A l’occasion de la commémoration des 18 ans d’existence légale du Sahwanya Frodebu, il fut beaucoup question du Cndd-Fdd, présenté comme le fossoyeur de la démocratie au Burundi. C’était ce 1 juin 2011 à la Maison de la Presse…
« Nous avons décidé de commémorer chaque année, le 1er juin, la victoire de la démocratie au Burundi. (…) Nous voulons partager avec vous nos constats, nos craintes et les voies de sortie possibles à la menace d’une guerre civile…» C’est par ces mots que le président du Sahwanya Frodebu, Léonce Ngendakumana, ouvre cette conférence dont le thème est : « La démocratie au Burundi, quel avenir ? »
Tout d’abord, retour sur l’histoire de la démocratie et ses tribulations au Burundi, en évoquant les différentes phases politiques du pays. Embrayant sur la naissance du Frodebu agréé le 23 juillet 1992, M. Ngendakumana rappelle « que les Burundais meurtris et embrigadés dans un seul parti, retrouvaient l’appel de Melchior Ndadaye pour instaurer au Burundi un Etat de droit, démocratique. Une société qualifiée de Burundi nouveau ».
Ensuite, il y a eu le chemin de la croix de la démocratie au Burundi, entamé depuis la mort du Président Ndadaye, qui a entraîné plus tard « la naissance du Cndd-Fdd à Kamenge avec comme objectif premier la défense de la démocratie à travers la lutte armée ».
L’ambassadeur de Belgique interviendra pour certains éclaircissements, soulignant être d’accord avec Léonce Ngendakumana sur certains points, d’autres non : « Nous ne vous suivons pas dans ce que vous appelez la mascarade électorale de 2010 », annonce M. Josef Smets. L’ex-Président Ntibantunganya embrayera en déclarant que « la démocratie a plutôt progressé considérablement car aujourd’hui rien ne se fait plus en cachette. Tout finit par se savoir ». Selon lui, le problème est que, de tous les côtés, il y a des gens qui comprennent mal la démocratie. « Nous ne pouvons pas accepter le retour à la guerre», lance-t-il. Dans les rangées, des grognes ici et là, qui se poursuivront après les cérémonies, les jeunes Inziraguhemuka s’agglutinant autour de M. Ntibantunganya pour lui tout le mal qu’ils pensent de ses propos… Plus tard, après de longues tribulations, le Cndd-Fdd remporte les élections de 2005 « non pas parce qu’il avait un programme convaincant, mais pour la simple raison que ce fut un mouvement politico-militaire disposant des démobilisés qui faisaient de la propagande en intimidant la population fatiguée par les méfaits de la guerre et qui n’aspirait qu’à la paix.» Charge du n°1 Sahwanya Frodebu : « Le slogan du Cndd-Fdd se résumait en Nta mugambwe utagira igisoda » (Il n’y a pas de parti sans armée).
Le président du Frodebu parle alors d’Arusha et accuse le pouvoir issu du Cndd-Fdd de ne pas y croire, « alors que la Constitution qui régit le pays n’est que le protocole II dudit Accord. Voilà la principale source des problèmes que le Burundi vit », lance M. Léonce, évoquant « une errance socio-politique du Cndd-Fdd ». Le président du Frodebu donne alors quelques propositions de solutions. Il revient d’abord sur « de véritables négociations avec l’opposition pour arrêter cette descente aux enfers » car « demain risque d’être trop tard », avertit-il. Il parle de planification, d’organisation, de gestion et de suivi des institutions.
Il propose ensuite une conférence panafricaine pour évaluer les bienfaits et les méfaits de la démocratie en Afrique. Enfin, il invite les intellectuels africains à « repenser la démocratie et l’adapter aux contextes locaux tout en gardant le peuple comme l’alpha et l’oméga ».
M. Ngendakumana termine son discours en saluant le courage et la détermination des peuples tunisien, égyptien, et libyen, «pour avoir compris que les dictatures n’ont pas droit aux mandats ; que la souveraineté n’est pas un vain mot, que les élections ne suffisent pas pour prendre ses citoyens comme des sous hommes.»








