Vendredi 26 avril 2024

Editorial

Rester zen

06/10/2017 17

Un projet de loi crée déjà une onde de choc dans les esprits de certains politiques.

Au menu des projets de loi sur la table de l’Assemblée nationale pour cette session d’octobre figure entre autres la ratification par la République du Burundi d’un point modifiant l’Accord de partenariat entre les membres du groupe ACP d’une part et la Communauté européenne et ses Etats membres d’autre part. La polémique a aussitôt fusé de partout.

Deux questions hantent l’opinion: «Qu’est-ce qui motive le gouvernement burundais à modifier l’Accord ? Quels sont les points à réviser ?»

Conclu en 2000 pour une période de 20 ans, l’Accord possède une clause de révision tous les 5 ans. Ce qui a été fait en juin 2005. Pour un enfant de choeur, c’est très normal que le gouvernement propose des amendements trois ans avant l’échéance.

Ce qui n’est pas le cas pour certains politiques : il faut chercher la petite bête. Ils estiment que la révision portera, sans aucun doute, sur l’article 96 qui frappe déjà le gouvernement suite au gel de l’aide directe.

D’ailleurs, il a qualifié cette mesure de diktat, d’oukase, d’arbitraire. Une détermination à saboter l’Etat du Burundi.

Pour le vice-président du Frodebu, réviser ou enlever cet article de l’Accord revient à enterrer le respect des droits de l’Homme, les principes démocratiques, l’Etat de droit et la bonne gouvernance.

Même son de cloche de l’acteur politique, Tatien Sibomana. Il assure que le Burundi veut nuancer et alléger les obligations relatives aux droits de l’Homme, à la gouvernance politique et économique qui sont à l’origine des sanctions prises de l’UE.

Toutefois, certains experts en relations diplomatiques estiment que l’UE ne franchira pas sa ligne rouge, l’article 96 étant le coeur de l’Accord. Ou le Burundi propose d’autres amendements ou il quitte l’Accord. Celuici continuerait à exister sans lui car il concerne tous les pays ACP. Les relations entre le Burundi et l’UE passeraient par d’autres canaux diplomatiques.

Sûrement, en 2020, l’Accord de Cotonou sera revu. Les pays ACP trouvent qu’il contient des conditionnalités en leur défaveur. Le Burundi en fait partie. Plus que les autres, il est déjà sous le régime des sanctions. Dans les conditions normales, plus de la moitié de son budget national est financé par l’aide extérieure, une grande partie émanant de l’UE.

L’aide directe est suspendue, la population en paie les frais. La solution n’est pas donc de se retirer de l’Accord ou d’imposer aussi des conditionnalités.

Il faut que ces mesures soient levées. Mais l’autre dira qu’il faut plutôt que les raisons qui les ont motivées disparaissent.

En attendant le contenu du projet de loi et le vote des honorables députés, il faut rester zen.

Forum des lecteurs d'Iwacu

17 réactions
  1. Zen Ali

    Seuls Peter et son equipe peuvent rester comme moi. Ce se passera d’ailleurs comme ca bientot.

  2. Jean Habonimana

    L’UE doit être intransigeante avec les adeptes des crimes contre l’humanité. C’est contraire à toutes leurs valeurs. Les droits de la personne humaine notamment le droit à la vie ne sont pas négociables. Par ailleurs, l’UE ne nous doit pas notre vie. Elle nous finance uniquement par charité chrétienne d’abord et par mission civilisatrice ensuite. Je consens que l’Europe est entièrement déchristianisée mais elle s’est construite sur les valeurs chrétiennes d’humanité. C’est ainsi que le débat d’inclure « l’origine chrétienne » de l’Europe dans la Constitution UE a été houleux. Seuls les laïques à outrance français s’y sont opposés. C’est tellement vrai que même le drapeau de l’UE est inspiré de la couleur bleue et des étoiles de la Sainte Vierge. D’où l’allergie de l’anticlérical Jean-Luc Mélenchon contre le drapeau UE. De deux, l’UE se sent obligée de nous aider par mission civilisatrice. Les Européens sont encore convaincus que nous sommes des peuples encore primitifs. D’où la sortie de Sarchozy à Dakar : « L’Afrique n’est pas encore entrée dans l’histoire ». Nous sommes encore à l’âge préhistorique du temps des sacrifices humains. Comment douter de cette primitivité lorsqu’un régime qui se proclame chrétien et d’origine divine peut massacrer, mutiler, torturer, castrer, violer, embastiller et exiler des milliers de jeunes parce qu’ils ont une opinion différente d’abord et sont de la mauvaise ethnie ensuite ? Comme peut-il ordonner le vengeance sur des innocents, 45 ans après, si nous ne sommes pas des peuples de niveau civilisationnel préhistorique. L’UE ne doit absolument rien. Elle a déjà remboursé au centuple son péché de colonisation et d’esclavage. Mais c’est un tonneau des danaïdes impossible à remplir car des peuples de niveau civilisationnel préhistorique sont réfractaires à tout développement. Il n’y a que Donald Trump et Marine Le Pen qui peuvent le comprendre. Les autres se sentent obligés de nous jeter des piécettes comme disait le général de Gaulle se félicitant de la perte des colonies africaines. « Ouf ! Désormais nous allons leur jeter des piécettes sans le lourd fardeau de la colonisation » in « C’etait de Gaulle » par son ancien ministre et confident Alain Peyrefitte.

