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Culture

HOMMAGE / Adieu, Alain Ricard

25/10/2016 Commentaires fermés sur HOMMAGE / Adieu, Alain Ricard

alain-ricardIl faisait partie des membres fondateurs de l’Association pour l’étude des littératures africaines (APELA- http://apela.hypotheses.org/), dont il en a été le président de 2010 à 2013. Parmi les figures majeures de la recherche mondiale sur les littératures de l’Afrique, ce Directeur de recherche émérite au CNRS et ancien de l’Institut français de recherches sur l’Afrique (IFRA, Nairobi) a été primé en 2002 par le Prix de la Fondation Humboldt pour ses travaux sur les littératures d’Afrique.

Réalisateur de plusieurs films sur le théâtre africain, citant Wole Soyinka comme maître, Alain Ricard indiquait avoir appris le swahili au milieu des années 1980 avec « un manuel anglais, une grammaire italienne et un dictionnaire russe »…

Cet esprit extrêmement curieux nous laisse une riche œuvre: http://www.africultures.com/php/?nav=personne&no=4170

En 2009, il récusait l’uniformisation des « mondes africains » à l’occasion de la parution de la collection « Traversées de l’Afrique » dans un long entretien à Africultures : http://www.africultures.com/php/?nav=article&no=8759

EXTRAIT

J’aime les livres pour leur forme, leur couleur et mon critère de choix était simple : des livres imprimés en Afrique, relevant plus ou moins des catégories 1 et 8 de la CDU : littératures, essais, philosophie, études linguistiques et littéraires. Je vous rassure : je n’ai pas lu une bonne partie des livres de ma bibliothèque, et je suis en bonne compagnie justement avec Benjamin, et plein d’autres maniaques dans mon genre, mais, moi au moins, j’ai une bonne excuse : beaucoup sont écrits dans des langues que j’ignore et que je n’apprendrai jamais, des langues de l’Afrique et même plus : des langues africaines.

Acholi, akan, ewe, zulu, xhosa, haoussa, kikuyu, igbo, wolof, peul, idoma, fon etc. En gros, je ne peux lire que le swahili, vaguement déchiffrer le yoruba, et là aussi j’ai une excuse : la graphie est un peu distraite et oublie fréquemment les marques tonales qui portent une part de l’information linguistique, lexicale et syntaxique… Disons que j’ai appris ces deux langues, et que j’ai appris l’importance d’apprendre, se mettre en situation d’apprenant. Larry Hyman, aujourd’hui président de la LSA, a écrit un très bel article Fieldwork as a Research Method, il y a une quinzaine d’années. Le terrain comme méthode… Là où le linguiste de cabinet peut dire, face à un problème : c’est de la syntaxe, moi je ne fais que de la phonologie, le linguiste de terrain n’a pas ce luxe et doit affronter le mur de ses perplexités. Il est en situation d’apprenant, en situation de faiblesse : dans le travail ethnographique, dans l’anthropologie culturelle, n’ayons pas peur des mots, c’est bien cela qui est important.

En somme, le monde nous saute à la figure, à nous de nous débrouiller : l’in-discipline est une nécessité, nous devons bricoler dans les marges, parfois, et il est vain de vouloir faire entrer à toute force ce que nous observons, ce que nous entendons, dans des cadres préétablis. Or, peut-être est-ce avec la dissonance que commence la connaissance… L’africanisme n’est pas une discipline, mais l’Afrique pose aux disciplines de multiples questions, propose des formes de nomadisme, comme le disait naguère Christian Coulon, et leur demande de se faire in-disciplinées, d’aller au-delà des cadres tout prêts. Ce n’est pas nouveau, mais il est bon d’y insister…

Alain RICARD, Ouverture des 4ème Rencontres des Études Africaines en France, 5 juillet 2016, Vertus de l’in-discipline : langues, textes, traductions

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