Vendredi 29 mars 2024

Économie

Olucome : « La cherté de la vie au Burundi émane du manque de devises »

24/05/2022 7
Olucome : « La cherté de la vie au Burundi émane du manque de devises »
Gabriel Rufyiri : « Il faut que le budget national prévoit la constitution d’un stock stratégique carburant d’au moins 6 mois.»

L’Olucome appelle à la mise en place des stocks stratégiques pour faire face à la cherté de la vie au Burundi. Il déplore que la grande partie des devises issues de la vente des minerais ne soit pas rapatriée au Burundi.

« Les devises au Burundi proviennent essentiellement de l’exportation du café, du thé, du coton, des minerais et du tourisme. Plus de 70 % des devises issues de la vente des minerais ne seraient pas rapatriés au Burundi », a évoqué Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, lors d’une conférence de presse animée ce 23 mai.

Il regrette que les touristes et les investisseurs étrangers viennent au compte-gouttes au Burundi. En cause, selon lui, le climat socio-politique et les indicateurs non encore satisfaisants de Doing Business au Burundi.
Il relève que la carence des devises a des répercussions sur la vie des citoyens burundais, notamment la hausse des prix des produits de première nécessité : « Cela cause l’inflation généralisée dans le pays alors que les revenus des citoyens burundais n’ont pas augmenté.»

Gabriel Rufyiri déplore que durant cette situation de pénurie de la plupart des produits sensibles, les spéculateurs font loi. Il donne l’exemple d’un litre d’essence qui s’achète entre 6 mille et 15 mille BIF sur le marché noir alors que le prix officiel est de 3250 BIF. De surcroît, un dollar est à plus de 3 mille BIF alors que le prix officiel gravite autour de 2000 BIF.

« Le marché parallèle est devenu plus fréquenté que le marché officiel. L’économie formelle est actuellement à risque à cause de la corruption et des magouilles de spéculation». Selon lui, le marché parallèle serait alimenté en devises par certains bénéficiaires des devises de l’Etat.

Des recommandations

Suite à la pénurie des devises et des produits essentiels comme les produits pétroliers et intrants agricoles, l’Olucome appelle le Parlement à prévoir la constitution des stocks stratégiques dans le budget national exercice 2022-2023. Pour lui, ce budget doit mettre un accent particulier aux secteurs porteurs de croissance économique, dont l’agriculture, le secteur minier ainsi que le commerce et l’industrie.

Il propose la mise en place d’un stock stratégique carburant d’au moins 6 mois et un stock stratégique des devises pour les importations. En outre, il suggère la constitution d’un stock stratégique des intrants agricoles pour au moins deux ans ainsi qu’un stock des engins agricoles pour la mécanisation et l’industrialisation de l’agriculture.

Le président de l’Olucome demande au gouvernement de gérer rationnellement et équitablement le peu de devises existantes, de vérifier les bénéficiaires de ces devises de l’Etat ainsi que combattre les circuits informels d’achat et de vente des devises pour ne pas fragiliser les opérateurs formels.

Il recommande, entre autres, plus d’investissements dans les cultures industrielles génératrices de devises ainsi que le développement d’un système de rapatriement des devises issues surtout de la vente des minerais.
« Il faut interdire formellement les agents et mandataires publics de faire le commerce. Cela crée une concurrence déloyale », soutient Gabriel Rufyiri, Et de demander aux partis politiques et confessions religieuses de s’abstenir des demandes intempestives des contributions à la population qui fait face à la cherté de la vie.

Forum des lecteurs d'Iwacu

7 réactions
  1. arsène

    Vous dites dans vos deux commentaires:

    Si l’Etat burundais voulait constituer un stock de pétrole que le pays peu utiliser pendant une période de 3 mois par exemple, IL DEVRAIT LUI-MEME FAIRE LA COMMANDE DU PETROLE POUR PLUS DE 30 MILLIONS DE DOLLARS ET GERER CE STOCK (frais de stockage?).
    None Reta vyoyorohera kuronka izo miliyoni z’amadolari igura ivyo bintu bishobora kwicara ngaho imyaka n’imyaka (mugihe hataje ingorane zituma ico gitoro bacikorako)?.

    « Soyons quand même réalistes: comment est-ce que le Burundi va être capable d’avoir des stocks stratégiques avec son PETIT BUDGET ANNUEL ? »

    Je vous répondrais que le Burundi est bel et bien en mesure de trouver 3 millions de dollars sinon, il faudrait qu’il se déclare en faillite.
    Il faudrait par exemple récupérer l’argent détourné initialement destiné au barrage de Mpanda et 50% de ces trente millions seraient disponibles. Vous me demanderez comment récupérer cet argent. Il est quelque part dans des coffres, les responsables ont construit des villas – qui pourraient être récupérées et cela permettrait d’utiliser les budgets consacrés à la location des bureaux à la constitution de ce montant (i.e. les trois millions de $).
    M. Jereve a suggéré de regarder du côté de l’argent envoyé par la diaspora, je pense plutôt aux frais prélevés sur le solde des militaires en missions de maintien de la paix. Le montant serait atteint en moins d’une année.

