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Une harmonisation des salaires financée par des annales ?

05/05/2013 Commentaires fermés sur Une harmonisation des salaires financée par des annales ?

Les syndicats des enseignants ne décolèrent pas et menacent de ne pas remettre les points du premier trimestre tant que le scénario d’harmonisation des salaires n’est pas modifié. Pour eux, il n’est pas question qu’on touche à leurs annales.
Cette harmonisation tend à résoudre le contentieux entre l’administration publique et les agents de l’Etat, constitué, entre autres, par les disparités salariales.

<doc6517|left>L’harmonisation étant comprise comme un certain rapprochement des salaires : « En faisant une moyenne des salaires de tous les services, du plus haut niveau, qu’on appelle la superstructure (présidence, le Parlement, …) au niveau le plus bas, la catégorie d’exécution », indique Eulalie Nibizi, présidente du syndicat STEB.
Cette solution coûtait 271 milliards. Après avoir remarqué l’importance de cet impact budgétaire, pense la syndicaliste, la ministre de la Fonction publique a opté pour le scénario de 7 milliards, avec un impact salarial nul sur le budget de l’Etat. En effet, les 7 milliards constituent le total prévu pour les annales de cette année, c’est-à-dire l’augmentation gagnée chaque année suite à une cotation.

Une solution injuste

« Comment peut-on exiger de nous qu’on travaille consciencieusement pour soigner les malades, alors que notre salaire ne nous permet pas de nous faire soigner nous-mêmes », se demande, à son tour, Marie Bukuru, présidente du Syndicat National des Travailleurs de la Santé(SNTS). Pour elle, la politique d’harmonisation des salaires est contre les travailleurs, parce qu’elle est financée par le gel de leurs augmentations méritoires annuelles, ainsi que certains avantages qui y sont liés.
Et, pour la COSYBU, en période de vie chère, il serait indécent de cautionner une décision qui, au lieu de réduire les écarts de salaires, oblige les personnels de l’administration publique de financer le relèvement, même dérisoire des salaires.

Une politique de division …

Mme Bukuru ne comprend pas pourquoi la ministre ne veut pas inclure les salaires des superstructures dans l’élaboration de cette politique pour avoir une moyenne harmonisée. « Il n’est pas normal de ne pas considérer un salaire de plus de 2 millions qui peut payer une dizaine de personnes », s’indigne-t-elle.
Eulalie Nibizi soutient que la ministre a déclaré que ceux qui n’acceptent pas l’harmonisation sont les anciens (certains syndicalistes). Ces derniers ne voudraient pas partager avec les autres. Ipso facto, elle estime qu’une une autre institution devrait se charger de cette question.

<doc6518|right>Une réaction conciliatrice

Le 29 novembre 2012, Tharcisse Gahungu, président de la Confédération des Syndicats du Burundi, écrit à la ministre de la Fonction publique pour critiquer son manque de dialogue et sa campagne médiatique isolée. Pourtant, aujourd’hui, c’est la même ministre qui accuse les syndicats de porter le problème devant les médias.
Devant le silence prolongé du gouvernement, les syndicats des enseignants Conapes, Sleb, Steb et Synapep menacent de grever dès le 3 décembre, et de ne pas proclamer les résultats du premier trimestre.

Quelques jours plus tard, au lendemain de l’adoption du budget général de l’Etat de 2013 par le gouvernement, un signe d’apaisement apparaît. Le ministre burundais des Finances, Tabou Abdallah Manirakiza, indique que ce budget a tenu compte des revendications des syndicalistes, et leur demande d’agir en patriotes. Quant à la ministre de la Fonction publique, elle déclare que des négociations sont en cours avec la COSYBU, ce qui n’a pas empêché les syndicats de mettre leur menace à exécution. Dès ce lundi 17 décembre, ils ont refusé de donner les points du premier trimestre, tant que les négociations n’auront pas repris…

|Analyse Après avoir essayé « la nyakurisation des syndicats », le pouvoir a échoué car, comme disait Machiavel, « les hommes sont prêts d’oublier la perte de leurs pères, mais non pas la perte de leurs biens. » La solidarité des syndicalistes tient à la protection et l’amélioration de leurs conditions de vie, quelle que soit leur obédience politique ou leur ethnie. L’autre option qui reste pour le pouvoir est d’utiliser la loi, en l’interprétant d’une manière qui l’arrange, en menaçant les grévistes. Ce qui risque d’aboutir à une impasse, en ramenant la solution au dialogue social.
De surcroît, il y a d’autres catégories d’agents de l’Etat qui ne semblent pas être concernés, comme les fonctionnaires détachés, ou d’autres qui ont eu des statuts spéciaux, mais qui sont payés par le gouvernement. En effet, les scenarii proposés par le consultant ne concernent que les fonctionnaires gérés par le statut général des fonctionnaires. Et pourtant, s’il faut résoudre le problème des disparités salariales, il faut le faire au niveau de tous les fonctionnaires. Sinon, c’est une injustice sociale. Du reste, les leaders syndicaux sont considérés comme proches de l’opposition, et les plus anciens fonctionnaires dans les domaines de la santé et de l’éducation sont des Tutsi, deux caractéristiques que le pouvoir ne semble pas particulièrement priser.|

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