Jeudi 10 octobre 2024

Politique

« N’intoxiquez pas la jeunesse ! »

03/06/2021 10
« N’intoxiquez pas la jeunesse ! »

Certains jeunes qui n’ont pas vécu les moments douloureux du passé sont parfois auteurs ou victimes de messages haineux. Le sociologue Patrice Sabuguheba explique que certains parents et l’entourage en sont responsables.

Des jeunes qui n’ont pas connu la violence de masse deviennent des auteurs de discours haineux. Pourquoi?

Ces messages, pour eux, c’est comme une leçon d’histoire de la part des anciens. Ils écoutent et lisent avec cette multiplication des moyens de communication, tels les réseaux sociaux. Ils suivent rarement les médias reconnus. Ils n’ont plus l’occasion de côtoyer les parents autour du feu ou écouter les bons conseils des sages. Ils croient en ceux qui parlent du passé et les prennent pour des historiens, des scientifiques. Mais ce sont des auteurs de messages de haine qui conduisent aux divisions.

N’y a-t-il pas des parents qui influencent négativement leurs enfants?

Une minorité des parents peut toujours attiser la haine. Ces parents rappellent à leurs enfants que leur grand-père et grand-mère sont morts à cause d’un groupe social donné qui est mauvais. Un groupe communautaire est taxé de bourreau. Si ces enfants ratent des discours positifs, de réconciliation, de paix, peu à peu ils s’inspirent d’un passé sombre. Comme conséquence, ils risquent de garder ce venin de la haine. Ils sont influencés et, par la suite, ils peuvent influencer les autres.

Quelles conséquences pour la société ?

Des jeunes peuvent former des groupes, se solidariser pour des réactions massives contre ceux qu’ils considèrent comme des ennemis. Des vengeances voient le jour. Ce sont des violences de masse, des destructions. L’élément déclencheur étant un discours haineux qui n’a pas été confronté au discours pacifiste et réconciliateur.

Comment prévenir l’irréparable ?

Pour bâtir une société juste et prospère, les parents et les familles doivent délivrer des messages de bonté, d’amour, de responsabilité et de citoyenneté. Ils sont complétés par l’action du système éducatif, le monde associatif et professionnel. Tout un chacun devrait consolider le sens de la réconciliation et de la cohabitation pacifique. Même des enfants nés dans des familles qui les ont façonnés par des discours de haine auraient alors la chance d’adopter des opinions pacifistes.

L’administration, l’autorité judiciaire et les forces de sécurité doivent jouer leur rôle : intervenir pour redresser, conseiller et parfois punir les auteurs des messages de haine. Il faut que tous ces corps interviennent avant que les choses ne tournent au vinaigre. Il faut également faire des séances de sensibilisation où le monde médiatique doit jouer un rôle prépondérant.
Propos recueillis Jérémie Misago

Forum des lecteurs d'Iwacu

10 réactions
  1. Nshimirimana

    A ceux qui se lancent dans les commentaires de mon propos, je vous rappelle que la connaissance de la vérité, des faits et pour ce qui nous concerne la mise en évidence de ce qui s’est passé durant les années sombres de notre histoire, doit toujours précéder cette réconciliation, cet amour fraternelle tant rêvé et tout ce que vous voulez (unité nationale, sport de l’unité, hymne de l’unité etc…). De grâce, arrêtez de travestir la bonne démarche d’une vraie réconciliation par des considérations à l’emporte-pièce. Il y a eu des morts, un génocide comme certains le disent, des orphelins, tant de veufs et de veuves. Nos enfants doivent l’apprendre, le savoir, le comprendre et en tirer les leçons. Agapfuye ntikabazwa ivu, kabazwa abagakoze chers amis!

  2. Nshimirimana

    Monsieur Patrice Saboguheba,

    J’avoue ma peine à comprendre le sens de votre propos. Imaginez, Cher Monsieur, les fosses communes qui sont entrain d’être découvertes partout dans le pays et pour vous, il ne faut surtout, surtout pas, en parler aux enfants! Et pour faire mieux faire , « les parents et les familles doivent délivrer des messages de bonté, d’amour, de responsabilité et de citoyenneté » face à ces drames, sans les nommer , bref, appliquer l’adage selon laquelle « agapfuye kabazwa ivu ». C’est ça « bâtir une société juste et prospère »? Non, les lecteurs d’Iwacu mérite mieux

    • Niyungeko

      Oui, en tant que lecteur d’iwacu, j’apprécie les propos de monsieur Patrice Saboguheba. Un Burundi apaisé et réconcilié avec lui-même est possible. Cela prendra du temps mais ce temps viendra! Et c’est par ce genre de discours que l’on y arrivera.