    • Gacece

      @Jean Habonimana
      Ma parole! L’Union Européenne, le Vatican et Jésus Le Christ devraient vous désigner Ambassadeur Plénipotentiaire de toutes leurs institutions dans tous les pays d’Afrique!

      Mais vous pouvez aussi vous contenter d’être un des commentataires de cet article… une opinion donc!… C’est correct d’avoir des opinions! Opinion arriérée, mais opinion quand même.

  3. Gacece

    Tous les contrats peuvent se renégocier, s’il y a une clause en ce sens. Le Burundi a le droit de proposer des amendements s’il en éprouve le besoin. Calmez-vous! Et restez zen!

    • Jambo

      Vous devriez tranquilliser surtout les parlementaires qui ne sont pas zen face à la rareté de devises et qui ne savent plus quoi dire à la population.
      En outre ,il faudrait leur expliquer qui propose et qui dispose dans de telles négociations. Que seule la volonté ou la détermination du bénéficiaire d’aide ne suffit pas pour faire basculer les conditionnalites du donneur. Une notion que les élus du peuple ne maîtrisent pas mais que la réalité socio-économique se charge de faire comprendre.

      • Gacece

        Qui réellement donne à qui? Je me suis toujours demandé ce qui arriverait si tous les pays africains faisaient un bloc commun et décidaient de ne plus importer de produits provenant d’Europe, ni y exporter de matières premières. Qui pensez-vous seraient les plus touchés? Qui auraient la chute la plus fracassante? Ceux qui sont montés plus haut ou ceux qui sont encore en bas?

        Mais vous avez vu autant que moi ce qui est arrivé à Kadhafi, qui avait entre autres projets, celui de financer un satellite de communication pour tous les pays africains. Pour qu’ils ne dépendent plus de l’Europe, plus précisément de la France, à laquelle les pays d’Afrique doivent payer des redevances dépassant 3 milliards de dollars, rien que pour servir de relai des communications entrant et provenant d’Afrique.

        En mettant tout en perspective, vous devriez vous rendre compte que l’Europe dépend le plus de l’Afrique que le contraire.

  4. NDAVUGAMIVUGO

    Le yuan est devenu une devise ! Travaillons, dirigeons comme les chinois et adoptons leur devise. Les occidentaux dehors !

    • Knz

      Vous abritez la pluie au lac. Meme le yuan depend du dollar.

    • Stan Siyomana

      @Ndavugamivugo: « Travaillons, dirigeons comme les chinois et adoptons leur devise. LES OCCIDENTAUX DEHORS! »
      1.Deja en 1960? le leader chinois Deng Xiaoping (au pouvoir de 1978 a 1992) avait declare:
      « Peu importe qu’un chat soit blanc ou noir. S’il attrape la souris, c’est un bon chat. »
      Cette citation est aujourd’hui utilisee pour expliquer LE PRAGMATISME CHINOIS en matiere d’economie (adopter certaines pratiques du systeme economique capitaliste alors que le parti communiste chinois est toujours au pouvoir.)
      (Voir Deng Xiaoping, http://www.wikipedia.org).
      2. « Grand artisan de la LIBERALISATION DE L’ECONOMIE CHINOISE, Deng Xiaoping avait en 1979, CHOISI LES ETATS-UNIS POUR SON PREMIER VOYAGE A L’ETRANGER EN TANT QUE CHEF DE L’ETAT, n’hesitant pas a se coiffer d’un Stetson pour bien marquer la rupture de son pays avec l’Union sovietique. »
      (Voir Clara Millet: Chine: la nouvelle frontiere de Xi Jinping. Jeuneafrique.com, 8 avril 2013).

