Mercredi 01 mai 2024

Politique

Gihogazi : Quand la victime devient coupable

17/07/2019 Commentaires fermés sur Gihogazi : Quand la victime devient coupable
Gihogazi : Quand la victime devient coupable
Selon les témoignages, les quatre militants du CNL sont détenus dans les cachots du SNR au chef-lieu de la province Karusi.

Quatre militants du Congrès National pour la Liberté (CNL) sont incarcérés au chef-lieu de la province de Karusi depuis dimanche 14 juillet. Ils ont été arrêtés après une attaque perpétrée à leur domicile la nuit précédente. Leur famille politique se dit fâchée et demande leur libération.

Des sources contactées à Gihogazi par Iwacu concordent. C’est dimanche 14 juillet, vers 2 heures du matin que des cris déchirent le silence sur la colline Gasenyi. Selon ces sources, ils proviennent de la zone Rusamaza en commune Gihogazi à Karusi. La famille de Renate Nzeyimana vient victime d’une attaque perpétrée par des inconnus.

D’après ces témoignages, ses fils ainsi que des voisins interviennent aussitôt. Dans la foulée, quatre ‘‘attaquants’’ sont attrapés. «Ils sont entrés par effraction en forçant les portes de la maison avant de s’introduire à l’intérieur», rapportent les sources. «Lors de cette attaque, ils sont munis d’armes blanches dont des couteaux et des machettes. Ils sont visiblement décidés à commettre un meurtre».

Un cinquième ‘‘attaquant’’ sera très vite arrêté, vacillant dans la bananeraie, essayant de se sauver. «Ils étaient des dizaines. Certains sont entrés, d’autres sont restés dehors. Avec le secours des voisins, ces derniers ont pris le large», confie une source.

Les ‘‘attaquants’’ se révèleront tous des jeunes affiliés au parti au pouvoir. Il s’agit d’un certain Pierre Vyandariye, chef des Imbonerakure dans la zone Rusamaza, Albert et Désiré de la colline Gasivya et un certain Emmanuel de la colline Gasenyi.

Selon un représentant local du CNL, l’attaque chez Renate Nzeyimana semble être une sorte de piège. «Ils voulaient certainement la peau de son fils, un certain Jean-Marie Nshigikiwenimana, représentant des jeunes du CNL dans trois communes de Karusi».

Il estime que c’est pour cette raison que certains sont restés dehors : «C’est sûr, ils l’attendaient pour l’abattre s’il sortait pour aller intervenir chez sa mère».

Arrestation des victimes 

Au petit matin de dimanche, vers 6 heures, l’administrateur et le commissaire communal se rendent sur terrain pour s’enquérir de la situation.

Ils interrogent les ‘‘attaquants’’ sur place. «Mais nous constatons vite que l’interrogatoire est biaisé, ils tentent même de les libérer. Nous essayons de protester en criant fort», témoigne un habitant de la localité.

Après, ils sont conduits au centre communal pour interrogatoire devant un OPJ. Mais rien n’en sortira. La population accourue attendra en vain la décision.

Autour de 16 heures, poursuivent les sources, les agents du Service de renseignements à Karusi débarquent. «Ces derniers n’interrogent que la victime et ses fils. Nous comprenons alors qu’il anguille sous roche».

La population reste tranquille mais quelques-uns se montrent impatients. Après un temps, une décision tombe. Les responsables de l’attaque au domicile de Mme Renate Nzeyimana de la zone Rusamaza ainsi que la victime et ses trois fils, à savoir Jean-Marie Nshigikiwenimana, Emmanuel Ndayisaba et Cyprien Gahungu, sont embarqués pour Karusi.

Selon les témoignages, la suite sera plutôt drôle, confirmant les inquiétudes de la population. «En l’espace de quelques minutes après leur départ, alors que je suis dans un bistrot au centre communal, je vois tous les 5 jeunes malfaiteurs entrer et commander de la bière».

En fait, confient des sources, au bout du chemin vers Karusi, précisément à la colline Ramba, ils sont relaxés. «Les victimes quant à elles sont emprisonnées dans les cachots du SNR à Karusi depuis ce dimanche».

Les responsables locaux du parti CNL se disent outrés. Ils dénoncent une détention aux mobiles politiques. «Tous les quatre sont des militants de notre parti», reconnaît un des responsables du CNL.

Pour lui, aucune autre raison ne justifie l’emprisonnement des victimes d’une attaque : «Même les auteurs avaient été appréhendés », s’indigne-t-il. Il demande leur libération et l’arrestation des vrais coupables.

Contacté, Frédéric Ndikiminwe, le président du Cndd-Fdd en commune Gihogazi dit ne pas être au courant de ce cas, avant de nous raccrocher au nez. «Je ne sais pas, je n’en sais rien, personne ne m’en a informé.», a-t-il lâché.

Pour sa part, Antoine Bisabwimana, administrateur communal de Gihogazi, reconnaît l’emprisonnement des membres de la famille de Renate Nzeyimana. Il affirme être au courant de l’arrestation mais préfère ne pas en dire plus.

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