Mardi 18 novembre 2025

Opinions

OPINION | L’École belge du Burundi ou l’école de la honte*

24/10/2025 13
OPINION | L’École belge du Burundi ou l’école de la honte*

La direction de l’École belge n’a pas osé sanctionner un élève accusé de cyberharcèlement !

Le parent de l’élève en question est  protégé par  un homme d’affaires burundais très puissant.
Je tais les noms de ces deux individus pour ne pas mettre en danger le journal qui a accepté de publier cet article d’opinion d’un parent d’élève choqué par ce qui s’est passé.

Cette affaire de cyberharcèlement scolaire  choquante, fait polémique ces derniers temps sur les réseaux sociaux ! Mais d’abord, laissez-moi vous donner un aperçu du nœud du scandale !

Cette histoire commence par des vidéos publiées sur les réseaux, plus précisément sur un groupe Snapchat composé d’élèves de la sixième primaire et de la première secondaire de l’École belge du Burundi ! Comme on peut le lire dans le journal Iwacu du 17 octobre 2025, dans ces vidéos, on voit un élève filmé dans son plus simple appareil.

Certains des élèves présents lui ont enlevé son maillot, tandis qu’un autre filmait. C’est ce dernier qui a décidé de publier les vidéos sur Snapchat. La victime a supplié son bourreau de les supprimer, mais en vain. Pire encore, l’élève incriminé lui a demandé de tourner une vidéo où il lui demande pardon en disant : « Pardon, mon maître vénéré ».

Le bourreau aurait harcelé sa victime depuis quatre ans, sans qu’aucune sanction conséquente ne soit prise par la direction. Vu la gravité de l’acte, le corps enseignant du secondaire a pris la décision d’exclure de l’école l’élève incriminé, qui mène la danse dans cette histoire, estimant que, même à 12 ans, les élèves sont responsables de leurs actes.

Mais le comité exécutif a accepté le recours de la famille de l’élève en question. La victime ? Pourquoi s’en soucier ? Mieux encore, c’est elle la fautive !

D’après les parents du bourreau, la victime aurait insulté leur enfant, et ce dernier aurait réagi ainsi pour se défendre. Encore mieux : ce n’était, selon eux, qu’un jeu entre copains, puisqu’on voit la victime sourire dans la vidéo ! Sans pour autant justifier les insultes de la victime, je rappelle qu’il y a une différence entre une dispute entre camarades de classe et la commission d’un acte de cyberharcèlement.

Ce n’est pas parce que les faits se sont déroulés en dehors de l’école qu’ils ne constituent pas pour autant un cas de cyberharcèlement. Qui dit cyberharcèlement dit harcèlement sur les réseaux sociaux, et les individus concernés ne doivent pas nécessairement se trouver dans l’enceinte de l’école. Et les mêmes personnes qui te harcèlent via les réseaux sociaux, tu es obligé de les côtoyer tous les jours à l’école !

Imaginez le traumatisme de la victime ! Comment peut-elle poursuivre sa scolarité sereinement dans une telle situation ? Et on ose dire que ce n’est pas du ressort de l’école ? Soyons un peu sérieux ! En d’autres termes, ce comité exécutif a poussé la victime à quitter l’établissement, puisqu’elle n’a pas pu y retourner depuis l’annonce du retour de son bourreau. Elle est lésée deux fois dans cette histoire !

Les directions et le corps enseignant n’ont pas eu leur mot à dire. Le silence complice des parents valide cette injustice imposée à la victime et à ses proches.

À vous, parents d’élèves scolarisés dans cette école, je vous invite à fermer les yeux et à imaginer votre enfant en train de subir la même chose ! Quelle serait votre réaction ? Jugeriez-vous normal qu’il ait à subir une telle humiliation qui le marquera à vie ? Imaginez que ces vidéos resurgissent plus tard, lorsqu’il voudra postuler pour un emploi !

