Dimanche 28 avril 2024

Économie

Génération Grands Lacs : La corruption est une entrave au développement de la région

16/09/2023 10
Génération Grands Lacs : La corruption est une entrave au développement de la région
Pour Gabriel Rufyiri, président de l'Olucome, la corruption fait que les pays de la sous-région restent pauvres.

Pour Gabriel Rufyiri, président de l’Olucome, la corruption fait que les pays de la sous-région restent pauvres.

A Kigali au Rwanda, Apollinaire Mupiganyi est directeur exécutif de Transparence Internationale Rwanda, une association sans but lucratif qui a pour mission de lutter contre la corruption et promouvoir la bonne gouvernance. Au micro de Gabriel Imanariho de la radio Isango Star de Kigali, il parle des formes de corruption observée dans la région des Grands Lacs.  « Dans transparence internationale nous définissons la corruption comme l’abus de pouvoir qui vous est confié à des fins privées. Dans cette définition large nous y trouvons des fins personnelles, gains matériels, l’argent que vous gagnez indûment ou d’autres faveurs liées à vos fonctions, abus de pouvoir ».

D’après lui, ces comportements inclus entre autres l’argent que le corrompu tire du citoyen lorsqu’il cherche des services. « C’est répandu. C’est ce que l’on appelle les pots-de-vin ». M. Mupiganyi explique que d’autres formes sont le favoritisme et le népotisme qui tendent à utiliser le pouvoir pour donner des avantages indus à une connaissance familiale ou connaissance. Selon lui, les détenteurs de pouvoir abusent de leurs positions pour des faveurs sexuelles en contrepartie pour des faveurs monétaires, promotion indue.

Dans la région, le niveau de corruption est inquiétant. Le directeur exécutif de Transparence International Rwanda dresse un tableau. « Au niveau régional, les scores sont entre autre bas. Par exemple en RDC a un score de 20/100, le Burundi a 17/100 et le Rwanda a 51/ 100 et l’Ouganda a 26/100, le Kenya 32 et la Tanzanie 38. La prévalence de la corruption réelle est très élevée vu les chiffres et le rapport de transparence international ».

Dufina Tabu est président de l’association des volontaires du Congo, Afvoco engagé dans la lutte contre la corruption à Goma. Au micro de Fidèle Kitsa de Radio Stars de Goma parle de l’état des lieux de la corruption et ses conséquences en RDC. Il déplore que la corruption devienne un mode de vie en RDC. « Ce n’est plus la corruption mais on dit l’article 15, débrouillez-vous. On a essayé d’embellir le mot corruption.

Cela n’est pas commencé aujourd’hui. Les policiers par exemple les policiers de roulage. Ils sont là et sont obligés de verser à chaque jour à leur chef. C’est comme une vie normale. Si tu ne donnes pas on te retire du milieu ».
D’après lui, la corruption affecte l’économie du pays. Les plus forts s’enrichissent facilement. On chante toujours, dit-il, pays riche alors que le peuple est pauvre. « C’est énervant et révoltant. L’insécurité, les gens sans argent tu pour. C’est le fameux article. Au temps de Mobutu on disait tu as une arme. Tu dois survivre avec. Nous vivons l’insécurité ».

A Bujumbura, Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et malversations économiques (Olucome), s’exprime au micro de Joyce Guilaine Imanishimwe de Bonesha FM. Il parle de l’état des lieux de la corruption. Pour lui, la corruption est une entrave au développement d’un pays. « Opérée par les gros poissons, ils volent beaucoup d’argent qui construirait des hôpitaux, routes, les gros marchés. La corruption anarchique ou corruption grise c’est la petite corruption chez les policiers, petit citoyens ».   

Il considère que cette corruption a pour conséquence la perte de confiance des dirigés dans les dirigeants. « Dans la région des grands lacs on prend des mesures inefficaces. Nous restons des pays corrompus et les plus pauvres.

Un fléau à éradiquer

Les jeunes d’Uvira au micro de Sifa Munyaka Angèle de RNDT d’Uvira donnent leurs avis. Ils parlent d’un système de gouvernance dégradé. Pour eux, les pouvoirs publics doivent agir. Ils considèrent que c’est le sens de l’humanité qui a quitté l’esprit des gens. Les gouvernants, se désole-t-il, ont amassé de l’argent à leurs comptes et laissent la population dans la pauvreté. « Nous sommes dans la débrouillardise. Il y a trafic d’influence. C’est inconcevable qu’un député ne paie pas l’impôt alors que les assujettis le paient. Il y a manque de vision des dirigeants. Ils sont des corrompus. Ils craignent d’être virés sans s’enrichir » 

Apollinaire Mupiganyi, directeur exécutif de transparency international propose des voies et moyens. Pour lui, la corruption peut amener à des morts, c’est une entrave à la prospérité. « Elle ronge le développement et favorise les dirigeants. Il y a détournement de l’argent vers des paradis fiscaux. Une corruption endémique crée des mécontents qui se soulèvent contre les détenteurs du pouvoir ». 

