Elle s’appelle Jeanine Iremukwishaka, elle n’a pas de bras. Mais c’est une écolière ordinaire. Elle veut devenir journaliste. Un cinglant démenti à tous les préjugés sur les handicapés.
Incroyable ! Les orteils de Jeanine Iremukwishaka, 17 ans, une ex-mendiante à Bujumbura, manchote et estropiée, lui servent de doigts. Elève en 6ème année de l’Ecofo Kiganda II, ses camarades de classe, ses instituteurs n’en reviennent pas.
En l’absence de bancs-pupitres adaptés, sa chaise roulante est devenue multiservices. En plus d’être un moyen de locomotion, elle est un support pour ses cahiers et ses livres.
Tous les matins, avec l’aide de ses camarades, elle se déplace du Centre des handicapés de Kiganda pour suivre les cours. En classe, placée tout près du tableau noir, le stylo entre ses deux orteils assimilables au majeur et à l’index, son habileté lui permet de ne rater aucun mot de son institutrice. Elle se sert des deux orteils de son pied droit pour tenir le cahier, d’autres matériels et tourner les pages, etc.
Cette élève originaire de Mubuga, province Ngozi, est surnommé « Bitangaza » (miracles) tant elle impressionne son entourage.
« J’ai vu des enfants jeter un coup d’œil dans son cahier pour vérifier l’orthographe d’un tel ou tel autre mot », témoigne Odette Ndagijumukama, son institutrice de 1ère année en 2012-2013. Quand elle l’a vue pour la première fois, dans sa classe, elle s’est posée une question : « Comment parviendrai-je à apprendre à écrire à une personne sans bras ? » Des élèves faisaient des attroupements autour d’elle. Dépassée, elle affirme avoir décidé de l’ignorer tout simplement.
« Quand je passais dans les rangées pour corriger les autres, je ne me souciais pas d’elle. Je me disais que cela ne servait à rien », raconte-t-elle. Mais à sa grande surprise, elle restait concentrée, tout en écrivant avec ses orteils. « Petit à petit, j’ai commencé à y jeter un coup œil. »
Au-délà des apparences
En faisant le tour dans les rangées, un jour, se rappelle-t-elle, Jeanine Iremukwishaka lui a présenté son cahier en la suppliant : « Madame, pourriez-vous regarder dans mon cahier aussi ?» Cela m’a montré, explique-t-elle, qu’elle se sentait isolée, discriminée, méprisée.
Cette institutrice confie qu’elle a été fortement surprise de voir sa belle calligraphie. Depuis lors, elle a décidé de s’intéresser à son élève. Mieux, à la fin de l’année, elle a réussi avec plus de 70%. Et depuis la 1ère année jusqu’en 5ème année, elle s’est toujours classée parmi les quinze premiers. L’année passée, elle a réussi avec 73,1 %.
Devenir journaliste est son rêve. « Les journalistes parlent pour les opprimés », assure-t-elle, sourire aux lèvres. « Mon handicap n’est pas une fatalité. »
Sœur Benigne-Suavis Nduwimana, directrice du Centre des handicapés de Kiganda, indique que c’est grâce au groupe Action Carême de Mont Sion Gikungu, en collaboration avec la police, que cette fille a été récupérée. Cette responsable d’établissement révèle que quand le processus a commencé, en 2011, il y a eu des résistances : « Cela n’a pas été facile ! Un particulier l’avait louée à son père pour l’exploiter comme mendiante. Le papa recevait 70 mille Fbu par mois. L’enfant était condamnée à finir dans la rue» Des autorités se sont impliquées jusqu’à l’emprisonnement de son père pour le contraindre de céder.
Sœur Benigne-Suavis affirme que cela a pris du temps pour la sociabiliser et lutter contre les préjugés de son entourage. Et de conclure : « Je suis convaincue que Jeanine Iremukwishaka va terminer ses études.»
Incroyable!! c’ est bien de préciser la ou elle habite pour la soutenir
Quel miracle. Un enfant à aide. Barambarire iyo aba nzomusure, mpezendamuhe n’ikaye. Merci le tout puissant de faire tjrs les miracles.
IMANA IHEZAGIRE UWO MWANA.