pas … », parbleu !

« 2. La seconde étape consiste à effectuer une ‘’béta-transformation’’ des scores standardisés. Cela augmente l’écart-type de l’IPC entre tous les pays et permet de différencier plus précisément les pays qui semblent obtenir des scores similaires. »

C’est nous qui soulignons. Puis, à la troisième étape, ô ! elle est prête pour extraire les dindons de ses chapeaux, après avoir effectué son « une béta-transformation » dont il ne faut pas lui demander ce que cela veut dire et comment elle la manipule !

« 3. Enfin, les scores IPC sont déterminés en établissant la moyenne de toutes les valeurs standardisées pour chaque pays. »

Ô ! là-là ! Voici le dindon ! Et le créationnisme est terminé :
« Résultats : Le score et le classement IPC sont accompagnés d’un certain nombre de sources, des valeurs maximales et minimales attribuées à chaque pays par les sources de données, de l’écart-type et de l’intervalle de confiance pour chaque pays. »

Dans leur « Baromètre mondial de la corruption 2010 » du 09 décembre 2010, prélude de son rapport sur sa « Global corruption 2010 », comme reportent sa filiale, Transparence-France, en sa mère elle-même, TI dit avoir recueilli des opinions de 91.500 individus sondés dans 86 pays (03) :

« En 2010, le Baromètre a interrogé 91.500 personnes dans 86 pays, ce qui en fait l’édition la plus complète depuis sa création en 2003. Le Baromètre présente l’opinion du public sur les niveaux de corruption dans leurs pays respectifs et sur les efforts de leurs gouvernements pour lutter contre la corruption. Le Baromètre 2010 enquête également sur la fréquence de la corruption, les raisons pour lesquelles des pots-de-vin ont été payés au cours de l’année passée, et l’attitude par rapport à la dénonciation de cas de corruption. » (04)

Ce n’est certainement pas le nombre de Pays qui nous intéresse uniquement. C’est aussi, et surtout, le total de la population dans ces 86 pays dont elle, la populace a eu par échantillonnages la grâce et l’honneur de répondre au questionnement de TI, sur ce qu’elle, TI penserait à propos du fléau de la corruption ; fléau que nul ne peut nier pour la trop simpliste raison que tout le monde en parle. Que tout le monde en parle n’est ni axiome ni monstration. Nous voudrions, et nous aimerions que Vive le Droit d’un savoir Neutre : « Où, quand, comment, pourquoi », et combien, en l’occurrence !

En 2010, la population mondiale était, en moyenne, de quelque 6.883.544.000 habitants. Dans ces quelque 91.500 personnes sont compris des mineurs de 16 à 18 ans non révolus. Or, la neuroscience et la biologie nous enseignent que l’être humain naît avec un cerveau qui pèse 25 % de son volume adulte, contre 70 % de celui au chimpanzé. On n’interroge pas les mineurs quand, dans l’échantillon final, sont contenus des adultes ! Que font-ils, ces adolescentes et les adolescents de moins de 18 ans dans tout cela ? Ils sont encor immatures ! jusqu’à l’âge de 18 ans révolus.

Les experts nous informent : En 2010, « 28% de la population mondiale est âgée de moins de 15 ans et 7% ont 65 ans et plus » : [La population mondiale est de 6 967 208 662 personnes mardi 16 août 2011 à 17 h 49 min et 08 s qu’ainsi je tire, en résume : La cadence horaire de la population mondiale, in http://www.populationmondiale.com.

Supposons, alors, pour simplicité, qu’en 2010 l’on pouvait compter 70 % de la population mondiale de 16 ans et plus, soit 4.818.480.800 individus ; et 2.065.063.200 personnes de 0 à 15 ans.

L’œuvre à la Messianique serait !

Sur 4.818.480.800 personnes, TI a sondé les opinions de 91.500 unités sur le phénomène corruption, donc 0,0019 % ! Nous savions jusqu’aujourd’hui que la taille d’un échantillon devait être comprise entre 2 % à 5% de la population statistique totale pour être fiable. (04) Mais, 2% de 4.818.480.800 unités, c’est bien égal à 96.369.616 individus « soudables ». Aujourd’hui, grâce à TI, nous savons, que 96.369.616 personnes sont égales à 91.500 individus. C’est déjà quelque chose ! C’est sa filiale Transparence-France qui nous explique comment sa Maison-mère a fait concrètement dans « Baromètre mondial de la corruption » déjà cité :

« Dans chaque pays, l’échantillonnage est probabiliste et a été conçu pour représenter la population adulte générale. La couverture générale de l’échantillon est la suivante : 83 % nationale et 17 % urbaine. Les entretiens ont été réalisés soit en face-à-face, en utilisant des questionnaires auto-administrés, soit par téléphone, par téléphone assisté par ordinateur ou par internet (surtout dans les pays développés), auprès de personnes des deux sexes âgées de 16 ans et plus. »

Rien ne nous garantit que si les éventuels répondeurs à ses sondages par un « oui, non, je ne sais pas, je ne veux pas répondre » disent la vérité ou le mensonge ! Puis, vient le hic ! Transparence Internationale pondère ses échantillons de sondages par pays afin de représenter le phénomène de la corruption à l’échelle nationale et mondiale. Mais elle se garde bien de dire d’où elle tire ses paramètres de pondération et comment elle procède ! Ah ! Encore une fois, lisons comme la mère et sa fille pondèrent leurs mystères :

