Aucun salaire ni per diem
Le recouvrement de l’indépendance du Burundi en 1962 est l’œuvre indiscutable du Muganwa Louis Rwagasore en synergie avec d’autres Burundais et amis du Burundi las de joug colonial.
Le Prince Louis Rwagasore demeure une figure emblématique de l’histoire burundaise, un homme dont la vie et l’engagement politique incarnent un idéal de désintéressement matériel, d’inclusion et d’unité.
Son parcours, marqué par des sacrifices personnels et une vision inébranlable pour sauver son peuple, contraste fortement avec les pratiques politiques souvent observées de notre époque.
Rwagasore n’était pas un politicien au sens moderne du terme, cherchant les honneurs ou les bénéfices. Il était un leader, un visionnaire, dont l’unique boussole était le bien-être de sa nation.
La fondation de l’UPRONA (Union pour le Progrès National) par Muganwa Louis Rwagasore n’était pas une entreprise lucrative. Au contraire, elle fut une initiative citoyenne, portée par un engagement profond et sans contrepartie financière.
Le prince ne percevait aucun salaire, ne réclamait aucune indemnité journalière (« per diem ») pour les innombrables réunions, souvent nocturnes, qu’il tenait à travers tout le royaume du Burundi.
Cette abnégation est d’autant plus frappante qu’il était le fils du roi, jouissant d’une position privilégiée, ce qui aurait pu le dispenser de tels efforts.
Pourtant, il a choisi le chemin du sacrifice suprême pour son peuple, bravant intempéries et menaces, uniquement motivé par son idéal d’indépendance.
Son engagement, loin d’être récompensé, lui a valu persécution et réclusion.
Etre mis en résidence surveillée à cause de cet idéal noble est un témoignage puissant de la résistance que le Muganwa opposait au système colonial.
Pour la puissance tutélaire, cet homme dérangeait. Sa popularité grandissante et son message d’unité représentaient une menace directe à leur autorité et à leurs intérêts. Rwagasore était perçu comme un obstacle majeur à la prolongation de leur emprise sur le Burundi.
Prince Louis Rwagasore communiste? Que d’enfumages !
Le Prince Louis Rwagasore était un modèle de dirigeant inclusif et un ardent défenseur de l’unité nationale. Dans un Burundi où les divisions ethniques commençaient déjà à être instrumentalisées par la puissance coloniale, Rwagasore prônait un message rassembleur.
Il n’y avait, dans sa vision, ni Ganwa, ni Tutsi, ni Hutu, ni Twa, ni Catholique, ni Animiste, ni Musulman. Il n’y avait que des Burundais, unis par une soif ardente d’indépendance, d’autonomie et de développement.
Cette approche inclusive était révolutionnaire et dérangeante pour ceux qui cherchaient à maintenir leur pouvoir en divisant pour mieux régner.
Son charisme et son aura étaient tels qu’il transcendait les clivages sociaux et religieux, fédérant autour de lui une nation entière.
L’accusation d’être communiste, souvent brandie contre lui, tout comme contre Patrice Lumumba au Congo voisin, n’était qu’un prétexte fallacieux. Cette étiquette, utilisée de manière opportuniste par les puissances coloniales, visait à discréditer les leaders africains nationalistes et à justifier leur répression. L’objectif était clair : les éliminer du champ politique afin de préserver les intérêts coloniaux.
Pour le Muganwa Rwagasore, cette accusation était un non-sens, lui qui ne cherchait qu’à libérer son peuple du joug de la servitude coloniale, et non à imposer une idéologie étrangère.
Un exemple d’une diaspora patriote
Le Muganwa Louis Rwagasore est un exemple rare, au sein de la diaspora burundaise, de quelqu’un qui a volontairement sacrifié sa vie pour sa patrie.
Fils du Mwami , il ne manquait de rien. Sa position lui offrait une vie confortable et privilégiée loin des tourments politiques. Pourtant, il a fait le choix audacieux de revenir au bercail et de se battre pour le bien suprême de tous les Burundais.
Son parcours est celui d’un agneau sacrifié sur l’autel de la liberté, dont le sang a symboliquement contribué à effacer près de 60 ans de servitude coloniale. Son assassinat, survenu peu avant l’indépendance, est une tragédie qui a privé le Burundi d’un leader exceptionnel, mais qui a aussi cimenté sa place dans le panthéon des héros nationaux.
En somme, le Prince Louis Rwagasore incarne l’idéal du politicien désintéressé, du leader inclusif et du patriote dévoué. Son héritage est un appel constant à l’intégrité, à l’unité et au sacrifice pour le bien commun. Il nous rappelle qu’une politique noble est possible, une politique où l’intérêt général prime sur les ambitions personnelles et les divisions. Son exemple reste une source d’inspiration pour le Burundi et pour l’Afrique, un témoignage éloquent de ce qu’un homme peut accomplir lorsque son cœur est entièrement tourné vers la libération et le progrès de son peuple.
Son message d’unité et son refus des divisions restent plus que jamais pertinents dans le Burundi d’aujourd’hui.
Quel politicien actuel peut marcher dans les pas du héros de l’indépendance?
Eric-Innocent HARERIMANA,
Louvain, 1er Juillet 2025
Avec l’assassinat du Prince Louis Rwagasore, c’est l’Unité des Barundi qui venait de voler en éclats.
Est-ce que le Burundi recouvrira un jour une telle cohésion sociale, c’est difficile à pronostiquer ..