Lundi 29 avril 2024

Politique

Recensement des étrangers : Une opération qui se fait de manière archaïque

02/04/2024 1
Recensement des étrangers : Une opération qui se fait de manière archaïque
Des ressortissants étrangers au chef-lieu de la zone urbaine de Rohero

Dans le communiqué n° 530/1528 du 20 mars 2024, Martin Niteretse, ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique appelle les étrangers qui résident au Burundi, y compris les réfugiés, de se faire recenser. L’opération est prévue du 26 au 28 mars 2024 aux bureaux de toutes les zones de la mairie de Bujumbura et aux chefs-lieux de toutes les provinces du pays pour les étrangers ainsi que dans les camps respectifs pour les réfugiés. Une activité qui se fait de manière traditionnelle puisque les données sont saisies dans des registres.

Le recensement a effectivement débuté à la date prévue, c’est-à-dire le 26 mars 2024. Au deuxième jour, le mercredi 27 mars, aux chefs-lieux des zones de la capitale économique, nous avons visité quelques bureaux là où se déroule l’activité.

Le premier constat majeur est que l’opération se fait de manière traditionnelle dans plusieurs endroits visités. C’est-à- dire qu’on enregistre les concernés dans des registres et non dans les ordinateurs.

Les données ainsi recueillies ne sont pas bien sécurisées avec le risque de les perdre et du double emploi puisqu’elles doivent un jour être saisies dans les ordinateurs.

L’autre constat non moins important est une grande bousculade qui s’observait sur les lieux de recensement. Certains disaient que le temps accordé à cette activité n’était pas suffisant.

Dans la zone urbaine de Cibitoke par exemple, un grand attroupement s’observait derrière les bureaux du chef-lieu de cette zone. Des gens étaient assis à même le sol, visiblement fatigués.

Apparemment, ils étaient tous Congolais parce que les documents qu’ils brandissaient portaient les couleurs de la République démocratique du Congo.

Devant une porte d’un bureau aménagé pour cette activité, beaucoup d’hommes et de femmes s’agitaient et bloquaient le passage. Chacun voulait être servi en premier lieu. Ils brandissaient leurs documents. Les autres observaient la scène avec désespoir en attendant leur tour. « Trois jours ne suffisent pas pour tout ce monde. Il y’a des enfants qu’on ne peut pas exposer dans ce mouvement et ça va trop lentement », s’est indigné un ressortissant congolais d’un âge avancé.

Les femmes, les filles et les enfants qui ne pouvaient pas suivre le mouvement des plus forts restaient à l’écart et s’étaient trouvés un endroit pour s’asseoir. « Un seul bureau pour enregistrer tout ce monde et sans parler de ceux qui aiment se présenter à la dernière minute, c’est impossible », a fait remarquer une femme assise par terre.

La situation qui prévalait en zone urbaine de Cibitoke s’observait également au chef-lieu de la zone urbaine de Bwiza. Un nombre impressionnant de ressortissants étrangers, à majorité congolais aussi, empêchait même les voitures de passer facilement.

Ils avaient aussi tous le sentiment que le temps imparti à l’activité n’allait pas suffire pour recenser tous les étrangers vivant sur le sol burundais.

Un léger mieux à l’université Espoir d’Afrique : un bureau a été aménagé pour faciliter la tâche aux étudiants qui étaient aussi pour la plupart des Congolais.

Un à un, ils se faisaient recenser sans bousculade. Il en était de même au chef-lieu de la zone urbaine de Nyakabiga. Bien plus, à l’université Espoir d’Afrique, les données sont saisies dans un ordinateur.

Un problème de langue

Au 3e et dernier jour du recensement, les gens se bousculent toujours. L’enregistrement se fait à pas de tortue. Nous sommes par exemple à la 4e avenue de la zone urbaine de Bwiza, plus précisément devant l’entrée des bureaux de la zone où se passe le recensement.

Des gens sont assis à même les caniveaux. Des ressortissants congolais sont venus en masse le dernier jour fixé pour le recensement des étrangers.

Une foule immense s’observe à l’entrée et dans la cour vers l’intérieur. Se faufiler pour atteindre le bureau d’enregistrement est difficile.

Ceux qui sont dans la cour se sont organisés pour se mettre en rang mais ils sont très nombreux. Cinq rangs en zigzag, peut-on voir.

Une femme consciente que l’attente ne va pas être courte s’est munie d’un tabouret. Elle est assise en rang parmi les autres.

Sous le soleil, la transpiration et la fatigue sont visibles sur presque tous les visages. Certains se font l’ombre pour éviter le soleil avec leurs documents qu’ils viennent présenter pour se faire enregistrer.

Rien n’est rassurant parce que ça n’avance pas. Un ressortissant congolais approché refuse de parler, Il y a un policier juste à côté. Un peu plus loin, un autre dira qu’il ne comprend pas le but de ce recensement, surtout qu’il a tous les documents lui permettant de s’établir au Burundi.

Au chef-lieu de la zone urbaine de Rohero tout comme à Bwiza, l’enregistrement se fait dans des registres. Devant le bureau de la zone, des Européens et des Asiatiques sont en nombre dominant parmi les autres ressortissants étrangers.

Ils sont en rang, mais l’enregistrement ne semble pas avancer. La communication entre les policiers et les étrangers n’arrange pas les choses. Un problème de langue se pose donc. Ce qui fait traîner les procédures d’enregistrement. Attendre patiemment reste de mise.

Deux jours supplémentaires

Ayant constaté le nombre élevé de ressortissants étrangers non encore recensés, le ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique vient de sortir un communiqué permettant aux étrangers de continuer à se faire recenser jusqu’au 30 mars 2024. Un délai donc supplémentaire de deux jours.

Comme dans l’appel précédant, le communiqué ne précise pas les objectifs poursuivis à travers le recensement.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. bonjour, il est normal que l Etat Burundais fasse ce recensement.
    Bien sûr faut–il ménager et manager correctement ces personnes.

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