Lundi 29 avril 2024

Économie

Journées de l’accès à l’énergie : Vers une électrification efficace d’ici 2030

06/10/2023 4
Journées de l’accès à l’énergie : Vers une électrification efficace d’ici 2030
Visite du ministre de l’Energie sur le stand d’une des sociétés privées déjà engagée dans le secteur énergie

Le gouvernement burundais se donne l’objectif d’atteindre d’ici à 2030 un taux d’électrification nationale de 70 %. Au cours du lancement des trois journées d’accès à l’énergie renouvelable tenues à Bujumbura depuis ce 3 octobre, les acteurs dans le domaine ont soulevé des actions concrètes qui doivent être menées pour atteindre cette échelle. Parmi elles, ils ont souligné l’importance capitale des investissements du secteur privé dans le domaine.

« Le secteur énergétique au Burundi connaît un développement, mais la capacité nationale installée est 76 MWh », a fait savoir Martin Ndayizeye, Directeur Général de l’Énergie au Ministère de l’Hydraulique, de l’Énergie et des Mines. Et d’ajouter que le Burundi importe une énergie de 15 MWh.

Au cours de la première session de la journée dédiée à l’énergie renouvelable, le DG de l’Énergie a également déploré pas mal de défis qui hantent le secteur de l’énergie au Burundi. Il a parlé d’un faible taux d’accès à l’électricité estimé à 12 % de la population nationale, dont 4 % en milieu rural et 65 % en milieu urbain. Et de préciser que le taux de consommation par habitat est de 3 kWh par an. Un taux encore faible, regrette Martin Ndayizeye.

Pour pallier ce faible accès à l’énergie, plusieurs initiatives ont été entreprises par le gouvernement, a-t-il rassuré. Ici, il a énuméré la construction des différents barrages hydroélectriques, la législation sur la planification de ce secteur, et la nouvelle loi sur l’électrification qui sont en cours de préparation. Et d’ajouter que l’objectif du gouvernement du Burundi est d’atteindre un taux d’accès à l’énergie de 70 % d’ici l’an 2030 et 100 % en 2040.

« Avec la puissance additionnelle attendue en 2030, avec l’accomplissement de tous les documents, nous allons avoir 110 MW additionnels et la puissance additionnelle en 2023 est de 293 MW et la puissance totale d’ici à 2030 sera de 425 MW », a encore précisé le DG de l’Énergie.

Pour lui, il est temps que les investisseurs se lancent dans le secteur de l’énergie. Partant des défis soulevés ci-haut, Martin Ndayizeye a indiqué que les investisseurs privés peuvent contribuer dans la construction des barrages, mais aussi dans la promotion des énergies vertes. « Les projets de réhabilitation des barrages nécessitent des moyens. Les investisseurs privés sont fortement encouragés à se lancer dans ce secteur, car les fonds du gouvernement ne peuvent pas suffire », a insisté le DG de l’Énergie.

Quid de l’accès et de la disponibilité de l’énergie verte au Burundi, le DG a fait savoir que le secteur est toujours dans le rouge. Et de révéler que l’adoption du cadre légal n’est qu’à 25 %, la planification d’exploitation à 20 %, le réseau et protection des risques et contrepartie à 33 %. Il a fait appel aux partenaires de développement tels que l’Union Européenne à élaborer des documents en tenant compte de ces indicateurs et apporter des solutions pour y remédier. Et d’espérer qu’une fois tous les documents régissant le secteur de l’énergie seraient élaborés et présentés, sans doute l’objectif sera atteint. « Il y a la société Virunga Power qui nous a promis 300 mille connexions électriques. Mais aussi, le gouvernement a aussi mis des exonérations sur le matériel servant dans la protection de l’énergie solaire et sur les gaz de cuisson pour favoriser la consommation de l’énergie verte ».