Chers parents, grâce à l’action de ce comité exécutif, sachez que le message est clair : « Votre enfant n’est pas protégé dans les enceintes de cette école ! Il y est à ses risques et périls ! »

Imaginer votre enfant en train de subir la même chose…

Aux parents burundais, ne soyez pas des Ntirumveko ! Cette attitude a déjà fait beaucoup de dégâts dans ce pays ; ne la reproduisez pas au sein d’une institution qui forme vos enfants et qui est censée veiller à leur bien-être !
Aux parents non burundais, cette école est aussi la vôtre ! Que vous soyez de passage ou que vous ayez décidé de vous installer au Burundi, ce qui s’y passe ne doit pas vous laisser indifférents ! Demandez-vous si vous l’auriez accepté si cela s’était produit dans votre pays !

Quant à moi, je suis heureuse de ne pas avoir un enfant scolarisé dans cette école, désormais devenue l’école de la honte, du déshonneur au Burundi ! Elle devrait afficher un écriteau sur son portail et même sur ses documents officiels :
« Bienvenu(e)s à l’École belge du Burundi, une école où le harcèlement scolaire est toléré ! Bienvenu(e)s dans une école où le clientélisme est roi ! »

Je termine par cette citation de Martin Niemöller :

« Quand ils sont venus chercher les socialistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas socialiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai rien dit, je n’étais pas juif.
Puis ils sont venus me chercher, et il ne restait personne pour protester. »

Pour les parents de l’École belge du Burundi, cette citation sonnerait ainsi :

« Quand ils ont harcelé l’enfant d’un autre, je n’ai rien dit, ce n’était pas mon enfant.
Puis ils ont harcelé le mien, et il ne restait personne pour protester.
Tout le monde avait accepté la loi de l’impunité
. »

Une citoyenne concernée

*Les articles de la rubrique « opinion » n’engagent pas la rédaction

Forum des lecteurs d'Iwacu

13 réactions
  1. Ruth

    Si le representant legal s’est permis de casser la decision des equipes enseignantes, prises dans l’interet superieur de l’enfant, c’est à lui qu’il faut demander des comptes. Peut etre y a t il meme matière à poursuites penales. Cela fait trop longtemps que ce monsieur fait passer ses interets avant ceux de l’institution. Tout le monde sait que ce sont des agissements mafieux, et personne n’ose agir ?

    • Nikwigize

      Donc si je comprends bien, vous savez qui c’est et vous prenez à témoin pour une affaire entre lui et vous? Il faut en dire plus sinon tout ceci est inutile

  2. Nikwigize

    Le harcèlement où qu’il soit, est ignoble et fortement répréhensible.
    La personne qui publie cet article aide à la réflexion sur ce fléau, pour une meilleure prévention dans d’autres établissements.
    On est obligé de remarquer qu’en publiant ceci, on condamne toute l’institution où peut-être 99,9% des élèves et des professeurs ne harcèlent personne. C’est ici ajouter de l’injustice à l’injustice. On peut aussi imaginer qu’en publiant les noms, on soit confronté non pas seulement au courroux des puissants, mais aussi à apporter les preuves des assertions et ça peut s’avérer gênant quand on n’en a pas.
    Un conseil: portez plainte à la justice, on pourra vous soutenir dans ce combat noble.

    • Stan Siyomana

      @Nikwigize.
      1. Vous ecrivez: « On est obligé de remarquer qu’en publiant ceci, on condamne toute l’institution où peut-être 99,9% des élèves et des professeurs ne harcèlent personne. C’est ici ajouter de l’injustice à l’injustice… ».
      Moi je trouve que si une institution sociale n’est pas dirigee correctement, C’EST LE DEVOIR DE TOUT CITOYEN BURUNDAIS DE LE DENONCER.
      2. Vous vous contredisez quand vous dites qu’il ne faut pas publier des noms et qu’en suite vous dites: »Un conseil: portez plainte à la justice, on pourra vous soutenir dans ce combat noble… »
      Ici il y a plusieurs acteurs: le journaliste peut publier des noms parce qu’il a l’information, mais c’est a la victime ou son representant de porter plainte en justice.

