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Les salaires des balayeurs de Bujumbura s’éternisent

23/04/2012 Commentaires fermés sur Les salaires des balayeurs de Bujumbura s’éternisent

Jusqu’à présent, les travailleurs encadrés par l’association AJADE n’ont pas eu leurs payes. Seule source de revenu, subvenir aux besoins vitaux de leurs familles, est devenu presque impossible.

Mère de quatre enfants, B.G, s’active à balayer dans la rue, son travail au quotidien. Préoccupée, le cœur n’y est pas. Elle a quitté la maison laissant seulement 1000 Fbu pour acheter un peu de farine de manioc pour nourrir ses enfants. Elle ne sait pas par quel miracle elle trouvera encore d’argent pour le lendemain. Entre temps, le propriétaire de la maison qu’elle loue, ne lui donne pas de répit. Elle se demande où elle va trouver l’argent pour payer le loyer : « Dans le contrat de bail, il est stipulé que je lui verse 20 mille Fbu avant le 10 de chaque mois. Mais je suis incapable, car je n’ai pas encore eu mon salaire de ce mois. » Elle n’est pas seule dans cette situation. C’est aussi la même chose pour celles ou ceux embauchés par l’Association des Jeunes Amis pour le Développement (AJADE). Pas de salaires jusqu’au 19 avril et ce n’est pas la première fois que leurs rémunérations tardent. Il y a deux mois, ils ont même été payés le 26 : « Même si on ne gagne que très peu, cela nous aide à payer au moins nos loyers et certaines choses. Mais à cause de ces retards, nous ne savons plus quoi faire », se plaint-elle. Autre difficulté : par peur de perdre leur emploi, certains sont obligés de s’acheter du matériel (balaies, coupe-coupe, etc.), car elles ont été prévenues par leurs supérieurs : si quelqu’un osait venir sur le lieu de travail sans matériel, il sera remercié : « Certains ont été contraints d’emprunter de l’argent pour s’en procurer. »

Des difficultés financières, tous les trois premiers mois de l’année

Jean Bosco Girukwishaka, secrétaire général de l’AJADE et chef de projet de salubrité en mairie de Bujumbura, ne nie pas que ces derniers mois, les salaires sont versés tardivement sur les comptes des travailleurs de cette association : « Depuis le commencement du projet (mai 2008), au début de l’année, les trois premiers mois, les salaires ne sont pas versés à temps. A ce moment-là, la mairie éprouve des difficultés financières. » D’après lui, les principales ressources issues des déclarations faites par le contribuable notamment les impositions, les taxes viennent au compte-gouttes. Mais souvent, précise-t-il, à partir du quatrième mois, la mairie opte pour le recouvrement forcé. Ainsi, ces retards s’estompent puisque les caisses de la mairie se remplissent progressivement. Le chef de projet de salubrité en mairie de Bujumbura compatit et reconnaît que ces travailleurs, vivant déjà dans des conditions difficiles, ont terriblement besoin de leurs salaires. Pour les aider, il indique que l’association avalise ceux qui le veulent pour qu’ils puissent avoir de petits crédits ou de découverts en attendant : « On ne peut que les assister dans ce sens là. » Pour ce qui est du manque de matériel, Jean Bosco Girukwishaka admet que suite aux difficultés financières, la mairie n’a pas pu les renouveler depuis le mois de février 2012. Ce qui se fait normalement tous les trois mois. De plus, souligne-t-il, la convention stipule clairement que c’est la mairie qui s’occupe de l’achat de tous les matériaux utilisés. « Ceux qui les ont achetés par leurs propres moyens seront remboursés », précise-t-il, tout en précisant que d’ici, la fin de cette semaine, ces travailleurs recevront leurs salaires.

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Plus de 520 travailleurs de l’AJADE sont chargés de faire la propreté sur les principaux axes routiers de la capitale burundaise : curages des caniveaux, engazonnement des espaces verts et municipaux, balayage des huit marchés de la mairie. Ces derniers, selon le secrétaire général, sont parmi les populations les plus vulnérables notamment les veuves pour qu’elles puissent subvenir aux besoins de leurs enfants (être capable de payer leurs frais de scolarisation), les filles- mères, les hommes ou femmes démobilisées, les enfants en situation de rue qui veulent travailler, les femmes mendiantes. Ils sont regroupés dans des équipes composées de 10 personnes avec un chef à la tête. Les uns gagnent 2000 Fbu par jour, les autres 3.000 et travaillent de 7 heures 30 à 14 heures 30. Enfin, ils ont droit à trente minutes de pause par jour.

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