    • Bavugirije

      Pour répondre à votre interrogation, je me pose la question de savoir ce que dirait Notre Seigneur Jésus-Christ s’il revenait sur notre terre maintenant et voyait ces fosses communes que vous évoquez (c’est évident qu’il les voit). Il en pleurerait certainement mais il nous ramenerait à sa loi: Aimez-vous les uns les autres!!!

      Nous sommes blessés, nous avons péché et nous avons besoin de nous réconcilier entre frères et soeurs d’un même pays. Jésus-Christ, après sa résurrection, n’a jamais rappelé à ses apôtres les souffrances que lui ont infligées Pilate, les soldats romains et ses bourreaux. Il avait pardonné à tout ce beau monde avant de mourir sur la croix. Revenu du shéol, sa salutation aux apôtres était simplement: la paix soit avec vous.

      Jésus-Christ est notre modèle. Nous devons marcher dans ses pas. Il nous a laissé des outils redoutables contre le mal à savoir les sacrements et parmi ceux-ci, le sacrement de pénitence. Nous devons regretter le mal que nous avons commis contre nos frères et soeurs, en demander pardon et revenir sur le droit chemin qui mène vers le Père. Ce chemin exige de nous d’acquérir la charité et l’humilité. Nous ne devons pas perdre de vue que avoir l’humilité n’est pas ube chose facile pour qui connaît l’ego du murundi. Il nous faut apprendre à supporter les souffrances et toutes sortes d’épreuves que Dieu met exprès sur notre route pour casser progressivement notre ego et nous forger un coeur brisé. Nul ne verra Dieu sans avoir la charité et un coeur brisé!

    • O.K.

      Non, Monsieur Nshimirimana. Les lecteurs d’Iwacu méritent un message d’amour.
      L’amour est la fondation d’une famille unie et prospère et partant d’un pays prospère.
      Nourrir l’amertume et la haine, c’est favoriser le cercle vicieux des tragédies cycliques qui ont endeuillé notre pays. Et nous ne sommes pas encore sortis du bois.

    • Jules

      Monsieur Nshimirimana,personne n’appelle à cacher ou à nier les massacres qui ont endeuillé notre pays,massacres qui d’ailleurs ont bien concerné les hutus aussi bien que les tutsis.

      Mais à vous lire;on dirait que vous vous sentez directement visés par les conseils de Monsieur Sabuguheba.

      Seriez-vous parmi ces parents ou ainés qui enseignent ou endoctrinent plutôt leurs enfants à détester profondément ; irrémédiablement et injustement;voire discriminer si on est en position de force tout individu qui n’a rien à voir avec ces massacres que vous citez,voire qui est né 20 ou même 30 ans après les dits massacres?

      Pour le simple fait qu’ il ou elle ne serait pas du même tribu ,catégorie sociale ou du même ethnie que la votre ,comme le disent maladroitement certains burundais qui ne sont pas encore parvenus à comprendre qu’au Burundi il n y a qu’une seule ethnie si l’on s’en tient à la définition du mot ethnie.

      Si chaque burundais;réfléchissez et agissez ainsi; c’est-à dire ne pas faire les choses proprement en accusant et en punissant les véritables responsables de ces massacres,mais plutôt rapporté la culpabilité sur tout le groupe ou si vous voulez toute l’”ethnie” par une généralisation ignominieuse et déshonorante et en jetant tous les torts qui sont arrivés à son propre “groupe” sur tout autre “groupe”, auquel il ou elle ne sent pas appartenir,aussi parce qu’il ou elle refuse de voir et de reconnaître les responsabilités et les torts commis par ceux de son propre “groupe” à l’autre “groupe”.

      Pensez-vous que le Burundi,en tant que nation unifiée tiendrait-il encore combien d’années? Avant qu’il ne soit profondément divisé et que l’on ne pense à subdiviser le pays en les fameux hutuland et tutsiland?

