Mercredi 08 mai 2024

Société

Iwacu sur la sellette du CNC

12/07/2019 Commentaires fermés sur Iwacu sur la sellette du CNC
Iwacu sur la sellette du CNC
La rédaction du journal Iwacu en conférence de rédaction le 11 juillet 2019.

Le Conseil national de la communication a publié son rapport annuel. Le journal Iwacu est classé mauvais élève des médias au Burundi, accusé de manquements graves.

Les informations qui sèment le trouble, déséquilibré, de calomnie, etc., le président du CNC n’a pas ménagé le journal Iwacu. Un inventaire a été dressé. Nestor Bankumukunzi a parlé de beaucoup de manquements pratiquement pour chaque édition où l’un ou l’autre article accuse des imperfections. « Des passages qui calomnient des gens, intolérables par la loi et punissable par la loi régissant la presse ».

Pour cet organe de régulation étatique des médias, le journal Iwacu a été à maintes reprises rappelé à l’ordre, des conseils ont été donnés, le résultat est décevant : le journal est demeuré insensible aux conseils. « Une mise en garde va être dépêchée,» promet le président du CNC.

« Nous ne pouvons tolérer de tels manquements qui rappellent les conséquences fâcheuses auxquelles nous avons assisté les années antérieures».

Le journal Iwacu subit de plus en plus de reproches de la part de l’organe étatique de régulation des médias. Son forum de discussion sur le net a été fermé, les internautes n’ont plus droit de donner leurs points de vue sur des sujets traités.

La crise qui a éclaté en 2015 n’a pas épargné les médias. 5 ont été pris pour cibles, incendiés et saccagés. 3 d’entre eux n’ont pas encore rouvert. Plusieurs journalistes ont été contraints à l’exil.

Depuis, les médias sont souvent indexés. Le 20 mars 2019, le Conseil national de la Communication, a ordonné le retrait d’exploitation de la radio BBC et a prolongé la suspension de la Voix de l’Amérique (VOA) jusqu’à nouvel ordre. Le CNC a également interdit à toute personne sur le sol burundais de communiquer “directement ou indirectement des informations pouvant être diffusées” par ces radios.

Le Burundi occupe la 159 ème place sur 180 dans le Classement mondial 2019 de la liberté de la presse de Reporter Sans Frontière. Le RSF s’inquiète du verrouillage de l’espace médiatique : « Tout est fait pour maintenir les journalistes sous pression.»

BBC

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Réactions

Gabriel Rufyiri: « Il est plus qu’urgent que le CNC travaille en faveur des libertés au risque d’avancer vers le rétrécissement de l’espace médiatique.»

Selon le président de l’organisation de lutte contre la corruption et les malversations économiques, le journal Iwacu est un journal de renommé internationale. Ses journalistes essaient tant bien que mal d’équilibrer l’information. Le conseil devrait féliciter Iwacu qui donne la parole à tous. Si les fautes sont commises, le code de déontologie donne la possibilité de droit de réponse et de rectificatif. L’Olucome appelle à un dialogue interactif qui vise à promouvoir la liberté de la presse, la liberté d’opinion. « On ne peut pas parler de démocratie sans parler de presse libre, capable de dire les vérités qui fâchent avec professionnalisme. » Selon Gabriel Rufyiri, il est plus qu’urgent que le CNC travaille en faveur des libertés au risque d’avancer vers le rétrécissement de l’espace médiatique. C’est important de laisser les gens s’exprimer.

Kefa Nibizi : « Les prestations d’Iwacu sont bonnes globalement.»

Le président parti Sahwanya Frodebu iragi rya Ndadaye assure que le journal Iwacu accorde souvent à son parti l’espace dans ces colonnes pour des réactions. « Nos déclarations sont reportées comme il faut ». Kefa Nibizi considère que les prestations d’Iwacu sont bonnes globalement. Selon lui, son parti peut porter un jugement aux accusations du CNC s’il savait quels articles sont incriminés. « Nous l’invitons à entrer en contact régulièrement avec le CNC pour qu’il lui montre les articles incriminés et pour assainir ses relations avec ce dernier. »

Agathon Rwasa : « Le CNC ne devrait pas chercher à réduire les médias au silence.»

Pour le président du parti CNL, le Conseil national de la communication constate un manque de neutralité dans ses analyses. « Il y a certaines publications sur le net, la radio proche du pouvoir, qui ne sont pas inquiétés alors qu’ils n’équilibrent pas leurs informations». Agathon Rwasa voit plutôt un problème de gestion de l’information. Selon lui, le journal Iwacu est épinglé parce qu’il parle du quotidien de la population. Des violations des droits de l’homme. « Le CNC devrait plutôt souhaiter voir renforcer les médias au service de la démocratie et de la population et non pas chercher à les réduire au silence».

Onésime Harubuntu : « La disponibilité des autorités administratives est requise pour permettre d’équilibrer l’information.»

Le président de l'Association burundaise des radios diffuseurs du Burundi (ABR) se félicite des rapports du CNC qui montre qu’il fait son travail. Il appelle néanmoins le conseil à privilégier le dialogue et les conseils plutôt que des sanctions. Selon Onésime Harubuntu, le journaliste doit toujours être professionnel dans son travail, respecter la déontologie professionnelle pour échapper à tout reproche. « Les autorités étatiques doivent être plus disponibles pour donner leurs réactions afin d’aider à équilibrer l’information et faciliter le travail des journalistes. »

Charles Nditije : « C'est une voie vers l'interdiction de ce journal qui travaille avec professionnalisme et compétence »

Selon le président de l’Uprona de l’opposition en exil ce n’est pas surprenant car le CNC est devenu un instrument du pouvoir pour sanctionner et censurer les journaux et médias indépendants. Aucune faute réelle n'est donnée dans le verdict du président du CNC, rien que des accusations globalisantes. « Y a-t-il des médias qui donnent des informations à sens unique que les médias publics ou proches du pouvoir?» C'est une voie vers l'interdiction de ce journal qui travaille avec professionnalisme et compétence.

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