Jeudi 28 mars 2024

Politique

Une mesure décriée

07/09/2016 2

Les habitants de Gatumba dénoncent la mesure administrative leur interdisant de fréquenter leurs champs. Le chef de zone affirme qu’elle n’est plus de mise.

Localité Nkanga, le théâtre d’une attaque d’hommes armés, le 21 août dernier.
Localité Nkanga, le théâtre d’une attaque d’hommes armés, le 21 août dernier.

« Nous risquons de mourir de faim alors que nous avions des produits vivriers sur le point d’être récoltés », déplore F.I., cultivateur dans la localité Nkanga de la zone Gatumba, en commune Mutimbuzi. Il indique que des tomates, poivrons, haricots et d’autres produits sont en train de pourrir dans les champs à cause de cette mesure.

Tout remonte au 21 août dernier. Une vingtaine d’individus tous habillés en tenue militaire de l’armée burundaise traversent la frontière depuis la RDC. « Je les ai pris pour des militaires en patrouille lorsque je les ai vus », témoigne un pêcheur qui a assisté à la scène.

A sa grande surprise, ces individus volent de l’argent, brûlent une moto et une machine servant à irriguer les champs, avant de kidnapper un policier et deux civils. Ils s’en prennent également aux commerçantes venues de la RDC en les dépouillant de leurs marchandises, surtout des pagnes. Après ce forfait, ce groupe repart tranquillement vers la RDC en passant par la localité de Kavimvira, selon nos sources.

Au lendemain de cette attaque, l’administration et le commandement militaire de Gatumba ordonnent à tous les cultivateurs possédant des champs à Nkanga de ne plus y retourner. « Ils nous ont dit que celui qui désobéira sera considéré comme un rebelle et complice des bandes armées. »

« Difficile de les distinguer des malfaiteurs »

Contacté, le colonel Gaspard Baratuza, porte-parole de l’armée, explique que cette décision a été prise pour sécuriser la frontière : « Ces cultivateurs passent la journée là-bas. Certains y restent jusqu’à 20h, difficile alors de les distinguer des malfaiteurs. »

Hussein Ntahetwa, chef de zone de Gatumba, fait savoir aux habitants qu’ils peuvent désormais vaquer librement à leurs champs puisque la mesure a été levée. « Ils peuvent visiter leurs champs et ceux qui disent le contraire mentent. »

« Faux ! », protestent ces habitants. Ceux-ci affirment que rien n’a changé : « Pour entrer dans nos champs, nous négocions avec des militaires et n’y restons que jusqu’à 12h. » Et ils disent ne pas comprendre cet argument puisque l’attaque du 21 août s’est déroulée sur la route principale Gatumba-frontière et non dans leurs champs. « C’était un dimanche et nous étions pour la plupart à l’église. Pourquoi nous imputent-ils leur manque de vigilance ? »

Ces habitants demandent le renforcement de la sécurité pour qu’ils puissent vaquer normalement à leurs activités. « Nous aurons du mal à nourrir nos familles, si nos récoltes pourrissent dans les champs », concluent-ils.

Forum des lecteurs d'Iwacu

2 réactions
  1. Elodie

    Le goinfre voit des ennemis partout et rout le temps.

  2. roger crettol

    C’est bien malheureux, mais ce sont encore une fois les petits qui font les frais d’une politique pensée avec la fesse droite – c’est là que les européens modernes dissimulent leur porte-monnaie.

    J’imagine que cette proximité de l’argent et de l’excrément fait sourire le vieux Freud … Bien tradivement – ses photos habituelles le montrent en vieil homme plutôt coincé.

    Mais à Bujumbura, ou dans ses hauteurs imaginaires ou réelles, rien ne coince, la sécurité est parfaitement assurée, là où elle compte *vraiment*.

    N’est-ce pas là l’essentiel ? Qu’importent les querelles de compétence dans un lieu aux marges d’un État Libre et Orgueilleux de Sa Souverainté ?

    Et si la sécurité y est un peu fragile, ce n’est certes pas en raison des risques pris par la Très Inspirée et Très Excellente Autorité. Non, c’est parce que le monde est *méchant* – diaboliquement méchant – et dispense des révolutions, subversions et ingérences savamment orchestrées pour détruire Le Burundi, qui se confond dans une parfaite identité théologique avec la Très Haute et Trés Respectée Autorité.

    Amen, et Halleluja.

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