Le gouvernement engagé à pallier les défis dans le secteur de l’énergie

« Nul n’ignore que le secteur de l’énergie occupe une place prépondérante dans le développement du pays », a indiqué Ibrahim Uwizeye, ministre de l’Hydraulique, de l’Énergie et des Mines. Parmi les actions déjà menées par son ministère, figure l’adoption des plans de développement comme le CSLP II, vision 25, vision 30 et les objectifs de développement durable sur l’énergie bien détaillés dans le Plan National de Développement 2018-2027.

Pour arriver à cette échelle de 70 % d’ici à 2030, le ministre Uwizeye a confié que le gouvernement dans ses perspectives, compte multiplier les projets de constructions nationaux et régionaux, ainsi que la construction des lignes de distribution de l’électricité à travers tout le pays. Ainsi que de promouvoir les énergies renouvelables ou alternatives pour faire face au changement climatique.

Reconnaissant l’importance des investissements du secteur privé dans le domaine énergétique, le ministre Uwizeye a fait savoir qu’il y a eu certaines initiatives pour motiver les investisseurs dans la construction des centrales hydroélectriques et l’électrification rurale, comme la construction du barrage Rusumo Falls, qui selon lui, fournira 200 MWh (80 MWh à partager équitablement entre trois pays : le Burundi, le Rwanda). « Nous comptons faire des raccordements sur le réseau Tanzanie pour profiter, une centrale en cours de construction qui fournira 2.000 MWh », a-t-il ajouté.

Le ministère ayant l’Énergie dans ses attributions a interpellé ses partenaires au développement d’assurer la procédure de mise en œuvre de ces projets de construction des barrages qui sont en cours. Et de préciser que dans cette logique d’accélérer l’accès à l’énergie pour tous, des privilèges vont être accordés aux mini réseaux situés dans les zones reculées avec une priorité particulière pour les établissements scolaires et les hôpitaux.

Elisabetta Pietrobon, ambassadeur de l’UE au Burundi a salué les efforts du gouvernement burundais pour développer le secteur de l’énergie.

L’Union européenne au Burundi a salué les efforts du gouvernement pour relever le secteur de l’énergie dans le pays. Elisabetta Pietrobon, ambassadeur de la délégation de l’UE au Burundi, a réitéré l’engagement de sa communauté de soutenir ces efforts dans l’électrification et la transition vers les énergies vertes.

« Ce que nous cherchons, c’est l’accès à l’énergie pour tout citoyen, donc proposer des solutions fiables, abordables et durables pour soutenir le développement du pays et l’épanouissement des citoyens burundais ». Même souhait pour la Banque mondiale au Burundi. La représentante résidente de cette institution financière au Burundi, Hawa Cissé Wagué, a confié que la Banque mondiale ne cessera d’appuyer le gouvernement burundais pour atteindre ce taux d’accès à l’énergie de 70 % d’ici à l’an 2030.

 

Que faire pour motiver les investisseurs privés

Hawa Cissé Wagué a réitéré l’engagement de la Banque mondiale d’appuyer le gouvernement pour atteindre ce taux d’accès à l’énergie de 70 % en 2030.

Une question soulevée par presque tous les participants durant le panel sur la mobilisation et le soutien du secteur privé dans le secteur de l’énergie au Burundi. C’est après avoir remarqué un faible engouement des investisseurs privés dans ledit secteur malgré les efforts du gouvernement pour favoriser leur participation.

Et comme actions déjà menées pour mobiliser le secteur privé à investir dans l’énergie, Martin Ndayizeye, DG de l’Énergie, est revenu sur l’adoption des plans stratégiques d’électrification. Néanmoins, il a déploré le manque d’une étude de faisabilité dans le domaine d’électrification, freinant les investissements des privés. « Les investisseurs ne peuvent se lancer dans des projets qui ne sont que banquables. Sans ces études de faisabilité pour leur montrer des choses concrètes, ils seront toujours réticents », a-t-il insisté.

L’Union européenne au Burundi, elle, a insisté sur la transparence, l’indépendance des acteurs intervenant dans le secteur énergétique au Burundi. Antonio Capone, chef de coopération à l’UE au Burundi, a encouragé plus la mise en application de tous les textes réglementaires régissant ledit secteur.

