Dimanche 28 avril 2024

Politique

Ceni : entre discours non violent et accusations de manipulation

20/07/2016 13

«Elections au Burundi : les défis et les perspectives », tel est le thème d’un atelier organisé ce mardi 19 juillet par la Ceni. Deux courants ont dominé les débats : la communication non violente face à un exercice d’accusations de campagne de désinformation.

6 ou 9D’entrée de jeu le conférencier du jour, Adolphe Sururu, professeur à l’Université du Burundi expose une photo montrant deux hommes complètement en désaccord sur le chiffre 6 ou 9, vu de deux angles différents : le premier affirme qu’il a à faire au chiffre 6 au moment en face de lui le deuxième lui rétorque qu’il voit le chiffre 9.

Cette illustration donne la griffe de la conférence. «Mine renfrognée, chacun sait qu’il a raison. Il ne cèdera pas, campe sur ses positions et refuse de tergiverser», fait remarquer le professeur Sururu.

Pourtant, explique le conférencier, s’ils engagent une conversation sous le signe de la bienveillance chacun verrait que l’autre est aussi dans le vrai. «Faire sa part, savoir lâcher-prise, telle est la clé. Quitter le jeu de qui a tort, qui a raison. C’est une spiritualité universelle», affirme ce psychologue.

Et de conseiller : «C’est un code de conduite à adopter partout. Famille, relations quotidiennes, lieux de travail, au sein des partis politiques.» D’après lui, le mot d’ordre est de ne pas tomber dans le piège des trois L : «Lâcher, Lécher et Lyncher».

«Pas de paix sans développement, pas de développement sans paix et pas de paix sans l’équité et la justice». Une citation du Dalai Lama reprise pour illustrer tout élan de non-violence. Mais ce ’’courant pacifiste’’ sera vite nuancé. Le président de la Ceni, Pierre-Claver Ndayicariye cite homme politique tchèque, Vaclav Havel : «Le manipulateur est un dealer. Il vous livre ses doses, vous rend dépendant et s’enrichit en vous méprisant».

Le titre de son travail à lui seul est évocateur : «Les élections de 2015 à l’épreuve des médias et des réseaux sociaux : pièges et dangers de la manipulation.» Le ton est donné.

D’après lui, «les élections de 2015 ont connu des manipulateurs et des propagandistes dotés de potentialités capables d’influencer et de transformer les idées et les comportements des citoyens burundais sans qu’ils ne se doutent de rien».

La théorie du complot

Pierre-Claver Ndayicariye
Pierre-Claver Ndayicariye

Durant plusieurs minutes, le président de la Ceni brossera sa thèse. Ces ’’acteurs’’ cités comme étant les ’’ennemies de la paix’’ ne sont autres que certaines organisations de la société civile, les médias ainsi que les ONG internationales.

«Ces dernières sont infiltrées par les gouvernements qui tirent les ficelles dans les coulisses. Ces manipulateurs sont tous devenus des acteurs politiques d’un genre nouveau», révèle le maître des élections au Burundi depuis plus de dix ans.

«Ils ont des stratégies taillées sur mesure pour chaque pays. Ils ont des bailleurs, des sponsors, des parrains dans les quatre coins du globe », fustige-t-il.

«Distraction, dégradation de la situation, encourager le public à se complaire dans la médiocrité et passer de la manipulation à la révolte. Des stratégies visant à stopper le processus électorale. Kiliba Ondes, Halte au troisième mandat, manifestation, génocide en préparation,… » L’ambassadeur Ndayicariye égrène toute une panoplie de ce qu’il appelle ’’montages visant à créer la panique et la peur aux Burundais’’.

A la fin de la séance, une question sera posée à l’ «apôtre de la non-violence», Dr Sururu : Est-ce que le patron de la Ceni ne s’est-il pas livré à une séance de lynchage trahissant du coup les valeurs que vous prôniez tantôt ? Sourire. Ce pacifiste qui a fréquenté la même école que Pierre-Claver Ndayicariye tranquillise : «Il nous a fait un clin d’œil sur ce qui se passe».