  5. Mireille Mizero

    Mes chers amis le plus inquétant c’est que les pays du tiers monde doivent choisir entre le loup et le lion comme patron pour vivre dans la jungle. Les deux blocs capitaliste et communiste. Tout choix à son prix et ses conséquences. A vous de les gérer en respectant les termes du contrat de mariage auquel vous aurrez adhéré en toute liberté de conscience. Muragira ngeni. Ariko mwibuke ko ubuntu ari katihabwa. Le respect de la vie est le premier droit que l’Homme doit prendre au sérieux.

  6. Rutake

    Nos responsables ont un probleme: Ils veulent le beurre et l’argent du beurre alors qu’il est impossible. Ils peuvent decider de se retirer de l’accord de Cotonou s’ils veulent, mais faut-il qu’ils aient une alternative aux aides qu’ils recevaient de l’Union Europeenne. Ou bien, ils peuvent choisir d’etre bon eleve, suivre les accords dans leur esprit et lettre, et continuer a jouir des avantages de ces accords, notamment les aides de la part de l’Union Europeenne.

    Ce qui m’exacerbe, ce sont ces jermiades comme quoi ces accords contiennent des conditionalites qui sont en defaveur des pays pauvres. Mais que voulez-vous? Ils doivent comprendre que chaque fois qu’on signe des accords avec quelqu’un qui est plus fort et plus riche que soi, ces accords prennent toujours la direction qu’il veut. Et cela n’est que normal. Au Burundi, par exemple, pensez-vous que le gouvernement pourrait signer avec l’opposition des accords qui ne lui sont pas principalement favorables? Meme dans les entreprises, celui qui tient le plus grand nombre d’actions a une voix plus preponderante que les autres.

    A mon avis, je pense que les pays comme le Burundi ont le plus besoin des accords de Cotonou que les pays de l’Union Europeenne. Nos encetres etaient tres intelligents. N’ont -ils pas dit que: Uwubandwa niwe abanda urugi. Si le Burundi a besoin de l’aide des etats de l’Union Europeenne, il n’a qu’a faire profil bas et se conformer aux exigences des accords conclus. Mais s’il le trouve desobligeant, il n’a qu’a se retirer sans faire de bruits. L’Union Europeenne n’a aucune obligation d’aider le Burundi ou tout autre pays. Avec son argent, elle a le droit d’exiger tout ce qu’elle veut. Et cette attitude n’est pas mauvaise. J’espere qu’elle va inciter les pays Africains a vouloir se developer a tout prix. Akimuhana kaza imvura ihise.

  7. ls

    il y en a donc qui ne peuvent plus vivre sans leur maîtres ?

  8. ls

    changer l’accord ? Et alors ? il y a un problème ? finalement le mal est plus grave que je ne croyais !

  9. Fofo

    Certains africains pensent que l’UE a un stock d’argent qu’elle donne en contrepartie du respect de « Droit de l’Homme ». Certes, le respect de droits humains est un devoir de tout gouvernement envers son peuple mais cela ne devrait pas être une condition de coopération entre les pays. L’UE sait qu’aucun gouvernement du monde n’a jamais respectée cette condition à 100% y compris les pays de UE eux-mêmes. Est-ce le droit d’asile ne figure-t-il pas dans ce « Droit de l’Homme », pourquoi certains pays ferment leurs frontières contre les réfugiés? Selon ce qui est écrit dans la déclaration universel de droit de l’homme, la seule condition pour avoir le « Droit » c’est être « un « Homme », alors pourquoi prive-t-on le réfugié de son « Droit ». Si c’était un pays africain qui aurait refusé d’accorder le droit d’asile à un réfugié, et bien, l’article 96 aurait été évoqué.

  10. Karabadogomba

    Quitter l’Accord pour aller où? Chez les Chinois, les Russes, les Cubains? Qu’il (gouvernement) respecte les droits de l’Homme, les principes démocratiques, l’Etat de droit. Qu’il accepte un dialogue inclusif et ouvre l’espace politique. Sinon, en 2020, 1 dollar s’échangera à 10 000 F bu.

  11. Jambo

    Le miracle tant espéré avec la souveraineté nationale et le partenariat autre que l’occident n’a pas eu lieu. Tellement Vrai que les parlementaires s’en inquiètent faute de devises étrangères suffisantes. L’ UE reste incontournable et le sanctionné doit s’en rendre compte quotidiennement .

    • roger crettol

      Peut-être est-il sage de rester cool de chez zen et de ne pas céder à la panique.

      Peut-être encore est-on avisé de donner voix à ses propres craintes, dans l’espoir que ces Honorables Députés en prendront note.

      Peut-être enfin qu’il est difficile de faire la part de l’espoir et des illusions.

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