Vendredi 26 avril 2024

Société

Handicapée, violée… elle vit un cauchemar

11/05/2021 2
Handicapée, violée… elle vit un cauchemar
Laurence Butoyi, 17 ans, victime du viol, marche à quatre pattes depuis plus de 10 ans.

De la commune Kigamba, province Cankuzo, Laurence Butoyi, 17 ans, vit avec un handicap, elle marche à quatre pattes. Elle a été violée, est tombée enceinte puis a perdu son bébé. Portrait d’un parcours atroce.

Au fin fond de la colline Rwamvura, zone et commune Kigamba de la province Cankuzo, Laurence Butoyi habite dans une cabane isolée, au milieu de la forêt et des champs.

Visage aux traits fins, elle dégage une beauté discrète. Atteinte d’infirmité, Laurence, 17 ans, marche à quatre pattes. Difficile de croire qu’elle a pu supporter une grossesse et accoucher.

Elle affirme qu’elle ignore la cause de son handicap. Un bon matin, la petite fille, alors âgée de 4 ans, quitte la maison en bonne santé pour aller puiser de l’eau. A son retour, elle s’évanouie subitement. Depuis ce jour-là, elle ne marche plus. « J’ai passé plusieurs jours à l’hôpital. L’on n’a jamais découvert la cause de mon état». Elle ne pouvait plus parler, marcher ni bouger. Petit à petit, elle est parvenue à bouger mais n’a plus été capable de marcher. Elle parle difficilement, comme un enfant qui apprend à parler.

Il y a environ sept mois, cette jeune fille a été victime d’un viol. « J’étais seule à la maison. Toute la famille était allée dans une fête chez les voisins». Un jeune homme, une connaissance de la famille, qui habite à proximité de chez elle, est venu plusieurs fois à la maison, ce jour-là. « Il me demandait où sont partis mes parents. Je lui répondais innocemment car je ne soupçonnais aucun mal chez cet homme que je voyais souvent venir nous rendre visite. »
Il commence à pousser brutalement la porte de sa chambre qu’elle quitte rarement. « Il m’a retenue prisonnière dans ses bras et m’a violée », raconte Laurence, au bord des larmes.

Entre la vie et la mort

Sous le choc, la jeune fille ne dit rien à sa famille. Quatre mois plus tard, elle commence à tomber malade et à s’affaiblir. Sa maman croit qu’elle souffre de la malaria. Difficile de soupçonner ou de remarquer une grossesse avec son handicap. Elle lui donne un traitement contre le paludisme. Mais son état ne s’améliore pas. Ses pieds commencent à gonfler. La maman fait même recours à la médecine traditionnelle. Aucun résultat. « Je commence à douter de cette malaria, car je savais au fond de moi ce qui m’était arrivée. » Elle décide de le raconter à sa mère. Cette dernière a eu du mal à le supporter. Elle a même failli se suicider.

Laurence Butoyi : « « Quand je vois n’importe quel homme, je cours me cacher.»

La grossesse est à 6 mois quand elle découvre être enceinte. Elle fait un suivi médical et les médecins lui disent que la date probable d’accouchement est au début d’avril 2021. Entre temps, l’auteur du viol s’était enfui depuis qu’il a appris que Laurence est enceinte. Il reste toujours introuvable.

La grossesse de Laurence n’est pas arrivée à terme. Un jour, elle passe une nuit blanche, elle avait des douleurs atroces au niveau du ventre. La grossesse est à 8 mois. Elle se rend sur un centre de santé et on lui donne des médicaments. A son retour, Laurence a une sensation bizarre. Elle se rend aux toilettes et appelle sa sœur jumelle. Cette dernière constate que sa sœur est en train d’accoucher. « Elle m’appelle au secours et je viens en courant. Le bébé est sorti et nous l’avons pris dans un pagne », raconte la tante de Laurence. Ils se dépêchent à l’hôpital avec le bébé. Les infirmiers leur disent de rentrer avec le nouveau-né, qu’il est en bon état. Mais le bébé ne pouvait pas téter. Une semaine après, il est mort.

De mal en pis…

Sœur jumelle d’une fratrie de huit enfants et issue d’une famille très pauvre, Laurence vit désormais en cachette, traumatisée. Elle a une phobie de tout être humain masculin. « Quand je vois n’importe quel homme, même un membre de la famille venir à la maison, je cours me cacher». Elle a désormais peur de rester seule à la maison.
Ses parents, cultivateurs, n’ont aucune source de revenus. Son père vit aussi avec un handicap au niveau des jambes. Il ne peut pas travailler. Seule sa mère passe ses journées à chercher de quoi nourrir sa famille.

La situation physique de Laurence ne lui facilite pas la vie dans sa condition de femme. « Souvent pendant ma période menstruelle, je ne trouve pas quelqu’un pour prendre soin de moi, me laver». Sa mère est souvent absente.
Depuis 13 ans, Laurence est condamnée à croupir à la maison. Elle ne sait pas à quoi ressemble une route goudronnée. Très rarement, elle peut se déplacer, en rampant, à quelques mètres de chez elle pour rendre visite à ses voisins.
Quelques âmes charitables viennent parfois lui rendre visite. Elle a déjà reçu des vivres, quelques vêtements et une petite somme d’argent.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. A.M. Manirabona

    Quelle horreur!
    J’aimerais envoyer un petit montant d’argent à cette fille. Est-ce que Clarisse peut me contacter?

    Merci

    • Clarisse

      bonjour. vous pouvez me laisser vos coordonnées et je vous contacte. Merci pour votre réaction.

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