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Le péché structurel du Cndd-Fdd

05/05/2013 Commentaires fermés sur Le péché structurel du Cndd-Fdd

La religion du maquis est, depuis que le parti Cndd-Fdd est aux affaires, transférée dans l’espace public.

Les caciques du parti présidentiel, dont le sénateur Gélase Ndabirabe qui n’a fait qu’être le héraut d’une idée-force du système Cndd-Fdd, sont persuadés d’être, en toutes circonstances, dans la vérité puisque Dieu est de leur côté. Ipso facto, c’est une légitimation religieuse qui est le soubassement idéologique du parti. Le complexe de supériorité qui en découle explique, en dernier ressort, les actions politiques majeures du parti présidentiel et partant les plus controversées.

Parmi ses implications, il faut relever, de la part des élites politiques actuelles, des tendances lourdes comme une propension à ne pas faire grand cas des préoccupations de la société civile, voire les balayer d’un revers de main ; à recourir, le cas échéant, à la guerre clandestine contre un adversaire politique érigé en ennemi – le plan « safisha » contre les FNL d’Agathon Rwasa – et à jeter le discrédit sur les médias privés.

Le moyen de prédilection du parti de l’aigle, pour jeter le discrédit sur les médias privés, consiste à entretenir, à la faveur de l’actualité, l’amalgame entre certaines associations de la société civile, l’ADC – Ikibiri et les médias privés. Pour signifier que ces derniers partagent un seul et même but : le changement de régime. Or, un tel but est, selon eux, contraire à la volonté divine dont le parti Cndd-Fdd s’est fait le prophète. En témoignent ces mots en kirundi gravés sur un bloc de pierre sculpté dans l’enceinte de la permanence nationale du Cndd-Fdd : « {Isezerano ritazohinduka : Imana twahihaye ikibanza ca mbere mu mugambwe Cndd-Fdd.} » Voici une traduction libre en français : « Une alliance éternelle : Dieu occupe la première place au sein du parti Cndd-Fdd. »

Ainsi des journalistes peuvent se retrouver en prison à fortiori lorsque, dans l’exercice de leur métier, ils sapent cette légitimité religieuse autoproclamée. En dénonçant, par exemple, les cas de grande corruption et d’exécutions extrajudiciaires impliquant des agents des forces de l’ordre ou des grands dignitaires du régime en place.

L’implication majeure de cette légitimité religieuse autoproclamée est la rétractation de l’histoire dans la temporalité qui peut se résumer en cette intime conviction : « Nous sommes au pouvoir, aujourd’hui, nous le serons aussi demain {ad vitam aeternam}. » Le philosophe Daniel Bensaïd a tenu des propos qui semblent, en l’occurrence, prémonitoires : « Quand le sacré est en haut, la politique est en bas ».

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