Vendredi 01 août 2025

Politique

Sénatoriales 2025 : Le CNDD-FDD s’impose avec 100% des sièges

Sénatoriales 2025 : Le CNDD-FDD s’impose avec 100% des sièges
Deux urnes pour deux sénateurs dans chaque province

C’est sans surprise que le CNDD-FDD s’est imposé dans toutes les provinces du pays lors des sénatoriales du 23 juillet 2025. Des observateurs et politiques dénoncent le retour d’un régime à parti unique et le recul de la démocratie.

Les élections sénatoriales se sont déroulées dans tout le pays le mercredi 23 juillet. Les conseillers communaux élus le 5 mai lors des élections législatives et communales remportées à près de 100% par le CNDD-FDD se sont réunies au chef-lieu des cinq provinces. C’est un scrutin qui n’a pas connu d’écho médiatique. Même les partis politiques n’en parlaient pas.

A Bujumbura, ces élections se sont déroulées au centre culturel islamique. La grande salle était transformée en bureau de vote. A 8 heures et demie, cette opération qui avait débuté à 6 heures du matin était terminée. Les 277 conseillers communaux venus de toute la province de Bujumbura s’étaient acquittés de leur devoir de citoyen.

Le président de la Commission électorale nationale indépendante, Ceni, Prosper Ntahormamiye, en personne est passé au centre pour suivre le déroulement.

Dans toutes les provinces, le CNDD-FDD a remporté les élections à 100%. Dans la même journée, les noms des futurs sénateurs, un tandem hutu-tutsi étaient déjà connus. Il s’agit de Gervais Ndirakobuca et Léocadie Ndacayisaba pour la province de Bujumbura alors que Sabine Ntakarutimana et Cyriaque Nshimirimana sont élus dans la province de Buhumuza. Concernant la province de Burunga, Reverien Ndikuriyo et Clotilde Kampimbare ont été élus tandis que Joséphine Nyiraneza et Berchmans Nzoyihaya pour la province de Butanyerera. Gitega sera représenté par Générose Ngendanganya et Ferdinand Ndayisavye.

Ce 24 juillet, des élections pour la désignation des administrateurs communaux et les bureaux des conseils communaux ont eu lieu. Tous sont issus du CNDD-FDD ce qui renforce son emprise sur l’appareil administratif. Cette situation inquiète les acteurs politiques et les observateurs.


Réactions

Kefa Nibizi : « Les Burundais doivent apprendre à compte sur eux-mêmes »

« La seule entorse à la démocratie est que le collège électoral, les conseillers communaux, a été mis en place par un hold-up électoral, qui n’émane pas de la volonté de la population. Par voie de conséquence, les sénateurs qui ont été élus représentent beaucoup plus le parti CNDD-FDD que le peuple burundais », réagit Kefa Nibizi, président du parti Codebu.

D’après lui, le Burundi n’est plus une démocratie malgré la Constitution et les autres textes légaux qui consacrent le régime démocratique au Burundi. « Il fait partie maintenant d’un cercle des dictatures qui pratiquent une démocratie d’apparence. »

Cet opposant indique que les conséquences sont nombreuses. « D’abord, les Burundais ont perdu leur droit naturel et constitutionnel de se choisir librement leurs représentants. Ils perdu dorénavant le contrôle de la gestion de leur vie quotidienne au profit d’un groupe restreint qui prend toutes les rênes du pouvoir. »

Il estime que les droits du peuple burundais seront systématiquement violés et les richesses du pays se retrouveront progressivement dans les mains d’une poignée de personnes. « Le contrôle de l’action gouvernementale n’étant plus possible, une paupérisation généralisée risque de s’installer avec une disparité sociale. »

Côté relations internationales, les conséquences ne manquent pas non plus : « Les récentes élections législatives et communales ont renforcé l’image négative du Burundi en matière de démocratie auprès des partenaires et les restrictions d’appui financier risquent de tomber. »

Certes, poursuit-il, le réalisme politique peut en décider autrement selon les intérêts des uns et des autres dans la sous-région et en fonction du positionnement de notre pays.

Sylvestre Bikorindagara : « Il n’y avait rien de démocratique »

« Le parti Sahwanya Frodebu n’était pas intéressé par les sénatoriales. Car, l’élection des sénateurs est faite par les membres des conseils communaux. Or, notre parti, comme les autres partis membres de la coalition Burundi bwa Bose ont été empêchés de participer aux communales », commente Sylvestre Bikorindagara, porte-parole du parti Frodebu.

Pour lui, cette élection ne peut pas être appelée démocratique. « Comment peut-elle l’être alors qu’il n’avait qu’un seul compétiteur ? Le CNDD-FDD a créé toutes les conditions pour qu’il soit seul. Bref, il n’avait rien de démocratique. » M.Bikorindagara trouve que le Burundi fut un état démocratique en 1961 et en 1993. « Là, il y a eu de vraies élections démocratiques. Et en tout petit peu en 2005, il y a eu des élections apaisées. »

Comme conséquences de ces élections, il parle de la frustration du peuple et du désespoir. Il trouve qu’il ne faut pas s’attendre à une bonne gouvernance. « Ces soi-disant élus vont durcir leurs cœurs parce qu’ils savent qu’ils n’ont pas été élus. Ils sont conscients qu’ils ont massivement triché. Et ils feront tout pour s’imposer, rester là. Ce qui est dramatique. »

Olivier Nkurunziza: «C’est la continuité et le résultat d’élections qui étaient émaillées d’irrégularités »

« La démocratie est déjà morte au Burundi, tuée par ceux qui étaient censés la protéger. Ceux qui ont combattu pour la démocratie sont en train de la guillotiner définitivement. Les élections sénatoriales du 23 juillet ne sont pas démocratiques. C’est la continuité et le résultat d’élections qui étaient émaillées d’irrégularités », dénonce Olivier Nkurunziza, président de l’Uprona.

Il rappelle que les élections législatives et communales du 5 mai ont connu toutes les formes de fraudes. Ce qui a amené le parti Uprona à les contester. « Le parti avait porté plainte auprès de la cour constitutionnelle qui malheureusement n’a pas eu une issue favorable. »

M. Nkurunziza souligne que les conséquences sont néfastes. L’image du pays est ternie et les partenaires risquent de se désengager. « Les partenaires auront la difficulté de venir là où tout n’est pas respecté. C’est un pays où il n’y a pas de démocratie, plein de tricheries, de corruption, de violation des lois et sans respect des droits de l’Homme. »

Olivier Nkurunziza fait savoir que ce qui s’est passé au Burundi est terrible. Il appelle la communauté internationale et les Nations-unies à être attentives sur ce qui se passe au Burundi. « Si rien ne se fait, on ne peut jamais dire que même dans l’avenir il y aura des élections. Et s’il y en aurait, ce ne sera qu’une formalité, un semblant d’élections. »

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