Il explique que la lutte contre la corruption est un choix. Ii parle notamment du rôle incontournable des médias indépendants pour dénoncer des cas de corruption. Il faut, dit-il, un cadre juridique robuste. Il donne l’exemple du Rwanda dont la nouvelle loi de 2018 pour la lutte contre la corruption en fait un crime imprescriptible. Celui qui est reconnu coupable ne va pas échapper à la sanction. « Le pays a mis en place des chambres spécialisées des crimes de corruption. Il faut une tolérance zéro pour la corruption. Il faut des poursuites contre des gens soupçonnés », conclut-il.

L’émission Génération Grands-Lacs est un rendez-vous hebdomadaire par les jeunes et pour les jeunes. C’est une occasion pour les jeunes de donner leurs avis et contribution sur des questions de leur région. C’est une production de Search for Common Ground en collaboration avec les radios, Bonesha FM de Bujumbura, radio Isango star de Kigali, mama radio de Bukavu, la radio notre dame de Tanganyika, RNDT d’Uvira et la radio Kivu star de Goma.

Forum des lecteurs d'Iwacu

10 réactions
  1. Jereve

    La corruption me fait toujours penser à la destruction de Sodome et de Gomorrhe racontée dans l’Ancien Testament.
    En résumé Dieu informe Abraham qu’il va détruire la ville de Sodome car elle était remplie de perversités. Abraham essaie de négocier en disant qu’il y avait peut-être 50 justes dans la ville et que tout le monde ne méritait pas la punition. La réponse de Dieu est vraiment étonnante : il lui dit qu’il ne détruira pas Sodome s’il y a les 50 justes.
    Abraham a eu un doute et demandé à Dieu s’il épargnait la ville au cas où il y aurait 45 justes. Même réponse : pas de punition collective. Alors Abraham s’est fondu en excuses en diminuant le chiffre à 40, puis à 30… et finalement Jusqu’à 10 ! La réponse de Dieu est claire : « A cause de ces dix, je ne détruirai pas Sodome. »
    A quoi vais-je en venir : que la corruption nous accable de malédictions et nous fera périr, si nous ne la faisons pas périr. Notre pays est déjà dans certains domaines au stade avancé de dépérissement. Il n’y a pas de doutes que le Président Neva voudrait stopper la gangrène, mais tout seul il ne le pourra pas. N’avons-nous pas sur les 12 millions d’âmes au moins 10 justes pour l’aider à sauver le pays ?

  2. Bakame

    Non Kira,
    Il y a un pays appelé le Burundi avec une population de 12 millions d’âmes.
    La gouvernance, la corruption sont des nations concrètes et mesurables.
    Les gens qui ont fait de notre pays un enfer sont connus et identifiables.
    Quand 75% de la population vivent en dehors de la pauvreté. C’est unfait terrible.
    Pleurer n’est pas lâche. C’est une réaction humaine devant une catastrophe qu’on est incapable de changer. Ce n’est en aucune manière une lâcheté.
    Les lâches sont ceux qui ont fait du Burundi le pays le plus pauvre et le plus corrompu au monde.
    Period.

    • Kira

      @Bakame,
      Chanter urbi et orbi et à longueur de journée qu’on est un ressortissant du pays le plus pauvre du monde ne peut vous valoir que deux choses de la part de ceux qui entretiennent avec votre réalité des rapports quelque peu distanciés: au mieux un apitoiement qui suinte la condescendance et le mépris, au pire des critiques acerbes et du rejet. Peu importe le cas de figure, on n’en sort pas grandi.

  3. Kibinakanwa

    Bravo à Rufyiri.
    Ou est l’argent du barrage de Mpanda?
    Ndiyishuye: Mu mifuko de quelques bihangange Bari mubamaramaza Abashingantahe

  4. Samandari

    Congratulations Rwanda and his Excellency Paul Kagame and shame to other countries and their Excellencies.
    Dans des républiques bananières, le crédit pour la lutte contre la corruption est à donner aux dirigeants élus dans des conditions que nous connaissons.

