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Culture

Ruyigi : projections publiques mouvementées du film «Rwagasore»

24/06/2013 Commentaires fermés sur Ruyigi : projections publiques mouvementées du film «Rwagasore»

Ce vendredi 21 juin 2013, le film Rwagasore était au chef-lieu de la province Ruyigi, après les communes de Butezi, Bweru et Gisuru.  Même si certains se disent satisfaits de l’oeuvre, d’autres y voient une sorte propagande du parti Uprona, notamment à Gisuru où des bagarres ont été évitées de justesse …

Projection du film sur le prince Rwagasore au chef-lieu de la commune Ruyigi ©Iwacu
Projection du film sur le prince Rwagasore au chef-lieu de la commune Ruyigi ©Iwacu

Nous sommes à l’ancien stade de Ruyigi, à 17 heures30. Les techniciens s’activent pour installer le matériel. Les chansons à la gloire du héros de l’Indépendance retentissent dans le stade. Les habitants des environs et ceux d’ailleurs accourent. Une foule nombreuse s’agglutine devant l’écran. 18 heures, le film commence. A la vue de la photo et au son du coup de feu qui a emporté le prince, un frémissement bruyant secoue l’assistance… Enfants, adultes, personne n’ose parler. Quelques murmures s’échappent. « Ça, je ne le savais pas » ou « Ah bon ! »
A la fin du film, le public reste sur place. Certains commencent à discuter dans de petits groupes. Claver Ndaruzaniye, la cinquantaine, reconnaît qu’il y a des choses sur Rwagasore qu’il ne savait pas : « Dans les manuels d’Histoire, on cache trop d’éléments aux Burundais sur la vie du prince », renchérit, Jean Paul Niyonkuru, enseignant : « Par exemple, nous aimerions connaître l’identité des vrais commanditaires de son assassinat. »

Dans les communes de Butezi, Bweru et Gisuru, ce film a suscité un vif enthousiasme chez la population même si certaines personnes ont voulu politiser son contenu. Pascal Sinzumusi, 45 ans, de Butezi indique qu’il n’avait pas encore bien compris pourquoi Rwagasore est un héros national : « On nous avait caché l’essentiel et aujourd’hui, je vais raconter à ma femme et à mes enfants ce que j’ai appris sur lui. » Pour Leonidas Rwajekera de la commune Bweru, Rwagasore prônait l’unité nationale. «Je ne savais pas qu’il avait épousé Rose Ntamikevyo de l’ethnie hutu. Son parti n’était pas basé sur les divisions ethniques. C’est un leader incontestable  car il a mis en action ce qu’il prêchait vu son mariage et la formation de son premier gouvernement.»

Pierre Nzopfabarushe de Gisuru a une autre idée sur ce film : « Il ne faut pas se leurrer. Cette projection, c’est de la pure propagande du parti Uprona. Nous savons tous que les élections de 2015 approchent. Pourquoi on ne montre pas un film sur Melchior Ndadaye  ou Rémy Gahutu ? », se demande-t-il, à haute voix …

Des échauffourées

Justement dans la commune de Gisuru, les organisateurs de la tournée du film n’ont pas eu la vie facile ce jeudi 20 juin. D’après des témoins sur place, des jets de pierre ont émaillé la fin de la projection, alors que certaines personnes criaient que c’est un film du parti Uprona. Et ce qui étonne les organisateurs, c’est que les policiers n’ont pas bougé d’un seul doigt pour les protéger alors qu’ils avaient demandé à l’administration locale des forces de l’ordre pour sécuriser le lieu. Il a fallu l’intervention de l’administrateur communal, Egide Ndikuriyo, pour que ces jets de pierre cessent : « C’était la première fois que cela arrivait », indique un de ces organisateurs.

Signalons que le film «Rwagasore» a déjà projeté dans 14 provinces. Il reste les provinces de Rutana, Makamba et Bururi, pour une tournée qui s’achève le 02 août 2013.
Produit par la Benevolencija dans le cadre de la célébration du cinquantenaire d’Indépendance du Burundi, co-réalisé par Justine Bitagoye et Pascal Capitolin, ce film raconte, sur base de la mémoire des Burundais, la vie et le combat politique et social du prince héritier Louis Rwagasore. Avec le partenariat d’Amepci Girubuntu (Association pour la Mémoire et la Protection de l’Humanité contre les Crimes Internationaux), la Benevolencija entend d’ici août de cette année projeter publiquement ce film dans plus de 50 communes à travers tout le pays.

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