Vendredi 26 avril 2024

Opinions

Réconciliation des Burundais : un appel à la conscience citoyenne

11/04/2023 1
Réconciliation des Burundais : un appel à la conscience citoyenne
Le monument de l'unité nationale

Chers compatriotes Burundais ,
Chers amis des Burundais,
Mesdames et Messieurs,

Chaque année les Burundais, toute communauté confondue, commémorent la mort des leurs, parfois dans la discrétion , parfois plus ou moins ouvertement selon le lieu dans lequel ils se rappellent de ce moment assez particulier de notre histoire récente où ils perdirent tout ou presque.

Chaque année, pratiquement à la même période- en avril ou en octobre- les Burundais s’inclinent devant les tombes des leurs, pour ceux qui ont eu la chance de les voir enterrés dignement, ils sont peu nombreux. Les autres se contentent d’un souvenir, d’un ou de plusieurs témoignages de rescapés de nos pogromes, souvent par des messes qui nous rappellent que nous sommes tous filles et fils de Dieu.

Chers compatriotes

Au cours des derniers jours plusieurs associations de Burundais nous ont adressé des messages d’invitation portant sur la commémoration des évènements qui ont endeuillé le pays au cours des dernières décennies, nous vous en remercions du fond du cœur et nous nous joignons à vous dans
ce malheur.

Au nom de la DBB – Diaspora Burundaise de Belgique, apolitique et réunissant les Burundais de toutes les tendances politiques, philosophiques et religieuses, nous souhaiterions adresser aux unes et aux autres ce message de fraternité et de réconciliation qui vient du cœur et de la raison.

1. Nous comprenons votre souffrance, elle est aussi la nôtre, nous avons tous perdu les nôtres.

Nous nous joignons à vous tous dans ce malheur. En ce moment nous devrions être tous ensemble pour nous rappeler non pas de VOS morts mais de NOS morts à tous. Comme le disait Colum McCann « Personne ne survit à une guerre, pas même les vivants. Ceux qui en réchappent hébergent plusieurs tombes. Avec pour seule rémission une histoire à écrire ». Le poète et écrivain français Victor Hugo ne s’y trompait pas lorsqu’il décrivait ainsi la situation en parlant de sa fille Léopoldine morte dans des circonstances tragiques « Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis» . Nous sommes inconsolables de la mort de nos frères et sœurs, de nos parents et nos enfants, de nos voisins, de nos Burundais.

2. En ce moment nous savons ce qu’il faut faire : réconcilier les Burundais. Cette mission a été confiée à la CVR – Commission Vérité et Réconciliation- par les autorités politiques depuis plusieurs années. Force nous est de constater que le peuple Burundais n’a ni toute la vérité sur les massacres encore moins la réconciliation. La politique de réconciliation est une action profitable à tous mais seulement si elle est conduite de manière responsable sans parti pris. Il est temps pour nous de semer cette graine de la réconciliation qui manque encore et peut-être de réécrire l’Histoire du peuple Burundais dans un vrai mouvement d’ensemble.

3. Le peuple Burundais est un peuple épris de paix et de tranquillité, mais il est surtout plein d’empathie surtout lors de la perte d’un être cher ou d’un membre de la famille. Nous le faisons d’ailleurs si bien lors des fêtes ou évènements familiaux ! Qu’est ce qui l’empêcherait dès lors qu’il s’agit de cette « Ikiza » qui n’a épargné personne, exactement comme dans le livre « La Peste »d’Albert Camus en parlant des animaux malades de la peste « Tous les animaux ont été atteints mais tous n’en moururent pas». Les blessures du peuple Burundais sont nombreuses, les citer toutes serait prendre le risque d’en oublier certaines, elles n’ont pas la même signification pour tous et c’est cela le drame Burundais. Une victime de la barbarie reste une victime peu importe de quel côté de la barrière elle se trouve. La DBB -Diaspora Burundaise de Belgique -a un rêve; celui de voir tous les Burundais célébrer à l’unisson les victimes de l’intolérance ethnique et de la médiocrité des pouvoirs politiques. Si ce message vous parle, l’organisation de cette « journée du souvenir »sera préparée avec vous, avec tous les Burundais sans exception aucune. Nous souhaiterions ce moment inclusif car il s’adressera à tous et se fera avec tous. Rejoignez-nous donc en nous adressant un message par email à [email protected].

4. La réconciliation du peuple Burundais n’est pas une option, c’est un devoir pour nous tous. Nous arrivons au moment où il faut sortir de l’histoire pour entrer dans la vie. Notre but n’est nullement d’imposer une démarche, mais plutôt de jeter les bases d’une marche vers le vivreensemble, vers davantage de cohésion sociale, vers l’ouverture à l’autre. Allumons ensemble cette bougie qui en allumera peut-être plusieurs milliers d’autres ici comme ailleurs. Nous voulons voir cette lumière que l’obscurantisme nous a caché si longtemps.

Fait à Bruxelles, le 11 avril 2023
Pour la DBB , Diaspora Burundaise de Belgique
Emery Kameya , Président

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Nzomwita Adolphe

    Vous ne parlez que la vérité! Ceux qui nous manquent , c’est le vrai leader! Le Burundi aurra la paix quand il aurra un gvt rassambeur! Qui pense à la réalité du pays!
    Courage avec ces idées Noble, peut-être qu’un jr x le pays sera sauvé!

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Le Burundi confronté à une question de survie

Quatre enfants sont morts dans l’ effondrement d’une maison dans la zone Ntamba, commune Musigati, un enfant de trois ans est mort, plus de 300 maisons détruites  après un éboulement sur la colline Gabaniro, commune Muhuta, plus de cinq cents (…)

Online Users

Total 2 859 users online