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Nos aïeux n’ont pas tout vécu pour tout comprendre!

20/11/2018 Commentaires fermés sur Nos aïeux n’ont pas tout vécu pour tout comprendre!
Nos aïeux n’ont pas tout vécu pour tout comprendre!

Lors de la 2ème édition du Festival-concours de la chanson traditionnelle, Godefride Hakizimana, secrétaire permanent au ministère de la Culture, a expliqué que c’est à travers les chansons traditionnelles que parmi les grands objectifs, figurent la consolidation de la paix et réconciliation des Burundais.

Des propos d’autres officiels du même acabit   conseillent aux compatriotes du Prince Louis Rwagasore de se tourner vers les valeurs qui guidaient au quotidien leurs aïeux, prévenant ainsi les « maux » venus d’ailleurs d’avoir droit de cité au pays des mille et une collines. Des symptômes d’une société dont l’autocritique n’est pas une caractéristique fondamentale de sa matrice culturelle ?

C’est frapper dans le coin du bon sens que de souligner la valeur inestimable des traditions d’un pays qui sont une part substantielle de son âme. Mais à y regarder de près, cette rhétorique officielle, en vogue, ces derniers temps, nous plonge dans un Burundi mythique dans lequel les Burundais devraient puiser les réponses idoines aux problématiques de l’heure, entre autres les limites du cercle de tolérance du vivre ensemble et la réconciliation entre les Burundais.

Un Burundi magnifié, servant de modèle pour jauger du degré de corruption sur l’échelle des valeurs des Burundais d’aujourd’hui. Mais quid du caractère dynamique de la culture ?

Les valeurs de nos aïeux ont servi de boussole axiologique à nos parents, fils et filles de paysans, mis au contact du monde occidental dans leur vie de jeune adulte. Mais cette boussole s’avère moins opérante pour leur progéniture, des métis culturels oscillant entre les valeurs ancestrales transmises au coin du feu et l’Occident compris comme un état d’esprit, une façon de penser.

Ces questions se posent alors avec acuité. Quelles sont les valeurs héritées de nos aïeux qui nous parlent encore ? Quelles sont celles qui ne devraient pas subir l’outrage du temps, car considérées, par le plus grand nombre, comme fondamentales, constitutives de notre ADN culturel ?

Quelles sont les valeurs nouvelles qui permettraient à nos enfants de mieux s’orienter dans les méandres d’un monde, où la frontière entre la réalité physique et la réalité virtuelle est de plus en plus ténue, et qui s’accélère, mû principalement par l’innovation technologique depuis le lancement de l’iPhone en 2007, puis l’émergence de Facebook et de Twitter ?La quatrième révolution industrielle est déjà en cours via certaines technologies, comme l’intelligence artificielle, la réalité augmentée, les objets connectés, etc.

Toutes ces questions existentielles concourent à la problématique de la transmission des valeurs qui interpelle au premier chef la génération X (personnes nées entre 1961 et 1981, selon la classification des historiens américains Strauss et Howe), pour la plupart des   parents d’adolescents. Ses membres appartiennent à deux mondes, l’ancien, moins anxiogène, les ressorts de la prédiction n’étant pas cassés, et le nouveau devenu liquide tant l’accélération est un de ses attributs.

Pour que notre responsabilité soit vivace, opérante vis-à-vis de cette boussole axiologique update,  il faut  que le futur soit pensé comme présent. C’est à ce prix que nous nous tiendrons debout sur les épaules de nos aïeux,  inspirant, à notre tour, les générations futures.

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