Et comme solutions proposées, le Ministère de l’Énergie s’est engagé à faire de sorte que la loi sur l’électrification ainsi que les textes et ordonnances la régissant soient disponibles le plus tôt possible. Et de créer aussi un groupe sectoriel énergie pour favoriser une analyse conjointe de toutes les activités.

Signalons que ces journées dédiées à l’accès à l’énergie renouvelable, tenue pour une seconde édition, a eu lieu grâce à l’appui de GOGLA (Global Off-Grid Lightning Association), ARE (Alliance for Rural Electrification), BUREA (Burundi Renewable Energy Association), la Banque mondiale, l’Union Européenne ainsi que Get.Invest Burundi financé par l’Union Européenne et faisant partie du programme européen Get.Invest. La journée a été aussi une occasion aux différentes sociétés privées œuvrant dans le secteur de l’énergie d’exposer leurs produits.

Forum des lecteurs d'Iwacu

4 réactions
  1. Jean Pierre Hakizimana

     » This answers the classic question « We have gold, we have bauxite, we have iron, we have gold, we have oil, we have cobalt! Why are we poor? »

    A ceux veulent comprendre pourquoi aucun des projets conçus et vendu par ces bons élèves de l’école du colonialisme: Voici une long explication. Vous allez m’excuser car le papier est en Anglais mais je suis certain que vous pouvez trouver trouver un outil d’interpretation sur le net:

    https://yawboadu.substack.com/p/commodity-booms-and-busts-in-africa

  2. Jean Pierre Hakizimana

    Insanity is trying the same thing over and over again, expecting different results.

    Le Burundi peut faire tout aussi longtemps que les factures sont payés en BIF. Des qu’il faut acheter des machines ou autres produits & services étrangers, là ça coince. Pas de US $! Donc repeat, rinse and start over again!

  3. Gacece

    Prediction :

    La majorité des projets d’électrification financés et/ou exécutés par des intérêts étrangers rencontreront des difficultés avant leur achèvement, c’est-à-dire avant leur mise en production! Et ils seront abandonnés!

    Dans le cas contraire, je serai quand même très content et agréablement surpris de m’être trompé.

    Je vous jure que je ne connais aucun de ces investisseurs et je vous promets que je n’inciterai, par quelque moyen que ce soit, aucun de ces investisseurs à faire échouer ses projets!

    « Je ‘nous’ l’avais dit! » dirai-je!

  4. arsène

    « Le gouvernement burundais se donne l’objectif d’atteindre d’ici à 2030 un taux d’électrification nationale de 70 %. »

    M. Willy Ciza, directeur des Énergies renouvelables et d’Efficacité énergétique au sein du ministère de l’Hydraulique, de l’Énergie et des Mines disait en 2021 que le Burundi avait alors un taux d’électrification faible : 10 % dans les zones à forte concentration et 2 % en milieu rural.

    https://www.iwacu-burundi.org/energie-renouvelable-le-taux-delectrification-reste-faible/

    Le ministre parle aujourd’hui du taux de 12 % de la population nationale, dont 4 % en milieu rural et 65 % en milieu urbain et un taux de consommation par habitat de 3 kWh par an.

    Pour atteindre le taux dont parlait M. Ciza, il a fallu des investissements énormes et des années de travail. Mais l’on pourrait se demander si l’on peut passer de 12% à 70% en seulement sept ans, 30% de plus dix ans plus tard. Une utopie !

    Monsieur le ministre dit ce que les gens veulent entendre : c’est le propre du populisme. Le Burundi n’arrive pas à terminer la construction du barrage de Kaburantwa (Kabu 6) pour une question de 15 millions de dollars. Monsieur le ministre ne dit pas comment cela sera financé et à combien s’élève l’investissement. Il est fot probable qu’il ne soit plus ministre en 2030 sinon j’aurais aimé que les journaliste lui posent la question dans sept ans.

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