Les représentants de la coalition Amizero y’Abarundi fraction FNL se sont réunis ce mercredi 12 septembre. Le point à l’ordre du jour : créer un parti politique.
Le patron de la deuxième force politique du pays s’est lancé un grand challenge : se doter d’un parti politique. Ce mercredi, plus de 500 représentants de la coalition venus de tous les coins du pays se sont rassemblés à Bujumbura. Tous enthousiastes.
C’est une étape importante dans la création d’un parti. La loi régissant les partis politiques exige, entre autres, la production d’un procès-verbal sanctionnant la réunion constitutive de la nouvelle formation. Agathon Rwasa évoque une responsabilité historique. « Les Burundais aspirent à une meilleure gouvernance».
Lui et ses amis ont donc franchi ce cap avec succès. A l’issue de la réunion, le choix du nom a été porté à la connaissance du public. Il s’agit du Front National pour la Liberté-Amizero y’Abarundi, le FNL Amizero y’Abarundi.
La dénomination n’est pas anodine. L’ancien leader du mouvement rebelle « Palipehutu FNL », Agathon Rwasa, tient à garder les sigles qui ont incarné plusieurs années de lutte rebelle et politique.
Mais il y a risque que le patron du FNL agréé tique avec cette dénomination. Jacques Bigirimana a toujours monté le ton, quand il est question d’Agathon Rwasa et ne supporte pas que le nom FNL soit attribué à ceux qui sont restés fidèles à l’ancien patron du parti. Il veut à tout prix garder pour lui cette dénomination ancienne et symboliquement chargée.
Reste à savoir si la subtilité entre les « Forces Nationales de Libération » présidé aujourd’hui par Jacques Bigirimana et de celui du nouveau FNL Amizero y’Abarundi va passer.
Il y a une grande inconnue à laquelle vont faire face les leaders du FNL Amizero y’Abarundi : l’agrément par le ministère de l’Intérieur, gestionnaire des partis politiques.
Agathon Rwasa reste la bête noire du Cndd-Fdd, son véritable adversaire. Au sein du parti au pouvoir, il est considéré comme « quelqu’un à suivre de près, quasiment le seul par qui le danger peut arriver. »
Il faut le dire, la nouvelle Constitution a bouleversé le monde politique burundais, en l’occurrence la destinée des indépendants et des coalitions. A titre d’exemple, l’article 86 de la loi mère stipule qu’aucune coalition des indépendants ne peut être autorisée lors des élections. La coalition des indépendants Amizero y’Abarundi a longtemps décrié cette disposition. « Sans doute, une manière du pouvoir en place d’en finir avec cette coalition. »
Choix cornélien de Bujumbura
Or, les élections de 2020 arrivent à grands pas et il fallait vite réajuster, s’adapter au changement constitutionnel. On ne veut plus de la coalition des indépendants ? Très bien, trouvons une autre alternative. Il faut continuer de peser sur l’échiquier politique et la seule possibilité offerte par la nouvelle Constitution est de former un parti politique. « Ils savent que nous sommes forts, la preuve est à chercher dans les résultats des élections de 2015. Dans un contexte de crise et de boycott, l’on a créé la surprise, Agathon Rwasa arrivant deuxième avec 18,99% aux présidentielles, loin devant Gérard Nduwayo du parti Uprona qui a recueilli 1,36 %, » a rappelé un membre de cette coalition.
Par ailleurs, les sympathisants d’Agathon Rwasa ont dénoncé à plusieurs reprises les actes d’intimidation et les arrestations arbitraires. Plusieurs rapports onusiens et des organisations de défense des droits de l’Homme font état de l’intolérance politique principalement envers les militants de la coalition Amizero y’abarundi. L’administration a, quant à elle, toujours brandi la carte de l’illégalité, accusant cette coalition d’agir en tant que parti politique sans être reconnu par la loi.
Difficile donc de savoir le choix que va faire Bujumbura. Ne pas autoriser l’agrément du parti FNL Amizero y’Abarundi et prendre le risque d’être accusé de manque de fairplay et de verrouillage politique. Ou alors jouer franc jeu et accepter de se mesurer à ce parti lors des élections de 2020.
Par ailleurs, certains observateurs craignent que Bujumbura ne joue les prolongations et tarde d’agréer ce nouveau parti politique par des manœuvres dilatoires.
A ce sujet, Agathon Rwasa indique que Bujumbura a intérêt à ce que le climat politique se détende, que l’environnement politique soit ouvert à beaucoup plus de partenaires au lieu de continuer à l’obstruer. « Le ministère de l’Intérieur doit encourager à aider les Burundais à la décrispation ».
La coalition Amizero y’Abarundi s’est faite entre indépendants issus des militants sympathisants d’Agathon Rwasa et ceux de la fraction dissidente de l’Uprona avec ces leaders tels qu’Evariste Ngayimpenda et Tatien Sibomana.
Une coalition qui a surpris plus d’un, rassemblant en son sein les entités hutu et tutsi. Un symbole de solidarité et de réconciliation. Et c’est main dans la main que les leaders de cette coalition ont battu campagne pour le Non à la révision de la Constitution.
Maintenant que la nouvelle loi mère interdit la coalition des indépendants, les choses doivent changer. Agathon Rwasa a pris les devants en lançant la procédure de création de son parti. Néanmoins, il n’exclut pas la possibilité de constituer une coalition lors des prochaines élections. « L’esprit de la coalition reste. On encourage les autres à s’organiser conformément à la loi pour qu’on puisse fonctionner en tant que coalition le moment venu. »
Interrogé, Tatien Sibomana rappelle que la coalition Amizero y’Abarundi n’était pas une fusion mais une coalition de deux entités différentes.
L’Uprona Amizero y’Abarundi doit chercher son identité propre. Et c’est du côté de l’Uprona. « Nous allons tout faire pour recouvrer la légalité et la légitimité interne du parti Uprona. Cela passe par la mise en exécution de la décision de la Cour suprême et la mise en place un comité central.»
Tatien Sibomana indique que l’objectif d’une coalition avec le nouveau parti FNL Amizero n’a guère changé pour autant. « Comme vous l’a dit Agathon Rwasa, l’idée de se coaliser reste d’actualité ».
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