    • Jules

      Monsieur Nshimirimana,personne n’appelle à cacher ou à nier les massacres qui ont endeuillé notre pays,massacres qui d’ailleurs ont bien concerné les hutus aussi bien que les tutsis.

      Mais à vous lire;on dirait que vous vous sentez directement visés par les conseils de Monsieur Sabuguheba.

      Seriez-vous parmi ces parents ou ainés qui enseignent ou endoctrinent plutôt leurs enfants à détester profondément ; irrémédiablement et injustement;voire discriminer si on est en position de force tout individu qui n’a rien à voir avec ces massacres que vous citez,voire qui est né 20 ou même 30 ans après les dits massacres?

      Pour le simple fait qu’ il ou elle ne serait pas du même tribu ,catégorie sociale ou du même ethnie que la votre ,comme le disent maladroitement certains burundais qui ne sont pas encore parvenus à comprendre qu’au Burundi il n y a qu’une seule ethnie si l’on s’en tient à la définition du mot ethnie.

      Si chaque burundais;réfléchissez et agissez ainsi; c’est-à dire ne pas faire les choses proprement en accusant et en punissant les véritables responsables de ces massacres,mais plutôt rapporté la culpabilité sur tout le groupe ou si vous voulez toute l’”ethnie” par une généralisation ignominieuse et déshonorante et en jetant tous les torts qui sont arrivés à son propre “groupe” sur tout autre “groupe”, auquel il ou elle ne sent sent pas appartenir,aussi parce qu’il ou elle refuse de voir et de reconnaître les responsabilités et les torts commis par ceux de son propre “groupe” à l’autre “groupe”.

      Pensez-vous que le Burundi,en tant que nation unifiée tiendrait-il encore combien d’années? Avant qu’il ne soit profondément divisé et que l’on ne pense à subdiviser le pays en les fameux hutuland et tutsiland?

    • Jereve

      Je devine que Nshimirimana a des enfants. J’en ai aussi. Aux miens, je leur dis que nous avons vécu des choses horribles, que les nôtres ont été massacrés gratuitement. C’est triste et révoltant, mais Ils doivent le savoir, surtout j’insiste, pour ne pas sombrer dans la folie des vendettas.

    • ntare minott

      Tu as tout à fait raison, il y’a rien à cacher à qui que ce soit sur le passé de notre pays. Mais la manière avec laquelle la CVR est entrain de mener cette mission ne peut en aucune facon nous mener vers la reconciliation tant attendue. Nul ne saurait oublier que l’histoire postcoloniale de notre pays si entachée de sanglants massacres ne commence pas en 1972, mais plutot 10 ans avant.
      Ainsi, j’aimerais moi aussi que cette CVR cherche à identifier les fosses communes dans lesquelles a enseveli mes arrières grands parents par la jeunesse Mirerekano en 1965.

    • Rendre hommage à ceux innocents péris dans des conditions ignominieuses suite à la folie de l’élite des gouvernants de l’époque n’est pas en soit mauvais. Toutefois ; la manière dont agit la CVR ne rassure peut-être que ceux qui l’ont mis en place. Les doutes commencent déjà quand celle-ci a été mise en place. A mon humble avis, ce n’est pas dans le show des événements qui ont suivi 2015 qu’il fallait mettre en place une commission qui va traiter des questions si sensibles qui sont à l’origine des deuils cycliques qu’ont connu les Barundi. En outre, la CVR n’arrive à convaincre pourquoi ses efforts sont concentrés sur des événements qui se sont déroulés dans une période qui ne correspond pas au début de la période sur laquelle s’exécute son mandat. Avant ou après les fosses communes sur lesquelles la CVR travaille maintenant, y aurait il pas eu d’autres massacres ?

      Enfin, au lieu de jouer un jeu qui ne fait que perdre du temps au burundais déjà fatigués; ne serait il pas mieux d’aller à l’école de Nelison Mandela qui a sû gérer les effets de l’apartheid dans 5 ans seulement ? Pourquoi continuer à jouer sur les émotions des gens seulement au lieu de nous attaquer aux vraies questions de la pauvreté qui font que le pays reste classé le 1er pays le plus pauvre du monde? A qui profite cette honte?
      Réveillons!!!

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