Vendredi 26 avril 2024

Société

Retro Société/Education :Des démolitions qui laissent la population dans le désarroi

03/01/2022 Commentaires fermés sur Retro Société/Education :Des démolitions qui laissent la population dans le désarroi
Retro Société/Education :Des démolitions qui laissent la population dans le désarroi
Des maisons démolies en mairie de Bujumbura.

Une campagne de démolition des constructions anarchiques a été entamée au début de cette année dans tout le pays. Un psychologue a prévenu sur les traumatismes qui en découleront.

De Kamenge à Kinama en passant par Carama, Mutakura, Cibitoke, quartier asiatique, Rohero Kinindo, Kinanira, Musaga, etc, les quartiers de la ville de Bujumbura sont défigurés. La population a assisté avec amertume à ces démolitions.
Iwacu a fait un reportage dans certains lieux au moment de la démolition. Sur la route Bujumbura-Bubanza, un bâtiment de 3 niveaux, avec 10 m d’un côté et 14, 5 m de l’autre, sera touché. Le propriétaire, estomaqué, a du mal à respirer. Les larmes coulent. Il pense aux crédits encore à payer. « Il faut avoir un cœur dur pour mettre en œuvre cette décision.

Dans les années à venir, il faudra gérer les traumatismes », lancent les gens qui observent la scène.
Un psychologue a affirmé que les gens risquent de développer des maladies mentales comme la dépression, les troubles anxieux, les états de stress post-traumatiques. D’autres vont piquer des accidents vasculaires cérébraux suite à une anxiété permanente.

Il a indiqué que de telles conséquences sont inévitables d’autant plus que les propriétaires ne s’y étaient pas préparés. Pour lui, il devrait y avoir une préparation psychologique avant l’acte de démolition.
Ce psychologue a parlé d’un sérieux problème qui pourra même conduire à des suicides : « Quand on est déprimé, le passage à l’acte suicidaire est une possibilité. Nous risquons de nous retrouver devant des traumatismes comme ceux observés après l’incendie du marché central de Bujumbura. »

Il estime que les gens devraient être dédommagés étant donné que les documents de construction ont été donnés par les services habilités de l’Etat. « Ce sont ces anciens cadres du ministère en charge de l’Urbanisme qui devraient payer ces dédommagements. Car, ils ont induit sciemment en erreur la population».

Une mesure « bizarre et incompréhensible »

Au début, de cette campagne, les kiosques construits sur des caniveaux d’évacuations des eaux pluviales étaient ciblés. Le but était de rendre Bujumbura propre.

Dès les premiers mois de cette année, plusieurs boutiques, restaurants … qui étaient installés sur ou à proximité des caniveaux ont été démolis à Buyenzi, Bwiza, Kamenge, Kinama, Musaga, Kanyosha, etc. L’opération s’est élargie sur d’autres constructions ‘’anarchiques’’.

En déplacement à Mugoboka, quartier Mutanga sud, le 12 juillet 2021, le ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, Gervais Ndirakobuca, a pourtant été clair : « La démolition concerne les constructions érigées dans un périmètre de 6 m de part et d’autre des routes nationales. » Sont aussi concernées les constructions qui ne respectent pas les bornes de l’Urbanisme dans les quartiers viabilisés.


Manque de bancs pupitres : un système éducatif en difficulté

Le manque criant de bancs-pupitres dans les écoles n’est pas passé inaperçu. Les parlementaires et acteurs dans le secteur de l’éducation sont inquiets. Le ministère en charge de l’Education s’est voulu rassurant.

Le calvaire des écoliers, suite au manque criant des banc-pupitres.

Des vidéos des élèves assis par terre en train de suivre les cours ont circulé sur les réseaux sociaux et ont montré une misère terrible. Une situation qui a suscité des réactions des syndicalistes et des élus du peuple.
Les députés ont relevé plusieurs problèmes qui minent le secteur de l’Education, dont le manque criant de bancs-pupitres, lors de la présentation du rapport sur la mise en application du programme du gouvernement pour le 2e semestre au cours d’une séance plénière du 20 octobre 2021, par le Premier ministre.

« Dans le rapport du premier semestre, on nous a dit que seuls 300 bancs-pupitres sur 20.000 ont été distribués. Dans ce nouveau rapport, on ne montre pas le sort de 19.700 bancs restants », a fustigé un député.
Le Premier ministre a indiqué que le ministère de l’Education a opté en premier temps pour la réparation des bancs pupitres existants au lieu d’acheter des nouveaux.

