Le Rapport mondial 2025 de Reporters Sans Frontières révèle une dégradation alarmante de la liberté de la presse au Burundi, au moment où le monde célèbre, ce 3 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse. En l’espace d’une année, le pays est passé de la 108ème position à la 125ème sur 180 États évalués.
Le score global recule également, chutant de 51,78 à 45,44. Cette régression se manifeste dans chacun des cinq indicateurs clés analysés par RSF : politique, économique, législatif, social et sécuritaire.
Sur le plan politique, l’indicateur mesurant le degré d’ouverture des institutions et la liberté d’expression dans le débat public passe de la 100ᵉ place avec un score de 45,32 en 2024, à la 101ᵉ en 2025, avec un score abaissé à 41,98. La situation économique des médias se détériore également de manière marquée : le pays glisse de la 85ᵉ place (44,89 points) à la 106ᵉ position, avec seulement 38,61 points en 2025.
Sur le plan juridique, après une légère ouverture en 2024, marquée par la 113ᵉ place et un score de 53,32, le Burundi perd du terrain, tombant à la 126ᵉ position avec un score réduit à 47,86.
L’indicateur social, qui évalue la capacité des journalistes à couvrir des sujets sensibles tels que la corruption, les droits humains ou encore les zones rurales isolées, recule lui aussi. Le pays passe de la 103ᵉ place (58,01 points) à la 121ᵉ place (50,35 points) en un an.
Enfin, l’indicateur sécuritaire, qui prend en compte les violences et menaces à l’encontre des professionnels des médias, confirme cette tendance à la baisse. Le Burundi était classé 115ᵉ en 2024 avec un score de 57,37. En 2025, il se retrouve à la 123ᵉ position, avec un score de 48,39.
Une presse morose
Ce recul généralisé suscite l’inquiétude des défenseurs des libertés. Faustin Ndikumana, directeur national de l’organisation Parole et Actions pour le Réveil des Consciences et l’Évolution des Mentalités (Parcem), pointe un manque de suivi après les États généraux des médias tenus à Gitega. « À partir des États généraux, des orientations avaient été données, mais malheureusement le suivi et la mise en application n’ont pas suivi », déplore-t-il.
Il décrit un paysage médiatique appauvri, marqué par une perte d’initiative et d’investigation. « Si on analyse l’état actuel du journalisme, on voit qu’il y a une sorte de morosité. Par exemple, le journalisme d’investigation tend à disparaître. Une presse sans journalisme d’investigation, c’est une presse vraiment morose », affirme-t-il.
Selon lui, l’actualité telle qu’elle est relayée se limite trop souvent à la simple reproduction de déclarations officielles : « L’actualité qu’on voit, c’est une actualité qui reprend ce qui a été dit, ce qui a été annoncé, sans la moindre critique de la part des autres acteurs sociopolitiques ».
Faustin Ndikumana insiste sur le rôle fondamental de la presse dans la consolidation de l’État de droit : « On peut dénoncer sans accuser. Le journalisme d’investigation bien fait renforce la bonne gouvernance ».
Face à cette morosité ambiante, il plaide pour un engagement renouvelé en faveur d’un journalisme libre, responsable et ancré dans une véritable mission d’intérêt public.
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