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Obligés de marcher

11/06/2011 Commentaires fermés sur Obligés de marcher

Cette hausse survient après celle du prix du carburant qui a conduit à l’augmentation du prix de transport de presque 18%, depuis le début de l’année. Pourtant, les revenus de la population n’ont pas suivi. La population s’adapte comme elle peut.

C’est le cas de G. N. habitant le quartier Twinyoni de Kamenge : « Je ne peux pas me permettre de dépenser presque la moitié de mon salaire pour le déplacement alors que j’ai cinq enfants. » Pour ce fonctionnaire de l’Etat, son salaire de 60 mille Fbu ne lui permet plus de prendre le bus. Ainsi, il est obligé de marcher à pied de Kamenge vers centre ville tous les jours de service.

Etudiants et élèves ne sont pas en reste. Fidèle, étudiant interne au campus Kiriri indique que payer le transport est hors de question pour lui depuis quelques temps, avec la bourse qu’il perçoit. Avec les 9.700 qu’il reçoit mensuellement, il est impensable de payer 720 de bus à chaque fois qu’il veut descendre en ville.

Claire, une autre étudiante au campus Mutanga, mais externe, vit la même situation : « Je me déplace à pied ou en stop ». Même si elle vit chez un parent à Kinanira, elle ne parvient pas à gérer les frais de transport avec les 30.000 Fbu de bourse offerts aux étudiants externes.

La plupart des élèves des quartiers nord de la capitale vont aussi à l’école à pied à cause du prix du bus. Pacifique Niragije, habitant la commune urbaine de Kinama explique que ses parents ne lui donnent plus les frais de transport depuis cette hausse : « Mon père m’a dit qu’il ne peut plus me payer le bus et supporter la ration comme avant. J’ai compris.»

Pour ne pas arriver en retard au collège municipal de Bwiza où il étudie en neuvième année, ce jeune de 15 ans, signale, qu’il se lève à 6 heures du matin. Il marche pendant toute une heure. » Pacifique Niragije demande au gouvernement de revoir à la baisse le prix de transport afin de faciliter la vie aux personnes de classe moyenne.

Un effet domino…

Avec la hausse des prix du carburant, les transporteurs ne s’en tirent pas mieux. Avec les prix actuels du transport, urbain comme à l’intérieur du pays, les consommateurs ont adopté un comportement de refus :« De la ville aux quartiers, le prix de 320 est respecté. Mais, pour le trajet inverse, les gens paient comme ils veulent, entre 200 et 250, et on accepte pour ne pas rouler à vide », signale Déo Ntakarutimana, président de l’association de transporteurs.

Même son de cloche chez Joseph Désiré Nsengiyumva, représentant des taximen : « On n’a pas augmenté le prix de la course, et pourtant les clients manquent. Aujourd’hui, on les exhorte à partager la course à plusieurs pour espérer gagner quelque chose.»

Rebelote, un jeune chauffeur qui conduit un bus « Hiace » entre Bujumbura et Gitega constate : « Bien que le carburant ait augmenté, le gouvernement n’a pas encore fixé les nouveaux prix pour nous, nous travaillons au gré des clients, qui sont très peu.» Il s’insurge que les policiers les rappellent à l’ordre chaque fois qu’ils haussent le prix pour ne pas travailler à perte.

Quant aux motos, comme l’indique Major, un motard taxi, la situation n’est guère meilleure. Les clients ne sont pas nombreux et paient comme avant, malgré le nouveau prix du carburant. « Pourtant, on continue à gagner 20% du recettes et c’est très peu », regrette-t-il.

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