« Les données ont été pondérées en deux étapes, afin d’obtenir des échantillons représentatifs par pays et à l’échelle mondiale. Les données ont été une première fois pondérées pour générer des données représentatives de la population générale pour chaque pays. Une seconde pondération, selon l’ampleur de la population interrogée, a été ensuite appliquée pour obtenir des totaux mondiaux et régionaux. »

Oui, mais comment la géniale, TI, fait-elle à pondérer les opinions ! Essayons. Et c’est trop simple. Si dans 10 pays africains, 75 % des individus sondés a répondu qu’ils auraient payé des pots-de-vin à l’autorité publique, alors les Africains ont payé. En particulier, si quelques Ougandais qui ont subi le test sur la corruption ont répondu oui, alors tous les Burundais, tous les Rwandais, tous les Tanzaniens, tous les Centrafricains, tous les quaquaraquoi ! en âge de donner ont nécessairement donné des pots-de-vin.

Par proportion, de la réponse de quelques individus qui probablement ont des comptes à rendre ont dit « oui », alors tout le monde est corrupteur. Et pour donner la meilleure image de certains Etats ou Territoires, alors … ; et pour enfoncer tout le reste, le chemin est ouvert, là où l’imagination ne manque pas. Enfin, dans la note (06) ci-après, le lecteur peut savourer un extrait de genre de questionnaire que TI administre à ses élus. Il faut conclure : Le tapis est rouge. Il n’y a rien à conclure. Mais, si nous étions un homme libre, et s’il nous était permis de dire, alors nous dirions, espérant que ça ne mérite pas la pendaison.

A l’Ame qui souffre

Si Charles Baudelaire, de « L’Irrémédiable », ne se révoltait dans la tombe, peut-être le contredirais-je ! Car, il n’y a rien « Qui donne à penser que le Diable Fait toujours bien tout ce qu’il fait ! ». Qui donne à penser, déjà ! Quand, hier j’ai commencé la grimpette de la Montagne de Transparence Internationale, je croyais aller au sommet de la Science, à la découverte de l’or fondu par le soleil. Mes genoux se sont écorcés, décortiqués de pierres d’embûches d’humaine patience : Coire ou ne pas croire !

J’allais à la recherche de Lion Céleste, pour apprendre comment l’on devient idolâtrie. J’ai trouvé une lionne vêtue de paillettes de bambou ornées de fleurs du Mal de décadences décomposées. Pourrie ! Est-ce possible que pour un oui, ou pour un non, faut-il tout le temps mourir de vergogne de quand-dira-t-on de débiles que nous sommes ? Allons voir, Mignone, si les roses perdent leurs épines ! Madame ! Comme Difficile est labourer le fer, là où il est toujours froid.

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Notes

(01)Giuseppe Cicchitelli, Probabilità e Statistica, Maggiori Editore, 1984, 2001.

(02) Transparency International, http://www.transparency.org/policy_research/surveys_indices/cpi/2010/in_detail#4.

(03) Liste des 86 pays de 91.500 individus qui auraient eu l’honneur de répondre au questionnaire psychologique de Transapency International : A) Asie Pacifique : Afghanistan, Australie, Bangladesh, Cambodge, Chine, Iles Fidji, Hong Kong, Inde, Indonésie, Japon, Corée du Sud, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Papouasie Nouvelle-Guinée, Philippines, Îles Salomon, Singapour, Taïwan, Thaïlande, Vanuatu, Vietnam. Total 22 pays. B) UE+ : Autriche, Bulgarie, République Tchèque, Danemark, Finlande, France, Allemagne, Grèce, Hongrie, Islande, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovénie, Espagne, Suisse, Royaume-Uni. Total 24 pays.
C) Amérique Latine : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Salvador, Mexique, Pérou, Venezuela. Total 9 pays.
D) Moyen-Orient et Afrique du Nord : Israël, Irak, Liban, Maroc, Palestine. Total 5 pays. E) Pays de l’ex-URSS + : Arménie, Azerbaïdjan, Biélorussie, Géorgie, Moldavie, Mongolie, Russie, 8. Ukraine. Total 8 pays. F) Amérique du Nord : Canada, Etats-Unis. Total 2 pays.
G) Afrique subsaharienne : Cameroun, Ghana, Kenya, Liberia, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone, Afrique du Sud, Ouganda, Zambie. Total 10 pays.
H) Balkans occidentaux + Turquie : Bosnie-Herzégovine, Croatie, Macédoine, Kosovo, Serbie, Turquie. Total 6 pays.

(04) Transparence-France, « Baromètre mondial de la corruption 2010 », 09 décembre 2010, http://www.transparence-france.org/e_upload/pdf/barometer_report_2010_fr.pdf . Transparency International, « The current Global Corruption Barometer », http://www.transparency.org/policy_research/surveys_indices/gcb/2010, Berlin, 9 December 2010.

(05) D’après certaines opinions, la taille d’un échantillon n’a aucune importance. Car, disent-elles, il suffit que la condition 1 ≤ n, où n fini, est le nième élément constitutif, soit satisfaite. Elles précisent : Il y a aussi la question des finances : Les sondages, ça coûte. Ecoutez-les, en silence, sans crier. Ne leur dites pas qu’ils ont, dans leur vie, de mauvais médecins qui leur ordonnent de faire des économies pour faire de bons sondages. Aucun scientifique non hérétique ne le soutient. Mais, sur Internet, elles abondent.

(06)Questionnaire de Transparency International, in http://www.transparence-france.org/e_upload/pdf/barometer_report_2010_fr.pdf

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