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Interview avec Venuste Niyongabo : « Il ne suffit pas d’avoir du talent, il faut aussi être discipliné »

23/08/2019 Commentaires fermés sur Interview avec Venuste Niyongabo : « Il ne suffit pas d’avoir du talent, il faut aussi être discipliné »
Interview avec Venuste Niyongabo : « Il ne suffit pas d’avoir du talent, il faut aussi  être discipliné »
Venuste Niyongabo

De passage au pays, le champion olympique des JO d’Atlanta en 1996 sur 5000m s’est confié à Iwacu. A un mois des mondiaux de Doha et une année des JO de Tokyo, il revient sur les questions qui hantent l’athlétisme burundais et ce qu’il faut faire pour redorer son blason.

Actuellement, vous êtes ambassadeur des Jeux de l’amitié dans la région des Grands-lacs. Etes-vous toujours convaincu que le sport peut jouer un rôle pour panser les plaies des conflits dans cette région ?

Oh que si! Il n’y a pas plus efficace que la diplomatie du sport. Sur une piste, bien que les athlètes peuvent se vouer une haine viscérale, après la course le perdant félicite le gagnant et vice-versa. C’est cela que nous devons inculquer à nos enfants dès leur plus jeune âge. L’esprit de tolérance. Je dis toujours que les éducateurs sportifs ont un rôle à jouer dans l’édification d’un Burundi basé sur les valeurs de la compréhension, du respect de l’autre dans sa différence.

Discipline souvent pourvoyeuse de médailles, l’athlétisme peine à préserver ce statut. Pourquoi?

Comme de notre temps, il faut privilégier la base, revaloriser les compétitions scolaires parce que c’est à ce niveau que se forge l’esprit d’émulation et de compétition. Mais, aussi faut-il que la fédération d’athlétisme du Burundi(FAB) assure un bon management. Chaque fois qu’il y a une divergence de vues avec le Comité National Olympique(CNO), puissent s’asseoir ensemble pour trouver une solution. Je suis sûr que l’athlétisme retrouverait ses lettres de noblesse.

Vous dites souvent que seul le talent ne compte pas, il faut aussi de la discipline ?

Le problème avec nos jeunes athlètes, c’est qu’ils ont un goût immodéré pour l’argent facile. Chaque dimanche, vous les rencontrez, du moins ceux qui évoluent à l’étranger, en train de faire des compétitions. Certes, cela leur rapporte de l’argent mais, à la longue, ce n’est pas sans risque. Quand vient le temps des compétitions officielles, ils sont émoussés, ils n’arrivent même pas à décrocher les minima qualificatifs. A mes yeux, la seule qui a compris cette astuce, c’est Francine. Et regarde où elle en est avec sa carrière.

Pour ceux qui pensent que l’Europe est le meilleur endroit pour s’entraîner ?

Loin de là! Durant toute ma carrière, je suis toujours revenu ici en avril pour m’entraîner. Cela me permettait d’être gonflé à bloc avant le début de la saison. C’était impératif, car l’Europe est en dessous du niveau de la mer. Ici, nous sommes en altitude. Lors des compétitions, nous n’avions pas besoin de puiser dans nos ressources pour chercher de l’oxygène.

Toutefois, à l’instar du Kenya, il faudrait que les instances habilitées construisent un vrai complexe avec tout le kit nécessaire (masseurs, nutritionnistes, préparateurs physiques, salles de gymnastique, etc.), à mesure de servir de camp d’entraînement avant les compétitions officielles. Si les autorités administratives s’investissent pour qu’ils ne manquent pas de visas pour participer aux meetings internationaux, nul ne doute qu’ils décrocheraient toujours les minima qualificatifs pour les compétitions internationales.

A une année des Jeux Olympiques de Tokyo, voyez-vous un autre athlète accrocher une médaille ?

D’ores et déjà, la préparation devrait avoir commencé. Avec les bourses de la solidarité olympique qui arrivent souvent deux ans avant les JO, toutes les fédérations devraient avoir déjà élaboré un programme spécifique, choisies les athlètes qui y prendront part, etc. Bref, en train de créer cette bonne osmose qui fait la différence dans ces moments clés. Mis dans de bonnes conditions, je suis sûr que les chances de remporter des médailles seraient de mise. Mais, je le redis, si les fédérations veulent suivre la marge de progression de leurs athlètes, la construction d’un complexe sportif pour les athlètes, c’est un préalable.

Dernièrement, l’IAAF (fédération international d’athlétisme) a suspendu Francine et Semenya parce qu’elle estime que leur hyper androgénie influe sur leurs résultats. Votre avis?

Je suis totalement contre. Chaque discipline sportive a ses propres règlements, mais je trouve cela discriminatoire. Elles n’ont pas choisi de naître de la sorte. C’est la nature. Après tout, l’IAAF doit comprendre qu’elles ne resteront pas des athlètes de haut niveau toutes leurs vies.

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