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Climat malsain et gel de financements menacent l’IRAZ

05/06/2013 Commentaires fermés sur Climat malsain et gel de financements menacent l’IRAZ

Les employés de l’Institut de Recherches Agronomiques et Zootechniques (IRAZ) dénoncent injustices et mauvaise gestion au sein de leur entreprise, après trois mois de non paiement de salaires. Le directeur administratif et financier incrimine l’absence de financements provenant des Etats membres de la CEPGL (Burundi, Rwanda et République Démocratique du Congo), créateurs de l’IRAZ en 1992. <doc1829|left>Les employés de l’IRAZ accusent leur directeur administratif et financier (DAF) de chercher à provoquer la fermeture de cette société. Selon l’un d’eux, qui a voulu garder l’anonymat, cette autorité a toujours voulu supplanter le directeur général dès son arrivée en juin 2009. Il l’accuse aussi d’extrémisme : « Dès son arrivé, il a demandé combien de Hutu et de Tutsi il y a à l’IRAZ. »Et pour étayer ses accusations, notre interlocuteur parle de la suspension par le DAF du salaire d’un chercheur, Sylvestre Hakizimana, qui venait d’avoir une bourse d’études de Master à l’Université de Makelele en Ouganda. Ce qui s’est passé ? Sylvestre Hakizimana affirme avoir reçu cette bourse d’études de Master en 2008 de la part des bailleurs de l’IRAZ : « Il était prévu que je revienne faire des recherches ici après 3 mois d’études à Makelele, avant d’y retourner. Arrivé à Kampala, j’ai appris que je dois y rester toute une année. » Sylvestre Hakizimana précise qu’il a alors informé les autorités de l’IRAZ de ces changements et qu’elles ont accepté sa prolongation. Mais, explique-t-il, le DAF a tout remis en cause en mai 2009 :il a supprimé son salaire. Le chercheur intente alors un procès contre l’IRAZ et obtient gain de cause le 28 août 2011. Il va recevoir plus de 52 millions Fbu de dommages et intérêts. « Pas de dialogue » Les employés de l’IRAZ se plaignent de l’absence de dialogue entre eux et la direction : « Depuis 2009, il n’y a eu aucune réunion. » Un employé affirme qu’ils ne savent même pas pourquoi ils ne touchent plus leurs salaires.  Selon un autre, le DAF et le directeur général de l’IRAZ sont en conflit ouvert, ce qui pousserait les bailleurs à se désintéresser de l’IRAZ : « Si l’un décide, l’autre s’y oppose. » Le DAF est aussi accusé de dilapider les biens de l’IRAZ parce qu’il entretien deux jardiniers et deux veilleurs alors qu’on lui paie l’eau et l’électricité. D’après cette source, ces avantages sont aussi pour le directeur technique et le directeur général. Mais, précise-t-elle, les textes prévoient uniquement ces avantages pour le directeur général : « Lui aussi il doit avoir un seul veilleur. » D’autres employés, dont les ingénieurs, en veulent aussi au le DAF pour sa décision de les refouler des maisons de l’IRAZ : il a laissé des techniciens de son choix. « Les pays membres de la CEPGL ne financent plus l’IRAZ » Le DAF de l’IRAZ, Aloys Bizimana, invoque son statut de diplomate pour dire qu’il n’est pas autorisé à livrer une information à la presse. Il parle notamment de l’article 30 de la loi mettant en place cette institution. Selon un autre fonctionnaire de l’IRAZ, citant le même DAF, le Burundi, le Rwanda et la RDC ne donnent plus d’argent de fonctionnement à l’IRAZ. Il se réjouit, néanmoins, que 60 ouvriers qui touchent 900 Fbu par jour (36 mille Fbu par mois) soient régulièrement payés jusque fin décembre 2011.  D’après lui, les 15 autres qui restent « dont le salaire le plus bas est de 490 mille Fbu » doivent attendre le financement des Etats membres. Pour lui, cette priorité de paiement des ouvriers a une justification: « Si un agent de la direction va dans une autre province, ils reçoit 25 mille Fbu par jour. S’il se rend au Rwanda ou au Congo il bénéficie quotidiennement de 80 euros (144.000 Fbu) alors que les ouvriers ne reçoivent jamais ces avantages. » Et de proposer une solution : « Que ces employés demandent des crédits à court terme, de 3 à 4 mois, dans les banques, remboursables dans 12 mois. » <doc1828|right>L’IRAZ n’est pas une priorité ? Aloys Bizimana indique que les Etats financent d’abord d’autres programmes avant l’IRAZ. Le Congo, par exemple, pourra d’abord financer les élections et payer les salaires des soldats qui vont les sécuriser, avant de mettre des fonds à l’IRAZ. Bien plus, pense-t-il, le Burundi privilégiera l’augmentation des salaires des magistrats en grève. De même, le Rwanda, selon lui, ne pourra pas se hâter de financer l’IRAZ avant de payer ses fonctionnaires de l’intérieur du pays. Concernant les fonctionnaires chassés des 13 maisons de l’IRAZ, le DAF déclare qu’elles doivent être occupées par des chercheurs. Il réfute l’accusation selon laquelle il n’a pas sorti de ces maisons ses « amis ». Et il se dédouane en précisant que la décision a été prise par le conseil d’administration et non le DAF. Au sujet de l’octroi de la bourse de Sylvestre Hakizimana, M. Bizimana ne mâche pas ses mots : « La bourse de l’IRAZ devient légale lorsqu’elle est attribuée à un Burundais, un Congolais et un Rwandais en même temps. » Il réfute les penchants ethniques dont il est accusé. Mais, il ne nie pas son conflit avec le directeur général qu’il accuse d’entretenir secrètement des liens avec des journalistes. Mais Iwacu n’a pas pu joindre le directeur général de l’IRAZ qui était en mission à Kigali, au Rwanda. Contactée au sujet de la situation à l’IRAZ, la ministre de l’Agriculture et de l’Elevage n’a pas voulu s’exprimer et nous a renvoyés au ministère des Relations Extérieures. Selon un haut cadre du ministère des Relations extérieures et de la coopération, l’IRAZ connaît un problème sérieux de trésorerie suite à l’absence de cotisations des Etats membres. Il explique que la dernière conférence des chefs d’Etats de la CEPGL date de 1996. Bien plus, les conseils des ministres des affaires étangères ne se tiennent pas régulièrement. « Or, précise cette source, les questions de financement des organisations régionales se discutent dans de telles réunions. » Le directeur général de l’IRAZ est Congolais, le directeur technique Burundais, et le DAF Rwandais. L’institut comptait 68 employés jusqu’en 2009, date à laquelle ils ont été réduits à 15, faute de financements.

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