    • arsène

      Précision:
      Mon commentaire précédent répond à ceux de Stan Siyomana.

    • Stan Siyomana

      @arsène
      Je me suis basé sur le coût de 125 millions de dollars pour l’importation d’essence en 2020 et je l’ai divisé par 4 pour en arriver a plus de trente millions de dollars (et non trois millions de dollars).
      A voir la situation actuelle au Burundi, il est bien clair que ces devises émanant de la diaspora ou des missions de l’armée ne sont pas suffisantes pour même l’importation d’essence pour consommation immédiate, pour la farine de blé, pour le sucre, pour les médicaments.
      Il y a tellement de secteurs prioritaires et ce que vous proposez serait dépouiller Pierre pour habiller Paul.
      Je suis tout à fait d’accord avec vous que l’Etat burundais doit savoir gérer le peu que l’on a (après tout on est le pays le plus pauvre du monde) en récupérant tout ce ui a été volé à l’Etat.

  2. Stan Siyomana

    Aujourd’hui au Burundi, ce sont des compagnies privées qui importent du pétrole.
    Si l’Etat burundais voulait constituer un stock de pétrole que le pays peu utiliser pendant une période de 3 mois par exemple, IL DEVRAIT LUI-MEME FAIRE LA COMMANDE DU PETROLE POUR PLUS DE 30 MILLIONS DE DOLLARS ET GERER CE STOCK (frais de stockage?).
    None Reta vyoyorohera kuronka izo miliyoni z’amadolari igura ivyo bintu bishobora kwicara ngaho imyaka n’imyaka (mugihe hataje ingorane zituma ico gitoro bacikorako)?.
    « In 2020, Burundi imported $125M in Refined Petroleum, becoming the 151st largest importer of Refined Petroleum in the world. At the same year, Refined Petroleum was the 1st most imported product in Burundi. Burundi imports Refined Petroleum primarily from: Saudi Arabia ($88.8M), United Arab Emirates ($26.3M), Singapore ($3.61M), India ($2.79M), and China ($759k).
    The fastest growing import markets in Refined Petroleum for Burundi between 2019 and 2020 were Singapore ($3.18M), India ($1.8M), and China ($699k)… »
    https://oec.world/en/profile/bilateral-product/refined-petroleum/reporter/bdi

  3. Stan Siyomana

    1. Vous écrivez:« l’Olucome appelle le Parlement à prévoir la constitution des stocks stratégiques dans le budget national exercice 2022-2023… »
    2. Mon commentaire
    Soyons quand même réalistes: comment est-ce que le Burundi va être capable d’avoir des stocks stratégiques avec son PETIT BUDGET ANNUEL, quand il n’y a pas assez de bancs et nourriture dans les écoles ou assez d’eau potable dans les villes et les campagnes, ou assez de médicaments dans les structures de santé, quand il y a tant de citoyens qui croupissent dans des camps de déplacés?…
    Les derniers sept ans, l’économie burundaise est en mauvais état suite à la crise politique de 2015, les sanctions économiques des Etats-Unis et de l’Union européenne, la pandémie de Cvid-19, l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
    Bref, le Burundi n’a jamais eu ses sept ans de prospérité économique pour la constitution de ses stocks stratégiques (comme le pharaon d’Egypte l’avait fait dans le chapitre 41 de la Génèse).
    « 47 Pendant les sept années de fertilité, la terre rapporta abondamment.
    48 Joseph rassembla tous les produits de ces sept années dans le pays d’Égypte; il fit des approvisionnements dans les villes, mettant dans l’intérieur de chaque ville les productions des champs d’alentour…
    53 Les sept années d’abondance qu’il y eut au pays d’Égypte s’écoulèrent.
    54 Et les sept années de famine commencèrent à venir, ainsi que Joseph l’avait annoncé. Il y eut famine dans tous les pays; mais dans tout le pays d’Égypte il y avait du pain… »
    https://www.biblegateway.com/passage/?search=Gen%C3%A8se%2041&version=LSG

  4. Ruhagarika

    Au fait, sauriez-vous si l’entreprise qui a gagné l’exploitation du nickel a déjà versé les sommes convenues ?

  5. Jereve

    On a oublié de mentionner une autre source de devises: la diaspora. On peut supposer qu’une moyenne de 50 et 100 dollars est envoyée par un membre de la diaspora chaque mois. Je ne connais pas le nombre exact des burundais établis à l’étranger, mais je suppose qu’ils dépassent largement 100’000 individus. Faites le calcul et vous avez facilement quelques millions de dollars par mois. Cela devrait normalement amortir le choc de la pénurie des devises.

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