    C’est une honte d’avoir des scores pareils.
    C’est très instructif que tous les coups d Etat actuels sont kustifiés à posteriori par des corruptions abjectes: Niger, Gabon, Mali.
    Tous ces pays ont des scores avoisinant les 20%

    • Stan Siyomana

      @Samandari
      1. C’est feu l’ancien president francais Francois Mitterand (1916-1996) qui est le papa de la democratie/multipartisme en Afrique francophone (dont notre cher Burundi).
      Dans son discours de La Baule (La Baule-Escoublanc, sur la cote ouest de la France, 20 juin 1990) lors de la 16 eme conference des chefs d’Etat de France et d’Afrique, il a exhorte les chefs d’Etat africains a adopter la democratie.
      « Je vous parle comme un citoyen du monde à d’autres citoyens du monde : c’est le chemin de la liberté sur lequel vous avancerez en même temps que vous avancerez sur le chemin du développement. On pourrait d’ailleurs inverser la formule : c’est en prenant la route du développement que vous serez engagés sur la route de la démocratie.
      A vous peuples libres, à vous Etats souverains que je respecte, de choisir votre voie, d’en
      déterminer les étapes et l’allure. La France continuera d’être votre amie, et si vous le
      souhaitez, votre soutien, sur le plan international, comme sur le plan intérieur… »
      https://nsarchive2.gwu.edu/NSAEBB/NSAEBB461/docs/DOCUMENT%203%20-%20French.pdf
      2. Plus de trente ans apres, notre cher Burundi est le pays le plus pauvre du monde avec son RETA MVYEYI, RETA NKOZI, INDONGOZI ZITOREWE N’ABENEGIHUGU, INDONGOZI ZASHIZWEHO N’IMANA, VISION BURUNDI PAYS EMERGENT EN 2040…

      • Kira

        @Samandari et Stan Siyomana,
        Le plus important pour moi, c’est que plus personne dans ce pays ne soit plus en mesure de perdre son bien le plus précieux, LA VIE, à cause de la forme de son nez ou de son  »imforo ». Tout le reste est une question de choix personnel qui découle de mon libre arbitre en tant qu’individu doué de raison. L’appréhension de la pauvreté est d’abord une question d’attitude personnelle face à la vie. Je peux vous garantir en ce qui me concerne que je ne compte absolument pas sur l’État du Burundi pour l’accomplissement de mon bonheur personnel en tant qu’individu (mais libre à chacun de le faire en ce qui le concerne). DEux citations pour conclure:
         »Crier, pleurer, gémir, ça ne sert à rien. » (Jean de La Fontaine)
         »Ce qui a fait de l’État un enfer, c’est que certains ont voulu en faire un paradis », écrivait un critique du système communiste à l’époque de l’ex Union soviétique.

        • Stan Siyomana

          @Kira
          C’est dans un Etat bien performant que vous atteindriez votre bonheur individuel plus facilement.
          Esperons que vous n’allez pas basculer dans le camp des anarchistes.
          « Cependant, dans les sociétés contemporaines, l’action de l’État ne se limite plus aux seules fonctions liées à l’exercice de la souveraineté. Son champ d’intervention s’est étendu à de nombreux domaines où existe un intérêt général qui ne peut être satisfait par la seule action des particuliers (ex : éducation, santé, culture, recherche…).
          Parallèlement, la fonction redistributrice de la fiscalité s’est imposée. Ce paradigme de « l’État-providence » marque une véritable mutation de l’État : cadre institutionnel de l’exercice du pouvoir, il est également devenu un élément de cohésion sociale et un garant de l’égalité entre les individus qui le composent… »
          https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/270243-quest-ce-que-letat

          • Gugusse

            @Stan,

            Kira n’est pas anarchiste, il est extrémiste. Et frustré. À un âge où d’autres contemplent la retraite, il est en réduit à envoyer des CV pour des jobs ingrats. Aux dernières nouvelles, sa maison avait été mise aux enchères par la ville de Laval où il habite ( impôts fonciers impayés). Il faut ignorer ses interventions. C’est son karma qui vient lui demander des comptes.

            À Iwacu, ne censurez pas à tout va. On sait de quoi on parle.

            Augustin.

          • Kira

            @Stan,
            Sérieusement, vous allez me faire rire! Dans quel pays au monde trouvez-vous qu’il y a  »un État bien performant »? Ce que je fais, ce n’est pas de l’anarchisme, c’est un constat lucide et désabusé, c’est tout. Partout dans tous les pays du monde, c’est l’intérêt privé qui tend à se substituer à l’intérêt général. On décortique l’État, on privatise tout, même ce que tu considères comme relevant de sa mission régalienne. Quel est ce pays dans lequel l’État redistribue au point de devenir un  »État Providence »? Après l’échec du communisme (en Chine et en Union soviétique) à faire advenir le  »grand soir », je pensais personnellement que le monde entier avait tiré un trait sur le mythe de l’âge d’or. Qu’il y ait des gens qui continuent à y croire, je trouve cela….émouvant!

            L’État comme  »élément de cohésion sociale et garant de l’égalité entre les individus »! Dans le royaume des cieux, peut-être. Stan, s’il vous plaît, laissez tomber ces chimères et revenez sur terre. De nos jours et un peu partout sur la planète, l’État est la véritable fabrique de l’inégalité sociale et du désordre, par des politiques qui font la part belle aux groupes d’intérêt qui l’ont phagocyté. C’est la triste réalité. Ouvrez les yeux.

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