Mercredi 08 mai 2024

Archives

Cibitoke : les parcelles divisent

05/05/2013 Commentaires fermés sur Cibitoke : les parcelles divisent

La population du chef-lieu de la province accuse les services de l’urbanisme d’attribuer des parcelles selon des considérations politiques. Ces derniers contestent vigoureusement ces accusations. L’administration provinciale tranquillise.

<doc4141|right>La population du centre urbain de Cibitoke trouve anormal le retard pris dans l’attribution des parcelles. Une grande frange de fonctionnaires œuvrant dans cette province de l’Ouest du Burundi se sentent discriminés. Tel est le cas de N.K qui a payé tous les frais nécessaires depuis 2008 y compris ceux de viabilisation en vue d’obtenir une parcelle : « J’ai dû contracter un crédit auprès d’une institution bancaire pour pouvoir acheter une parcelle. Malheureusement, je ne l’ai pas encore eue. Je crains que mon argent risque d’être détourné », lance-t-il avec amertume. Pourtant, poursuit-il, même ceux qui ont payé après moi ont déjà terminé leurs chantiers et vivent dans leurs propres maisons. Pour le moment cet enseignant du secondaire exige à ce que l’argent versé lui soit remis.

Ce cas est loin d’être isolé. M.S n’en décolère pas: « Si j’étais membre du parti au pouvoir, nul doute que j’aurais déjà eu autant de parcelles que je voudrais. » Pour preuve, il parle des personnes proches du CNDD-FDD qui ont plus de deux parcelles. Selon lui, il arrive souvent qu’une parcelle attribuée soit de nouveau réattribuée à une deuxième personne à l’insu du premier acquéreur. « L’urbanisme n’est pas étranger dans ce genre de pratiques. En l’absence de quelqu’un pour plaider en ta faveur, on te retire la parcelle sans aucune autre forme de procès même si tu l’as eu en bonne et due forme », précise-t-il.

D’après les informations collectées sur place, des risques d’affrontements sont légion entre les demandeurs des parcelles. Cette situation est à l’origine d’un climat malsain au sein des demandeurs des parcelles. Une autre source haut placée affirme sans ambages que certains dignitaires s’arrogent le droit de confier les travaux des chantiers aux policiers pour faire la garde. « Un jour, les gardes de deux haut gradés se disputant une même parcelle ont failli ouvrir le feu au grand jour. N’eut été l’intervention des autorités administratives, les têtes allaient tomber », révèle la source.

D’autres informations reçues sur place parlent de spéculations. « Il est de notoriété publique que des cas de corruption ne sont pas à exclure. A maintes reprises, on m’a approché pour me demander des ponts de vin. A chaque fois, je leur ai opposé une fin de non recevoir », déclare D.H qui travaille dans l’administration publique. D’après ce père de 4 enfants, les commerçants sont souvent victimes de ce genre de pratique : « Ils n’hésitent pas à donner n’importe quelle somme demandée». D’après lui, il faut que justice soit faite pour les personnes en ordre avec les exigences préétablies par les services de l’urbanisme. « Des suppléments d’argent nous sont demandés chaque année, mais nous attendons vainement les parcelles », constate-t-il.

L’Urbanisme s’en lave les mains

Le responsable de l’antenne Ouest de l’urbanisme ne nie pas que son secteur est confronté à de multiples défis. Tout en comprenant la colère des demandeurs de parcelles, Jérôme Ngendakumana explique qu’il a hérité d’une situation très complexe : « Je suis nouvellement affecté à Cibitoke et j’ai déjà rencontré tous ces problèmes. » Selon lui, la grande part de responsabilité revient à ses prédécesseurs. Toutefois, Jérôme Ngendakumana tranquillise toute personne qui a déjà payé tous les frais exigés : « Des parcelles leur seront accordées dans les plus brefs délais. A plus forte raison, une grande partie de ces parcelles proviendront des terrains attribués à certaines personnes qui ont été incapables ou tout simplement qui n’ont pas voulu construire. » De son avis, mêmes les parcelles clôturées, sans maisons, vont bientôt être saisies.

Du côté de l’administration provinciale, le gouverneur Anselme Nsabimana demande à toute personne qui se sent lésée de lui apporter toutes les pièces justificatives en vue de plaider en sa faveur. Il trouve trouve anormal le retard pris dans l’attribution des parcelles pour une personne qui est en ordre avec les services de l’urbanisme. Il interpelle les autorités habilitées pour vider définitivement cette question en rapport avec les parcelles. Pour lui, le développement de la province prend en compte le logement décent pour ses habitants mais également la construction des maisons à plusieurs niveaux qui pourront abriter différents services.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

La soif d’aujourd’hui

Au Burundi, pays de tradition brassicole, la bière est reine. Pour la majorité de Burundais, un évènement excluant l’alcool n’en est pas un. Dans la joie comme dans le malheur, en famille ou entre amis, la bière est obligatoire. Elle (…)

Online Users

Total 2 226 users online