La pression démographique, la cause principale

Selon les données du ministère de l’Education, les nouvelles inscriptions en première année ont considérablement augmenté. Elles sont passées de 289.796 élèves pour l’année scolaire 2008-2009 à 409.880 élèves pour l’année scolaire 2020-2021, soit une augmentation de plus de 29%.

Plusieurs raisons expliquent cette augmentation des inscriptions à l’école, notamment la pression démographique et la gratuité de la scolarité qui a provoqué un fort engouement, le tout entraînant une insuffisance de bancs-pupitres dans les écoles.

Pour le syndicaliste Emmanuel Mashandari, le gouvernement devrait élaborer une politique de planification des naissances pour surmonter les problèmes liés au surnombre des élèves. Il a, en outre, suggéré d’ouvrir des écoles remplissant les normes, notamment les bancs pupitres et les livres d’enseignement.

Il a demandé au gouvernement de mettre en place un cadre légal de perception de la contribution des parents, pour une bonne qualité de l’éducation. Selon lui, les directeurs des écoles et l’assemblée générale des parents devraient s’entendre sur la contribution des parents pour sauver la situation dans les plus brefs délais. « C’est d’ailleurs prévu dans la loi ».

Le directeur du bureau des infrastructures scolaires, des équipements et de la maintenance, Jérôme Nyabenda, a reconnu le manque de bancs-pupitres et promet de rectifier le tir dans les prochains jours. Il a confié que le gouvernement vient d’octroyer une somme de 3 milliards de BIF pour pallier ce fléau.

Il estime qu’avec cette enveloppe, les classes qui n’avaient pas de bancs-pupitres vont bientôt en recevoir : « L’achat se fera dans les communes pour que cela soit fait le plus tôt possible. »


Prêt-bourse, un casse-tête pour les étudiants


Les étudiants se sont plaints du retard dans le paiement de leur prêt-bourse. Faute de moyens, ils vivent dans des conditions très précaires.

Les étudiants de l’UB peinaient à avoir leur prêt-bourse.

Les étudiants de l’Université du Burundi originaires des provinces, qui n’ont pas de famille à Bujumbura, pâtissent davantage du retard dans le paiement du prêt-bourse. Ils doivent trouver des chambrettes miteuses à louer et se prendre en charge. Un défi pas toujours facile à relever.

« Nous habitons une maison d’une chambre et un salon qu’on partage à quatre. Nous la louons à 60 mille francs, ce qui nous fait 15 mille à payer chacun à la fin du mois », a raconté un étudiant de l’UB.

Dans un long texte publié sur les réseaux sociaux, Jean Claude Karerwa Ndenzako, chef du bureau politique et socio-culturel à la présidence a expliqué les causes de ces retards. Il a, entre autres, parlé d’un budget insuffisant, des retards dans l’établissement des listes et des contrats entre les étudiants et le gouvernement régissant ces prêts, mais également de la Régie nationale des postes qui ne compte qu’un seul guichet pour l’ouverture des comptes.

Alors que le nombre d’étudiants percevant le prêt-bourse n’a cessé d’augmenter depuis l’année académique 2017-2018, année de l’instauration du système, le budget alloué à cette fin n’a été revu à la hausse qu’au cours de l’année académique en cours (2020-2021).
Le nombre de boursiers est passé de 2.500 à 4.900, mais le budget est resté à peu près 12 milliards de BIF, sauf pour cette année où il a été revu à la hausse (699 milliards de BIF).

Sur les retards dans le paiement du prêt- bourse, le directeur du Bureau des bourses et stages au sein du ministère de l’Education nationale et de la Recherche scientifique a corroboré les explications de M. Karerwa. Selon lui, le ministère des Finances ne tient pas compte de l’effectif prévisionnel des étudiants dans l’octroi du budget.
Ce directeur du Bureau des bourses et stages a également regretté que les listes définitives des étudiants et les contrats (accord entre les étudiants et le gouvernement régissant l’octroi des prêts-bourses) parviennent au ministère en retard après des mois d’attente.

Un ouf de soulagement

Le 29 septembre 2021, le ministre en charge de l’Enseignement supérieur a ramené, à deux mois au lieu de trois mois, l’octroi du prêt-bourse.

Une décision unanimement saluée par tous les étudiants bénéficiaires, particulièrement ceux de l’Université du Burundi.
« Nous saluons cette décision, car passer trois mois sans percevoir le prêt-bourse, avec des familles à faibles revenus, la vie était insupportable», s’est réjoui un des étudiants de l’UB. Pour joindre les deux bouts du mois, cet étudiant de la faculté des Sciences a confié qu’il se rabattait sur le commerce des cartes de rechange. Ce qui le contraignait à s’absenter aux cours.
Cette décision a commencé à être mise en application depuis octobre dernier.

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