  3. M. Thébien Unformé

    Le dysfonctionnement de l’établissement scolaire trouve sa source au niveau du comité de gestion, et en particulier du président, ou représentant légal, personnalité bien connue de la nuit bujumburaise : un (…)
    la suite a été censuré par le modérateur. Les insultes ne sont pas permises.

    Dénué de tout (…) censuré par le modérateur car contenant des insultes.
    cet (…) prétend décider de tout, de façon arbitraire et despotique, y compris à l’encontre et en dépit des décisions des enseignants et des directions.
    Il est également accusé de (…)
    censuré car ce sont des accusations graves sans preuves.

    Lorsqu’on donne autant de pouvoir à un (…) censuré, des insultes
    évidemment cela a des conséquences. Mais comme disait Einstein, le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui regardent et laissent faire.

    Note du modérateur
    Iwacu est ouvert à toutes les opinions contradictoires. Mais dans le respect et la courtoisie. Les insultes ne sont pas acceptées. Merci

  4. Lucie

    si cette histoire est vraie et s’est déroulée telle que narrée et si c’est vrai que cette école accepte même des libertes jusqu’à tolérer l’intolérable, les élèves seraient en danger.Un acte pareil mérité non seulement une sanction sévère mais aussi la sanction devraient être accompagnées de mesure de prévention de tels actes pour protéger leurs scolarisés sinon ce serait la galère.!

  5. Brad

    Dans ces écoles, le règlement scolaire ne prévoit aucune sanction disciplinaire. Ce sont des institutions scolaires qui jouissent des libertés, d’indépendance et d’autonomie. Ils choisissent un régime disciplinaire en faveur des indisciplinés. La seule relation entre ces écoles et la Belgique est le seul fait qu’elles utilisent le programme d’enseignement de la communauté française de Belgique.
    Dans ces écoles, le mal vient de l’attitude des parents, et ce qui choque est que contrairement au autres écoles ce sont les parents qui imposent leur loi et philosophie éducative à la direction de l’école, ce qui conduit au clientélisme et à l’impunité. Les victimes sont les élèves et le personnel qui peut être insulté ou malmené de temps en temps et ça devient normal.
    Par contre, en Belgique les sanctions existent et sont appliquées et les directions des écoles exercent pleinement leur pouvoirs.
    Un jour, la directrice d’une école belge africaine m’a dit: les parents ne tolèrent pas des renvois d’élèves ».

    • Mathieu

      https://ebburundi.org/wp-content/uploads/2024/09/ROI-secondaire-2024-2025-1.pdf
      votre réponse est en partie erronée. Il existe bien des sanctions et celles-ci sonr clairement répertoriées. Elles sont toutes sujettes à recours comme en Belgique.
      C’est à ce moment que je rejoins votre analyse….Certains membres du CE sont implantés dans le milieu des affaires et ont peur de perdre des clients.
      En définitive quel drame pour l’enfant harcelé

      • Stan Siyomana

        @Mathieu.
        1. Merci beaucoup de nous montrer le reglement interieur de l’ecole ou l’on peut lire:
        « L’utilisation des téléphones portables et autres appareils connectés est interdite durant les activités scolaires y compris les récréations, sauf autorisation explicite de la Direction ou d’un membre du personnel éducatif. Les téléphones portables doivent être éteints et non visibles durant les activités scolaires.. »
        2. C’est vraiment regrettable si certains adultes membres du CE preferent « sacrifier » un eleve plutot que de perdre quelques clients dans leurs affaires.

  6. Jean

    Pourquoi les parents de l’enfant victime ne porte pas plainte à la police même au parquet?

  7. hakizimana jean capistran

    Pourquoi ne pas passer par une approche conciliatrice pour les deux eleves puisque de toute facon leur place est a l’ecole pas a la maison.

    • Murinzi J Noël

      tu n’a pas honte de réagir ainsi? si tu étais le père de la victime tu exigerais quel genre d’approche Conciliatrice?

    • Megamind

      J’espère que t’es pas (ou seras pas ) parent.
      Même dans la vie normale, se réconcilier avec un bourreau n’a jamais été facile, imagines une seconde pour un enfant mineur

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