Mardi 19 mars 2024

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Des rebelles pas si rebellés que ça

Une centaine d’ « assaillants » ont été capturés, d’autres se sont rendus dans les provinces Cibitoke-Kayanza entre le 10 et 13 juillet. En marge d’un point de presse tenu le 13 juillet à Bukinanyana, l’armée a exhibé une flopée de jeunes gens affamés, dociles.

Les présumés combattants rassemblés au poste de police Bukinanyana ©A.U/Iwacu
Les présumés combattants rassemblés au poste de police Bukinanyana ©A.U/Iwacu

Le premier détail qui saute aux yeux, les personnes présentées portent de simples habits, aucun uniforme. Ils sont de tous les âges, de toutes les ethnies. Uniquement des hommes et pour la plupart des paysans.

Le premier lot de prisonniers aperçu est composé de six jeunes gens détenus au camp militaire de Ndora.

Particulièrement à l’aise avec les questions des journalistes, et des militaires, un parmi eux ne se fait pas prier pour raconter leur périple jusqu’au Burundi et la raison de leur reddition. « Chez nous, c’est la paix. Malgré tous les mensonges dont on nous a abreuvés, on n’a pas voulu tuer nos frères », répète-t-il inlassablement.

L’histoire qu’ils racontent est très simple, avec des variations mineures: soit ils ont été approchés par des personnes qu’ils ne connaissent pas et se sont rendus au Rwanda avec une promesse de travail très rémunérateur, soit ils ont été arrêtés par des inconnus sur le territoire rwandais.

Ils auraient été ensuite conduits dans la forêt de Nyungwe où leur a été dispensée, de gré ou de force, une formation militaire de courte durée, pas plus de trois semaines. Leurs agents instructeurs étaient rwandais. Tous sont unanimes sur ce point.

Le deuxième lot, plus d’une centaine d’ « assaillants », est rassemblé au poste de police de la commune Bukinanyana. Accroupis en rang dans l’herbe, certains sont affables et répondent sans problème aux questions des journalistes, d’autres semblent apathiques, et lâchent juste une réponse laconique : « C’est simple, on a été roulés ». Plus de gêne que de peur dans leurs regards.

« Pas la mer à boire »

« Le matin du vendredi 10 juillet 2015, des assaillants attaquent la position militaire de Buyumpu en zone Rugazi, commune Kabarore de la province Kayanza, l’armée se défend », fait savoir le colonel Gaspard Baratuza, porte-parole de l’armée. Le bilan officiel est de 31 morts et 170 capturés côté ennemi, et 6 blessés du côté de l’armée. Un civil aurait succombé et un autre blessé.

Les présumés combattants, eux, révèlent avoir pénétré à 500 au Burundi depuis le 8 juillet. Ils ont été attaqués par les militaires le 10 juillet dans la forêt de la Kibira. « Ça tirait de partout et on ne savait plus où donner de la tête. Plus d’une centaine d’entre nous ont été fauchés, et nos chefs ont rebroussés chemin », susurre un d’entre eux, sous l’œil vigilant de militaires et de policiers.

Ces deniers se moquent parfois ouvertement des « rebelles ». « C’est vous qui étiez venus nous combattre ? Les gars, la guerre n’est pas la mer à boire.» Tous les détenus demandent de l’eau et quelque chose à grignoter. Ils viennent de passer trois jours sans boire ni manger.
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Une quarantaine d’enfants capturés sur le champ de bataille


Des mineurs se sont rendus après les récentes attaques dans les provinces de Kayanza et Cibitoke. Les défenseurs des droits de l’Homme demandent leur libération immédiate.

Des enfants capturés
Des enfants capturés

Tous de sexe masculin et au nombre de 41, ces enfants dont l’âge est compris entre 15 et 17 ans sont dans la désolation totale. Ils sont pour le moment incarcérés dans l’une des salles du lycée Cibitoke situé au chef-lieu de cette province de l’Ouest.

La majorité de ces mineurs sont originaires des provinces de Ruyigi, Cankuzo, Ngozi et Kirundo.

D’après leurs témoignages, au départ, ils ne savaient pas qu’ils allaient s’engager dans un groupe armé. Ils indiquent, innocemment, qu’ils étaient à la recherche d’un travail décent pour gagner la vie. ‘Un homme est venu et m’a proposé un bon job et je suis parti avec lui’, indique un mineur de Kirundo, les larmes aux yeux.

