Mardi 19 mars 2024

Économie

Commune Mabayi : la coopérative « Dukomeze Umwuga », face à mille et un défis

26/10/2020 Commentaires fermés sur Commune Mabayi : la coopérative « Dukomeze Umwuga », face à mille et un défis
Commune Mabayi : la coopérative « Dukomeze Umwuga », face à mille et un défis
Eliachim Nahimana : « J’emploie à peu près 300 personnes. Ils sont tous assurés et soignés.»

Faible production, manque d’équipement adapté, matériel souvent endommagé, tels sont quelques problèmes auxquels fait face la coopérative « Dukomezumwuga » qui extrait de l’or sur le site Kabere en commune Mabayi, province Cibitoke.

Lundi 12 octobre. Il est 11h. Nous sommes sur le site Kabere, à 1km du chef-lieu de la commune Mabayi. C’est sur ce site, qui s’étend à peu près sur 2 ha, que la coopérative « Dukome Umwuga » extrait de l’or, depuis 2017.

Sous un bruit de groupes électrogènes à perforer les tympans et sous une pluie battante, une centaine de creuseurs couverts, de la tête aux pieds de boue jaunâtre, travaillent à la chaîne. Munis de pioches, de pelles, de casquettes et de bottes, certains remuent et remontent la terre.

D’autres essaient de canaliser et de remonter à la surface une nappe d’eau qui a envahi les galeries déjà creusées. Ils sont appuyés par cinq motopompes.

D’autres encore bouchent les galeries déjà exploitées et y plantent des herbes. La protection de l’environnement est une exigence de l’administration communale.

Eliachim Nahimana, président de la coopérative « Dukomeze Umwuga », supervise les creuseurs. « J’ai acheté ce périmètre en plusieurs étapes. J’ai commencé par une parcelle de 3 millions », explique-t-il. Il confie qu’il n’est pas aisé d’extraire de l’or.

« Il est difficile de découvrir de l’or. Nous tâtonnons et faisons des recherches qui peuvent aboutir ou pas. La production est faible».

Du matériel non adapté

M. Nahimana fait savoir qu’il fait face à un problème de matériel rudimentaire souvent endommagé. A cela s’ajoute la hausse du prix de ce matériel. D’où la chute de la production. Du côté du matériel déjà endommagé, les pertes sont énormes et s’évaluent à des centaines de millions de BIF.

« Quatre moulins et 120 petits groupes électrogènes déjà endommagés. Le coût de ces derniers est de 9 mille BIF chacun, soit 108 millions BIF perdus. Chaque moulin a été acheté à 3 millions, soit un total de 12 millions BIF », déplore l’orpailleur. Malgré les pertes, il continue à travailler : «Au commencement, nous étions 15 coopératives engagées dans l’extraction de l’or. Actuellement, seules 5 coopératives tiennent le coup. » Les autres ont jeté l’éponge, s’estimant incapables de pouvoir récupérer les fonds engagés.

Il demande une aide en matériel adapté auprès du gouvernement pour pouvoir augmenter la production. Au cas contraire, prévient-il, le risque de mettre les employés au chômage est grand.

Interrogé sur la prise en charge de ses employés, Eliachim Nahimana se veut rassurant : « J’emploie à peu près 300 personnes. Ils sont tous assurés et soignés.» Et d’ajouter qu’il paie 7 mille BIF pour chacun comme taxe communale chaque année.
Cet orpailleur dénonce ceux qui exploitent illégalement et clandestinement l’or. Il demande l’intervention de l’administration communale pour y mettre un terme.

A propos du degré de collaboration avec la société russe « Tanganyika Mining Compagny, M. Nahimana nie toute relation : «La société a son propre périmètre à exploiter, les coopératives ont les leurs.»

Les employés tiennent le coup malgré…

Isaac Ntahompagaze vient de passer 10 ans dans l’extraction de l’or. Il confie que ce n’est pas une promenade de santé : « Nous tâtonnons. Nous utilisons les mains pour chercher de l’or. Nous creusons d’abord à partir du sol cultivable, puis atteignons le sable jusqu’à atteindre ce qu’on appelle le « tapis ». Là, nous pouvons remarquer qu’on peut continuer la recherche ou pas. La profondeur variant entre 5 et 10m.»

Il fait savoir que le travail est éreintant et que la production reste faible : « Nous éprouvons des difficultés, de la fatigue. Nous utilisons du matériel rudimentaire. Nous pouvons passer deux semaines, même un mois sans rien découvrir. La production est hypothétique.»

David Barengayabo a 15 ans dans le métier. Il dit être dévoué au métier, malgré les exigences de ce dernier. Interrogé sur la production, il fait savoir qu’elle reste faible, mais qu’il en tire profit. Il rejette l’idée véhiculée par l’opinion selon laquelle la production profite au seul patron : « Nos familles vivent grâce à ce métier. Les enfants sont scolarisés. Les taxes sont payées par la coopérative et nous sommes assurés.»

Interrogé sur le risque de mise au chômage, M. Barengayabo se veut optimiste : « Notre patron essaie de nous aider quand la production baisse. Nous recourons aussi à l’épargne pour nouer les deux bouts du mois.»

Les caisses de la commune renflouées

Janvier Irangarukiye : « La commune tire profit de l’extraction de l’or.»

« La commune tire profit de l’extraction de l’or. Les coopératives versent dans les caisses de la commune une taxe annuelle de 7 mille BIF en tenant compte du nombre d’employés qui travaillent dans ces coopératives. Cela sera une bouffée d’oxygène pour la commune », se réjouit Janvier Irangarukiye, conseiller technique ai, chargé du développement dans la commune Mabayi. Il dit que ces coopératives créent des emplois et diminuent le chômage dans la commune. Néanmoins, il déplore que ces coopératives utilisent encore du matériel non adapté.

Interrogé sur les orpailleurs clandestins, cette autorité communale reconnaît leur existence. Selon lui, ces clandestins évoquent le manque de moyens pour créer une coopérative. Il précise que le nouvel administrateur a promis de prendre des mesures draconiennes à leur encontre.

M. Irangarukiye interpelle ceux qui extraient l’or clandestinement de se regrouper dans les coopératives : « Les coopératives ont des certificats d’exploitation délivrés par le gouvernement. Elles travaillent dans la tranquillité.»

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