Forum des lecteurs d'Iwacu

13 réactions
  1. kibwa

    Moi j’ai une seule petite question « Pourquoi Sururu accepte -t-il d’aller à la sauvegarde d’un régime déjà condamné?. Il se laisse manipuler par ce Monsieur Ndayicariye déjà carbonisé aux yeux de l’opinion publique burundaise et internationale pour des raisons d’argent?.
    Mon cher Sururu, on a vécu longtemps ensemble en Belgique, moi à Bxl, toi à Leuven. Je suis plus que décu . Tu aurais pu décliner cette invitation et continuer à vivre. Bonne continuation

  2. Kimaranyi

    Je crois que Ndayicariye ,d’après ses propos, parle comme un politicien qu’un président d’une commission qui se veut indépendante en d’autres termes on comprend bien que c’est la bouche qui ne parle que l’abondance du cœur . S’il est vrai que ces ONGs, Sociétés civiles travaillent pour leurs bailleurs est ce que Ndayicariye lui peut nier qu’il a travaillé pour l’intérêt du pouvoir DD et non dans l’intérêt de tous les burundais? J’en doute fort .

  3. Kabahagamye Epitas

    Et moi croyais que le Chef de la CENI au Burundi ‘etait comparable a un grand defendeur des Droits de l’ homme, un homme neutre et sans accointance avec tel ou tel partie !!!!!
    Desole, je suis extremement decu par ce Claver Ndicariye, qui vient de vilipender le peuple burundais, qui posait les questions `a sa place, lui le garant d’ un processus de paix.
    Insulter et traiter de tous les maux les burundais qui demandaient pourquoi Arusha est viol’e, c’ est etre completement irresponsible . Je pense que ce discours ne reflete pas la profondeur de son ame, car bien avant, il avait une autre logique que celle d’ un berger insultant `a qui mieux mieux tout ce qu il rencontre…..

    • Oui les gens qui ne connaissent pas Ndayicariye peuvent être étonnés. Ce personnage sans calme ni serennité est une caisse de résonnance du gouvernement. Il ne pense pas, il ne réfléchit pas, c’est un tonneau que le gouvernement remplit à sa guise. Il n’a jamais été président de la CENI, il n’a jamais compris ce que signifie la CENI. Voyez vous même sa partialié, il est incapable d’user de sagesse d’un président de la CENI. Bref, ce type était bon lorsqu’il lisait les nouvelles à la radio Kabondo, celui qui nous a enfoncés c’est celui qui l’a nommé ambassadeur. A ce moment, les gens ont cru qu’il méritait ce titre et qu’il ferait montre de la sagesse associée. Tant pis, nous avons un glouton!

  4. Ridiculus

    C’est un tacheron taillé sur mesure. Son message n’est pas personnel. C’est un petit porte-parole, exécutant servile de son maître. Que le Burundi brûle, ce n’est pas son problème. L’essentile pour lui c’est d’empocher son salaire.

    • congo

      Je suis d accord avec vous mais ma question est : pourquoi il tombe plus bas que terre? Pourquoi ce manque d humanisme,pourquoi le malheur des autres lui indiffere ? Pour l argent ? Je ne crois pas. Pourquoi alors cette haine aveugle ?

  5. Karimsson

    Qui a raison? Qui n’a pas raison? Tout n’est pas blanc ou noir! Ni haut ou bas, ni gauche ou droit, clair ou sombre, grand ou petit, etc.

    Tout est question de responsabilité. Responsabilité du gouvernement, responsabilité de l’opposition, responsabilité de chacun. Cette responsabilité se mesure et se manifeste à travers nos gestes. Chacun pose des gestes, ou choisit de ne pas en poser. Et ne pas poser un geste est aussi un geste. Rien n’est figé dans le temps, ni dans l’espace.

    Et comment on choisit le bon geste ou le bon « non-geste ». D’abord par expérience, ensuite par prévoyance. Les gestes impardonnables ne seront jamais excusables si on veut s’assurer de responsabiliser chaque personne!

    L’expérience constitue un regard individuel ou collectif sur l’histoire. Qu’est-ce qui a fonctionné? Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné parmi les gestes qu’on a posés? Que faut-il faire pour nous débarrasser, changer ou remplacer ces gestes qui n’ont pas donnés les résultats voulus? Le statu quo est-il encore un choix?

    Qu’on choisisse le statu quo, le remplacement, le changement ou l’abandon des anciens gestes, il est primordial de savoir prévoir, anticiper et analyser les gestes qu’on va poser, pour éviter d’avoir comme résultats, les mêmes conséquences.

    Certains on posé des gestes qui ont entraîné des conséquences inqualifiabes et il faut qu’ils en assument les conséquences.