Même son de cloche pour M.A, natif de Cankuzo. Selon ce gamin qui va avoir bientôt 15 ans, il est parti avec son voisin convaincu qu’il allait décrocher un bon job où il toucherait à la fin du mois une somme de 300 mille Fbu, sans toutefois lui indiquer l’endroit.

Ces enfants précisent qu’ils sont issus de familles pauvres, d’autres sont orphelins. Ils croyaient qu’ils allaient sortir de la misère, avec ces promesses d’emploi.

Tous les témoignages de ces mineurs concordent pour dire qu’ils se seraient inconsciemment retrouvés au Rwanda. De là, continuent les enfants, ils auraient subi une formation militaires accélérée de deux semaines seulement avant d’entrer au Burundi, à partir de forêt de la Kibira dans les provinces de Kayanza et Cibitoke. C’est dans cette dernière province que la plupart de ces enfants se sont rendus auprès des positions militaires sans tirer aucun coup de feu.

Globalement, comme ils l’indiquent sans ambages, ces enfants disent qu’ils ont été forcés d’entrer dans ce groupe armé et demandent de rentrer chez eux.

Enfants à relâcher

Un défenseur des droits de l’Homme présent lors de l’interrogatoire de ces enfants nous a confié que la qualification de participation aux bandes armées comme infraction retenue pour les autres rebelles capturés ne peut pas être appliquée pour ces enfants.

Pour lui, la responsabilité pénale pour ces mineurs est à relativiser vu qu’ils n’avaient pas l’âge de discernement au moment où les faits se sont produits.

Se référant à la Convention Internationale relative aux droits de l’Enfant et aux différents textes nationaux et internationaux ratifiés par le Burundi, activistes des droits des enfants présents à Cibitoke plaident pour leur libération.

D’après eux, la place de ces enfants n’est pas la prison mais bel et bien à l’école. Ils disent que ces enfants sont traumatisés et devraient à tout prix passer à un centre de rééducation avant d’être réintégrés dans leurs communautés.

Forum des lecteurs d'Iwacu

21 réactions
  1. PS

    Ces jeunes n’ont rien de rebel. Keep digging deeper, you ‘ll end up knowing who they are. We all know that Nkurunziza, his circle
    and his governement are specialist in making stories.

  2. Gitega

    Affaire Kassim Marin, Ruvubu, Gatumba, Rusizi, Mukono, les soeurs Italiennes, l’assassinat du Chef de poste a Kamenge tout ca ce sont les opposants!! Vous savez que le gouvernrment peut creer une rebellion et l’entretenir et enroler les opposants! Vous savez que l’Etat peut infiltrer un coup d’etat pour le dejouer!!! C ‘est ce qui s’ est passe a Kayanza, et a Cibitoke pour les presumes rebelles! Vous saurez dans les jours a venir la verite avec GV! Les services de Nkuru ont infiltre la rebellion et ont organise une attaque pour faire un show apres de l’opinion Nationale et internationale pour retrouver un peu de credit qu’il a perdu mais cette meme communaute est au courant avec des preuves a propos!

    • Kazivyi

      Je pense devrais chercher un autre nom ou publier tes mensonges à ton propre nom, Mais non, à notre belle province. Merci

  3. Abi

    Merci a Iwacu pour cette information qui donne un peu de clarte sur ce qui s’est passe. Nous vous en prions, cher IWACU, garder votre saveur d’un journal qui donne de l’info equillibree, sinon le public va vous rejeter.

  4. Abi

    A un moment j’avais cru qu’il n’y avait pas eu de rebelles, pas de combat, pas d’elements venus du Rwanda…et pourtant cela se confirme. Dommage que les pseudo politiciens burundais excellent dans la mediaocrite dans tous les sens et de tous les cotes, opposition que regime en place. Ou allons-nous bon sang??

  5. kimeneke

    Aba dd mufise ama doctorat mugukina ninde wewe warabonye ahantu habera ingwano hakabura abakomereka. aba rebel badafise inkoho ahubwo iyomubaha au moins nimipanga kugira muryoshe urukino kandi ntimwibagire akaranga kanyu.

