Lundi 20 mai 2024

Archives

Un Conseil Economique et Social nécessaire, mais effacé

05/05/2013 Commentaires fermés sur Un Conseil Economique et Social nécessaire, mais effacé

Le Conseil Économique et Social (CES) est un organe dont la mission première est de conseiller le Gouvernement dans les questions économiques et sociales. Il l’aide également dans la préparation des programmes de développement économique, mais ses réalisations restent dans un coin obscur.

<doc6640|left>Ce conseil aide aussi à maintenir les équilibres nécessaires dans la gestion des recettes et des dépenses, ainsi que le maintien des structures macroéconomiques qui répondent réellement au développement du pays. Le Conseil économique et social est prévu dans la Constitution Burundaise en son article 268 en vue d’assurer une large participation des citoyens à la gestion des affaires publiques. La loi n°1/2003 portant missions, composition, organisation et fonctionnement du Conseil économique et social a été promulguée le 9 avril 2003. Toutefois, la crise socio-politique et le contexte socio-économique que le pays a traversés ne permettaient pas la mise en place de ce conseil.

Le CES est composé de 20 membres au plus choisis pour leur compétence dans les différents secteurs socioprofessionnels du pays. Ils sont nommés par le président de la République, en concertation avec les vice-présidents de la République pour un mandat de trois ans renouvelable.
Les membres du conseil élisent un bureau du conseil composé d’un président, un vice-président, un secrétaire général et un secrétaire général adjoint. Le conseil est doté de commissions dont le nombre est fixé par le règlement d’ordre intérieur.

En substance, parmi les missions principales de ce conseil, il doit analyser les grands problèmes économiques, sociaux et culturels que connaît le pays et en suggérer les voies et moyens nécessaires pour les résoudre. Il doit, en outre, attirer l’attention du Gouvernement, de l’Assemblée Nationale et du Sénat sur les réformes économiques d’intérêt général et confectionner un plan de développement susceptible de redresser la situation économique du pays.

Un conseil existant en théorie seulement …

Le CES doit principalement suggérer aux pouvoirs publics les voies et moyens nécessaires pour résoudre les problèmes posés dans le domaine économique, social et culturel tels que la stabilisation du cadre macro-économique et financier, la dette publique, les réformes structurelles dans les secteurs sociaux et la bonne gouvernance dans la gestion des affaires du pays.

Gérard Nibigira, ancien président du Conseil Economique et Social, indique que le budget qui était alloué au départ à ce Conseil économique était de 200 millions Fbu par an. Si l’on en croit M. Nibigira, ce budget a été réduit sensiblement car, il est aujourd’hui fixé à 170 millions Fbu. Pour lui, le travail de ce conseil est affecté par le manque criant d’un personnel permanent qualifié et suffisant. Il n’a pas, par exemple, de personnel technique permanent chargé de préparer ses différents documents de travail. A l’époque où il assurait la présidence dudit conseil, il avait réitéré au gouvernement de recruter trois experts permanents comme le prévoient les statuts du CES. Son appel n’a pas été entendu, bien que leur recrutement était indispensable dans la mesure où ces derniers sont chargés d’épauler la direction du conseil. Ils assistent également les membres du bureau dans l’étude minutieuse des dossiers confiés au conseil économique et social.

M. Gérard Nibigira souligne que depuis 1966, ledit conseil n’a toujours existé qu’en théorie. Il n’a jamais exercé pleinement ses missions parce qu’il était confié à des fonctionnaires qui travaillent ailleurs et qui, par conséquent, n’avaient pas de temps suffisant à consacrer aux travaux du CES.

La population demande plus de visibilité du CES

Malgré son importance, les réalisations du Conseil Economique et Social restent inconnus du grand public, comme cela ressort des propos recueillis ici et là. « J’entends parler du Conseil économique et social à la radio, mais je ne saurais dire ce que ce conseil est censé faire. Je ne peux donc me prononcer sur ses quelques réalisations, s’il y en a », a dit Charles Bavakure, de la commune Gatara en province de Kayanza. Mahanga, de la même commune, ignore lui aussi le rôle de ce conseil : « L’impact de son travail devrait transparaître dans la vie du pays et du peuple. Mais, nous n’apprenons que ce conseil s’est réuni en session que par la radio ». La situation est pareille à Ngozi. Selon Aisha Tabu, le conseil économique est social est méconnu dans son milieu. « Je n’ai jamais entendu les gens discourir sur ce conseil. Généralement, les gens commentent sur un organe, une institution ou une organisation, mais, ce conseil n’a jamais fait objet de discussion autour de moi », dit-t-elle. Les personnes approchées souhaitent que les informations en rapport avec ce Conseil économique et social soient portées à leur connaissance.

Cependant, Stella Budiriganya, présidente de ce conseil, affirme que depuis son élection, le bureau s’est régulièrement acquitté de sa mission de gestion quotidienne du conseil, et a organisé des sessions ordinaires et extraordinaires, autant de fois qu’ils ont été saisis par les organes habilités. Elle ajoute que le conseil a participé aux différentes réunions et organisé des activités en rapport avec la population et le développement. « Des analyses sur les thèmes proposés par le CES ont permis d’élaborer un plan d’action 2013 », assure Mme Budiriganya.

|Constitution du Burundi
– {Article 153 :} Le Conseil Économique et Social est un organe consultatif ayant compétence sur tous les aspects du développement économique et social du pays. Il est obligatoirement consulté sur tout projet de plan de développement ainsi que sur tout projet d’intégration régionale ou sous-régionale.
Le Conseil Économique et Social peut, de sa propre initiative, sous forme de recommandations, attirer l’attention de l’Assemblée nationale ou du Gouvernement sur les réformes d’ordre économique et social qui lui paraissent conformes ou contraires à l’intérêt général.
Il donne également son avis sur toutes les questions portées à son examen par le
Président de la République, le Gouvernement, l’Assemblée nationale ou par une autre institution publique.
– {Article 154 :} Le Conseil Économique et Social est composé des membres choisis pour leur compétence dans les différents secteurs socio-professionnels du pays. Les membres du Conseil Économiques et Social sont nommés par le Président de la République.|

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

La vie chère de plus en plus chère

Les incompréhensions sont profondes. La hausse constante des prix dans le panier de la ménagère devient un sujet de préoccupation majeure pour de nombreuses familles. Les consommateurs voient et décrient l’augmentation exponentielle des prix. La plainte retentit de toutes parts. (…)

Online Users

Total 2 798 users online