    Des causes qui ont des effets positifs ou nefastes (selon chacun) et des effets qui définiront les prochais gestes à poser.

    Ainsi va le monde, et regardez autoir de vous. Toutes les personnes que vous voyez ne seront plus vivants d’ici 150 ans. Nous ne faisons que passer. Et certains trouvent que ça vaut la peine de nous entretuer pour un poste banal qui ne nous est pas garanti de toute façon. Mais ces « certains » ne sont jamais ceux qui s’en vont être tués en premier!

    Alors voici une solution très simple : « l’honnêteté! » Arrêtons de vouloir nous tendre des pièges destinés à nous faire gagner chacun contre le l’autre!

    Et comment on « fabrique » cela de l’honnêteté?

    Avant de répondre à cette dernière question, je vous demanderais de retourner au dessin ci-haut, et ajoutez ceci : «… à l’envers»… sur les deux infobulles… … pour faire : « 6 à l’envers », « 9 à l’envers »… Et n’oubliez pas d’échanger les places des deux « jumeaux ».

    La réponse est : «Mettons-nous chacun l’un à la place de l’autre et soyons honnête! » Cela nous aurait peut-être évité de devoir justifier et défendre les raisons des gestes ayant causé la mort de centaines de victimes, et l’exil de milliers d’autres.

    C’est un geste à poser sans le déposer… pour l’avenir!

  6. Mthukuzi

    A voir le contenu des déclarations de M Ndayicariye, on se demande s’il n’est plutôt représentant du gouvernement et non président d’une comission qui se veut indépendante. Son langage diffère en rien de celui du porte-parole du CNDD-FDD, mais cela ne surprend plus personne dans notre cher Burundi. Par référence au titre, je m’attendais plutôt à un exposé de defis que la CENI a à relever dans l’exercice de sa mission, en amont et en aval, ainsi que les perspectives d’éléctions futures. Avec cette sortie, il vient de conforter la position de ceux qui croient que ce monsieur et sa commision n’ont rien d’independant que le nom.

  7. congo

    Ce Ndayicariye est aussi comptable de la désolation que vit le Burundi. Il nous fait comprendre que il était dans la vérité quand presque tous les journaux, les journalistes, la société civile, les Ong internationales étaient en tort. La vérité pourrait lui est que le Burundi est mieux avec le 3ème mandat. Sur le plan humain il se moque des milliers de morts,des orphelins, des veuves et des réfugiés de cette état. Sur le plan économique on n a jamais été aussi pauvres. Mr Ndayicariye ,pourquoi cette jubilation pour la souffrance de tout un peuple ?

  8. Komera

    Ce Monsieur a une grande part de responabilité dans les tueries et le désordre qui s’ installent au Burundi ! Il sera jugé parmi les autres!

  9. l'histoire est en marche

    Quelqu’un avec un tel discours est chargé d’organiser des élections dans notre pays et l’on s’étonne que ce soit un fiasco complet à la fin??? Le contraire releverait d’un miracle divin.

    • kellychris

      le fait qu’il y ait cette divergence est que les cadres des références de ces deux individus diffèrent et donc ils conviendront pas sur la réalité des choses, un référentiel est incontournable et même on dit que la réalité n ‘est jamais absolue, on a q’une représentation de la réalité. On est subjectif tant que la réalité n’est pas approuvée par l’ensemble de la communauté considérée, si par exemple un parle francais et l’autre anglais, que serait le point de convergence? Mais si on connait que la pierre= stone en anglais on trouve un terrain d entente. voila ce qui est recherché et donc n essaie pas crier dessus Claver , il donne son point de vue, c’est sa perception de la réalité des choses mais vous pensez que ces ONG et les organisations de la société civile cherche toujours le bien etre des burundais? vous pensez que les dirigeants n’ont pas des familles a nourrir. et ben c’est cette réalité cachée, non approuvée que chacun interprête de sa facon et meme vous les journalistes, vous n etes pas tjrs objectifs dans votre metier car vous savez vous aussi il y a un salaire à gagner à la fin du mois, et donc……question? c’est la géopolitique qui est la racine de tout cela.

      • Au fait les journalistes Burundais sont des mercennaires au service de n’importe qui peut les financer. Les ONG sont egalement au service des interets du bailleur. La realite n’est pas toujours bonne a dire. Le monde est a l’envers. Esperons que les politiciens Burundais seront a mesure de corriger les erreurs du passee pendant les elections de 2020.

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