  6. Ntibishoboka amategeko avuga ko uwukoresheje abana mu ntambara ategerezwa guhanwa sur les crimes contre l’Hunanite et atteinte aux droits de l’enfant. Cependant, l’opposition burundaise doit assumer cette irresponsabilite aupres des cours et tribunaux internationaux. Abo bana ntibashobora kubarekura amategeko avuga ko babacira umunyororo muto muri make bobacira inkoni ngufi nka de 5 ans gushika kuri 20 ans de servitude penale.

    Iyo Titre ya article na jewe sindayemeye Iwacu nkuko tubazi muri professionnel muraca muraba mukosore kabaciyemwo.

    Merci

    • gatwe E.

      a vous defenseurs des droits de l’Homme, la place des enfants n,est pas en prison, mais apparemment vous soutenez qu,elle soit dans la rebellion car vous ne condamnez pas ceux qui les y ont emmenés. faites un efforts d,equilibrer vos condamnations, on vous fera confiance que vous soutenez vraiment la protection des enfants et des droits des etres humains.

  7. DD-DD

    « Siduhije, Nyangoma, Léonce, Rwasa, pas opposés au pouvoir du Buja que ça »
    c’est le titre que j’attends un jour

  8. DD-DD

    Le parti au pouvoir au Burundi n’a d’opposition que lui-même.
    Abiyita opposants ni utudumbidumbi ataco tumaze

  9. karundi

    Certains de nos concitoyens ont du mal à accepter les échecs cuisants de l’opposition, quoi que évidents. L’opposition perd, perd et perd malgré vous.
    Kabirigi na « Tabara » yiwe ryari irementanya rya leta?
    Col Nzabampema ryari irementanya rya leta?
    Wa mu-Général (sindamwibuka izina) yigera kuboneka ari RDC muri reportage ya Simone kuri France 24 ryari irementanya?
    Manifestations anti-mandat ryari irementanya rya leta?
    Le putch manqué ko ifise abayemanga, n’ubu bakaba bemanga ibitero vya grenades i Buja, n’ibi vy’ahandi, mwebwe munanirirwa hehe kwemera ibiboneka?
    Musigaje kuvuga ko Rwasa, Sinduhije, Léonce na Minani babujijwe kugira coalition imwe na leta.
    None opposition à leaders égoïstes mwari muyitezeko iki?
    Désolé pour vous

    • Nzoziricaha Pierre

      ubu hoho hongeyeko Abagumyabanga baryumyeko a cote des Bagumyabanga atari abagumyabondo bo kwa Rajabu na Manase, Rwasa n’aurait pas retire sa candidature a la presidentielle de demain, na twese ataho duhagaze atari kuvugira aho twicaye, un candidat presidentiel Tutsi demain a cote de moi, etc.

  10. Jean-Pierre Ayuhu

    Chers amis du journal Iwacu,

    Je lis toujours vos articles autres points de vue exprimé par l’un ou l’autre et tout ça avec grand intérêt.
    J’ai eu aussi à émettre des commentaires sur certains articles et à un moment donné, j’avais conclu mon propos par des inquiétudes liées au fait qu’au Burundi, il y a autant d’experts, qu’il y a d’opinions. A d’autres moments, j’avais exprimé mon désarroi par rapport à la manière dont les faits sont rapportés. La question se pose aussi au niveau de l’objectivité.
    Pourquoi tout ça? A travers le titre de votre article « Des rebelles pas si rebellés que ça » que je mets en lien avec d’autres publications, pas forcément les vôtres mais qui pourraient aussi bien s’intituler « un coup d’état pas si coup d’état que ça », « des exilés pas si exilés que ça » mais parallèlement, des hommes et femmes issu de cette prétendue rébellion, ont été tué et des armes saisies. Cela fait des années que les médias, sérieux, ont fait des reportages sur l’existence des rébellions en gestation ( celle du Gnl Moise, reportage de France 24, avec Pauline Simonet), suivi d’une longue interview de ce même Gnl quelque jours plus tard sur le site de Burundinews ( animé par un certian Gratien Rukundikiza). Dans l’actualité du moment, les hommes ne s’en cachent plus. Il y a une rébellions, des rébellions plutôt tantôt, tantôt conduite par Général Nyambariza, Gnl Gaudefroid Niyombare tantôt par d’autres…
    et très récemment, M. Ngendahayo semblait sous entendre que la rébellion devient une réalité…Donc, à ma grande surprise, vous titrez « Des rebelles pas si rebellés que ça »

    • karundi

      Iwacu, vous n’avez pas besoin de nous montrer votre penchant pro-opposition pour mériter notre lecture de vos articles. On vous lirait même si vous étiez équilibrés.
      merci

    • karundi

      « Ancre indélébile pas indélébile que ça »
      c’est aussi un titre

  11. Menard

    Ewe Burundi waragowe!!!Aho uca hose amarementanya. 500 rebelles attaquent une position militaires. Et ces militaires, ils etaient a combien?

