Dans son communiqué sortie ce vendredi 17 octobre, l’organisation de défense de la liberté de la presse, Reporters Sans Frontières, s’inscrit en faux contre le maintien en détention de la correspondante du journal en ligne La Nova Burundi.
« Détenue depuis près d’un an et demi pour avoir relayé une information dans un groupe WhatsApp, Sandra Muhoza continue de dormir en prison, malgré l’irrégularité de la procédure et la détérioration de son état de santé », fait remarquer RSF.
Cette organisation dénonce le fait que le Tribunal de grande instance de Ngozi ait rejeté la demande de libération introduite par la défense de la journaliste le 14 octobre. RSF parle d’une décision inique et « demande aux autorités de mettre un terme à la détention arbitraire de Sandra Muhoza et de lui permettre de recevoir des soins appropriés sans délai ».
RSF fustige cette situation : « La détention arbitraire continue pour la journaliste Sandra Muhoza. Le 14 octobre, le tribunal de grande instance de Ngozi, dans le nord du Burundi, a rejeté la demande de libération de cette journaliste déposée une semaine plus tôt par ses avocats, qui ont annoncé faire appel de la décision ».
Accusée d’ « aversion raciale » et d’ « atteinte à l’intégrité du territoire national »” après avoir relayé dans un groupe WhatsApp une information concernant une distribution présumée d’armes blanches par le gouvernement, Sandra Muhoza est détenue depuis avril 2024. Et elle reste donc en détention, en attendant que l’affaire soit entendue sur le fond. La date de la prochaine audience n’a cependant pas été fixée.
Le 7 octobre, la défense de la journaliste avait pourtant remis en cause sa détention, en raison de plusieurs irrégularités, dont un mandat d’arrêt émis le 18 avril 2024 par le procureur de Bujumbura “initialement valable pour 30 jours”.
Un mandat également rendu caduc par la décision de la cour d’appel de Mukaza, une commune de la capitale économique Bujumbura, qui s’est déclarée incompétente pour se prononcer sur le jugement de la journaliste le 13 juin dernier. Le ministère public a de son côté maintenu les chefs d’accusation portés contre Sandra Muhoza.
Sandra Muhoza était déjà apparue diminuée lors de son transfert à la prison pour femmes de Ngozi le 26 septembre dernier, et ce 14 octobre, elle devait encore s’aider d’une béquille pour entrer dans la salle d’audience. D’après des documents médicaux consultés par RSF, dont un scanner effectué au début du mois de septembre, elle souffre d’une “ébauche d’hernie discale”.
« Sandra Muhoza a déjà passé près d’un an et demi en prison sur la base d’accusations fallacieuses et d’une procédure entachée d’irrégularités et sa santé s’est détériorée. Pourtant, la justice burundaise s’obstine dans son refus de libérer cette journaliste. Le tribunal de grande instance de Ngozi avait l’occasion de stopper cette farce judiciaire. Il a décidé de ne pas la saisir et cela est honteux pour la justice. RSF demande aux autorités de lui permettre de recevoir des soins appropriés et de la libérer sans délai », s’insurge Sadibou Marong, Directeur du Bureau Afrique subsaharienne de RSF.
En décembre 2024, Sandra Muhoza a été condamnée par un tribunal de première instance de Bujumbura à 21 mois de prison – 18 mois pour “atteinte à l’intégrité du territoire national” et trois pour “aversion raciale”.
Il s’agit là d’une condamnation devenue caduque après que la cour d’appel de Mukaza a considéré, le 13 juin dernier, que les tribunaux de Bujumbura étaient territorialement incompétents pour juger l’affaire, contrairement à ceux de Ngozi.
RSF a saisi en mars 2025 la rapporteuse spéciale sur la liberté d’expression et l’accès à l’information en Afrique au sein de la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), afin de dénoncer le caractère arbitraire de la détention de la journaliste.
Le Burundi occupe la 125ème place sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters Sans Frontières en 2025.
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