Dimanche 28 avril 2024

Environnement

Inondations : Kinyankonge et ses victimes de toujours

16/10/2023 1
Inondations : Kinyankonge et ses victimes de toujours
« La rivière Kinyankonge a été envahie, elle se venge »

A Kinyankonge dans le quartier Mutakura de la zone Cibitoke, les victimes des premières inondations restent les mêmes avec les fortes pluies de ces derniers jours. L’annonce d’une forte pluviométrie au cours de ce mois et les jours à venir est angoissante pour les habitants de cette localité. Leur hantise : se réveiller pataugeant dans la boue.

Là où le bât blesse, c’est qu’à l’horizon, rien n’est prévu pour limiter les dégâts. La boue est partout, dans les enclos des maisons et dans les ruelles. Quelques ouvriers et les habitants munis de pelles s’acharnent contre les immondices faites de boue et de bouteilles en plastique déversées par le ruissellement des eaux de pluie et de la petite rivière Kinyankonge.

Une petite rivière qui, à la moindre goutte de pluies s’agrandit jusqu’à donner l’impression que le quartier du même nom a été construit dans un marécage. Les caniveaux sont débordés et tout le monde essaie de dégager les déchets qui les obstruent, mais le problème qui se pose est de savoir comment faire dans une marre de boue.

« On a beau canaliser ces ruelles, mais avec tous ces déchets et cette rivière qui ramène ses eaux dans cette localité au contact des eaux de ruissellement, la part du gouvernement serait la bienvenue. On n’y arrivera jamais tout seul », appelle un habitant de ce quartier, des gouttes de sueur dégoulinant sur son front.

Quand les nuages deviennent gris, raconte un autre habitant, les cœurs des gens deviennent noirs, ils sont transis de peur. Quand le ciel s’assombrit le soir, personne ne ferme l’œil de peur de se faire surprendre dans son sommeil.

« On fait tout pour barricader les portails avec des sacs remplis de sable ou de terre, mais rien à faire, cette rivière est un véritable cauchemar pour nous, elle brave tout », se lamente un autre habitant de la même localité. Et de lancer un cri de détresse : « La force des habitants d’ici ne peut rien contre cette rivière à elle seule sans l’intervention du gouvernement ».

Hussein Munyonge, le chef de quartier, dit que tous les efforts sont fournis par les habitants et les autorités locales. Selon lui, toutes les demandes ont été faites mais en vain. Il fait savoir que les habitants ont déjà fait des cotisations et rassemblé une somme de 14 millions de BIF pour la canalisation du quartier. « Le seul et majeur soucis reste la rivière Kinyankonge. Le maire de la ville et les agents de l’Obuha sont venus se rendre compte des dégâts causés cette rivière ».

Hussein Munyonge accuse l’Office Burundais de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction d’avoir fait qu’une petite partie des travaux au vu de ce qui devrait être fait.

« Kinyankonge était large d’à peu près 30 mètres, mais du côté de Buterere, des constructions faites de part et d’autre de ce cours d’eau n’ont laissé qu’une dizaine de mètres à cette rivière », s’indigne cet administratif à la base.

Selon lui, sur ces 20 mètres, les gens y ont construit des maisons et l’Obuha n’a pas voulu toucher à ces maisons pour donner à cette rivière son lit d’avant.
Ce chef de quartier demande au gouvernement de faire tout ce qui est possible pour que cette rivière regagne son lit dans les plus brefs délais avant que les habitants de sa localité ne subissent les conséquences des crues de cette rivière. « L’Obuha n’a pas pu honorer ses engagements, mais si rien n’est fait pour le moment, les conséquences seront lourdes » conclut cette autorité locale.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. Jereve

    Hier on parlait de Gisyo avec son ravin qui charrie eaux usées et restes du cimetière vers le lac Tanganyika. Aujourd’hui on parle de Kinyankonge, sans oublier d’autres ravins, d’autres rivières, d’autres canaux d’évacuation… qui polluent la ville et/ou la grignotent au jour le jour au vu et au su de tout le monde. La question est maintenant de savoir dans quelle ville, ou du moins dans quel état, nous allons construire des maisons « zigerekeranye » pour répondre à la fameuse Vision du Burundi pays émergent en 2040 et pays développé en 2060. Ne faudrait-il pas d’abord commencer par assainir cette ville et ensuite rêver de buildings modernes et de gratte-ciel?

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