  12. MANIRATUNGA

    Encore un montage ? Ils sont forts les gars tout de même !!!

  13. cleanPP

    Let Gvt a long temps prepare la guerre. Et histoire de montages n’est Pas la 1ere. Demandez a Mugarabona/Kadege, Mukono/ Nzarabu etc. Tout finit par se faire savoir. Seulement, ces pauvres n’auront Pas le temps de temoigner car ils seront bientot liquides. Sans doute. In gouvernement dont l’expertise consiste a faire des montages, ca fait peur et honte

  14. Intumva

    Utiliser des enfants !

    Crime de guerre.

    Attendez-vous a ce que les chefs des rebelles qui s’étaient rejuit d’être derrière cette rébellion ( Ngendakumana, SInduhije…) ne reconnaissent plus cette rébellion. De peur d’être traduit en justice.

    Opposition irresponsable.

    • Mbariza

      @ M. Jean-Pierre Ayubu
      Il y a surement des quesions à se poser sur ces fameuses rébellions. À ce que je sache, la guerre ne se fait pas sur les plateaux de télévision au Kenya ou ailleurs! Même les guerres conventionnelles actuelles ne se déclarent plus. Elles se font et c’est tout. Une sortie de ce genre de la part d’un Général (Léonard), c’est totalement inconcevable. À quoi peuvent arriver des rebelles qui lancent deux grenades et prennent les jambes à leur cou si jamais ce sont vraiement des rebelles ? Si ces Généraux sont derrière ces rébellions, je me demande alors s’ils méritent ce grade si jamais ils ont cautionné le recrutement d’enfants, la formation de deux semaines pour aller se battre contre une armée et une police bien armées et bien entraînées et appuyées par un mouvement paramilitaire (une milice pour certain) implantée dans toutes les localités du pays. Et si on parlait des cibles? Quel intérêt stratégique revêt l’attaque d’un poste perdu dans Kayanza alors que tout se passe à Bujumbura ? Quant aux montages, M. Ayubu, vous connaissez très bien l’histoire Ndayizeye, Kadege et Mugabarabona. Ou le recrutement de quelques mulélistes en 1972 pour massacrer des citoyens innocents (tutsi) et ce qui s’en est suivi comme représailles contre des centaines de limmiers de hutu et de tutst de Muramvya… Si vous n’y croyez pas, attendez la CVR, si jamais elle parvient à fonctionner en toute indépendance.

      • Jean-Pierre Ayuhu

        Monsieur Mbariza,

        Vous n’avez pas bien compris mon questionnement…

        Je résume: attention aux manipulations car aujourd’hui, on ne sait plus ce qui relève du lard ou du cochon et tout dérape. On ne sait plus dissocier entre le vrai et le faux, qui dit vrai ou juste, qui est sérieux et qui ne l’est pas, qui est expert ou militant, qui fait du journalisme ou de la propagande…
        Rebellion ou « pas si rebelles que ça »? Entre ce qui le chante et ce qui le prône, ce sont des hommes et pas des moindres car l’on compte un ancien ministre des affaires étrangères en la personne de Ngendahayo. A côté, il y a ce fameux putchiste, Gnl Léonard..
        Qui aurait manipulé France 24 et Mlle Simonet?
        Et les interviews du Gnl Moise sur le site de BurundiNews avec quelqu’un qui s’y connait dans l’armée pour avoir été, il faut le dire, le garde du corps de Ndadaye?
        « Un coup d’état pas si coup d’état que ça »? Une partie de la classe politique, de la société civile a chanté et dansé dans Bujumbura pour après déchanté…Question: Géneraux Niyombare , Léonard, au service de Nkurunziza? Et quel aurait été le rôle du Gnl
        Ndayirukiye Cyrille et d’autres de l’ancienne AM? Des manipulés?

        Voilà le sens de me questionnement avec l’espoir que le CVR arrive à démêler cet indémêlable, « LE LARD ET LE COCHON »!

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