Jeudi 25 avril 2024

Santé

Gatumba/Inondations : Des maladies de mains sales et le paludisme aggravent la situation

16/05/2023 Commentaires fermés sur Gatumba/Inondations : Des maladies de mains sales et le paludisme aggravent la situation
Gatumba/Inondations : Des maladies de mains sales et le paludisme aggravent la situation
Des tentes installées à côté d’une décharge au quartier Mushasha II

Les sinistrés des inondations de Gatumba vivent un calvaire alors que les crues de cette rivière continuent d’envahir leurs habitations. Au moment où des sites de déplacés et l’hôpital de Gatumba sont aussi inondés, les cas de maladies diarrhéiques et de malaria augmentent. Ces sinistrés appellent les âmes charitables à leur venir en aide.

Une centaine de sinistrés des inondations ont installé des tentes dans un site improvisé au bord de la route nationale 4 dans le quartier Mushasha. En approchant ce site, des odeurs nauséabondes vous accueillent. Des latrines ont débordé. Ils sont là depuis une semaine, suite à l’inondation du site de déplacés de Muyange.

A midi, lundi 15 mai, des mères et leurs enfants se sont regroupés devant une maison proche pour se protéger d’un soleil de plomb. Des enfants dorment, d’autres pleurent. Leurs mamans essaient de les consoler en vain. « Ils ont faim », lance une mère. D’autres sont dans leurs tentes en train de préparer la nourriture. Certains utilisent de l’eau sale.

De l’autre côté, une partie de la route nationale numéro 4 est inondée. Les véhicules peinent à passer dans les eaux qui traversent la route. Pour se déplacer dans les quartiers Kinyinya I et II, la population utilise des pirogues. Inondées, certaines écoles sont fermées depuis le début du troisième trimestre. Des enfants restent à la maison.

« Nous menons une vie très précaire ici. Il n’y a pas d’eau potable. Nous n’avons ni nourriture ni non-vivres, surtout les couvertures, les moustiquaires et des nattes. Nous allons mourir de faim », alerte une femme dont la maison a été emportée par les inondations dans le quartier Kinyinya II.

Mère de sept enfants, elle vit avec sa famille dans un abri fait de pièces de tentes déchirées : « Il n’y a pas d’intimité dans le site. Nous dormons avec nos enfants dans cette hutte sur une petite natte et des pièces de sacs de ciment. Ces circonstances nous obligent, moi et mon mari, de s’abstenir de certaines choses. »

Par manque de latrines et d’eau potable, ajoute-t-elle, des cas de maladies diarrhéiques vont crescendo. Elle soutient que c’est difficile de rester propre dans de telles circonstances : « Le propriétaire d’une maison proche nous a laissés ces deux latrines, mais elles ont déjà débordé. Des enfants souffrent de diarrhée persistante. »

Pour une autre sinistrée rencontrée dans le site installé sur la colline Warubondo, des cas de malaria notamment pour les enfants sont inquiétants :« Certains d’entre nous dorment à la belle étoile sans moustiquaire. Avec ces inondations, il y a beaucoup de moustiques même pendant la journée. »

En outre, elle regrette la déscolarisation de ses enfants : « Nos enfants n’ont pas encore regagné l’école, plus d’un mois après le début du troisième trimestre 2022-2023. Même ceux qui étudient dans des écoles non inondées ne peuvent pas bien se concentrer alors que leurs familles sont sans abri. » Certaines écoles comme l’école fondamentale Mushasha I et II, l’école technique de Gatumba sont fermées suite aux inondations.

Certains sinistrés des inondations de Gatumba sont pour la délocalisation et demandent à l’Etat de la mettre en oeuvre le plus rapidement possible. D’autres sont contre : « Ce sont les terres de nos ancêtres. Nous sommes nés ici et mourrons ici. La solution durable est la construction de digues sur les rives de rivière Rusizi. »

Quid de la gestion du nombre croissant de malades ?

L’hôpital de Gatumba et l’école technique de Gatumba fermés suite aux inondations

L’hôpital de Gatumba et le site d’accueil des malades de choléra ont été envahis par des inondations, depuis ces derniers jours. Tous les malades s’adressent désormais au centre de santé de Gatumba. Des cas graves sont transférés aux hôpitaux en mairie de Bujumbura. Pour les habitants de Gatumba, la fermeture de cet hôpital public est un coup dur.

Ils déplorent que certains hôpitaux en mairie de Bujumbura leur demandent des cautions avant de les hospitaliser : « Par manque d’argent, beaucoup de malades restent à la maison. Certains ne peuvent pas acheter les médicaments prescrits par les médecins. »

Selon le titulaire du centre de santé Gatumba, Jeanine Singirankabo, le nombre de malades a augmenté depuis ces derniers jours. Elle estime qu’il y a recrudescence des cas de paludisme et de choléra, suite aux inondations : « Plusieurs sinistrés dorment sans moustiquaire. Ils n’ont pas d’eau potable. Alors qu’on était déjà en pleine épidémie de choléra, ces inondations ont aggravé la situation ».

Elle confie que ce centre de santé accueille entre 10 et 15 cas de maladies diarrhéiques par jour depuis ces inondations. Et de rassurer que ce centre de santé fait feu de tout bois pour consulter et traiter tous les malades : « Dans le site de déplacés de Kinyinya, il y a un poste de soins. Nous travaillons en franche collaboration pour que tous les sinistrés aient accès aux soins de santé. » Elle signale que les cas suspects de cholera sont transférés à l’hôpital Prince Régent Charles.

Selon le chef de district sanitaire d’Isare, Jean Paul Ndayishimiye, un poste d’accueil des malades de choléra au centre de santé Gatumba sera bientôt construit. Il fait savoir que la pulvérisation est en cours dans les localités inondées pour prévenir les maladies de mains sales.

Concernant le manque de moustiquaires, il explique qu’ils attendent l’appui des partenaires pour pouvoir distribuer des moustiquaires à tous les sinistrés des inondations.

Le chef de district sanitaire d’Isare assure que les sinistrés se trouvant dans le site de Kinyinya sont traités gratuitement.
Il appelle à toute âme charitable à contribuer pour que toute la population, surtout les sinistrés des inondations, ait accès aux soins de santé gratuits.

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