Vendredi 26 avril 2024

Politique

Discours différencialiste, plus jamais ça !

29/01/2021 Commentaires fermés sur Discours différencialiste, plus jamais ça !
Discours différencialiste, plus jamais ça !

Les discours différentialistes sont généralement distillés dans les sociétés ayant connu des drames. L’ancien président du Burundi Sylvestre Ntibantunganya revient sur leurs caractéristiques, leurs conséquences et des solutions pour les prévenir.

Que peut-on retenir d’un discours différentialiste?

C’est un discours qui est propagé dans des sociétés ayant connu des divisions. Ces dernières peuvent avoir atteint à un certain moment des situations odieuses au niveau des crimes qui sont commis. Il se présente toujours comme la valorisation d’une différence, c’est une catégorisation. Je pense qu’au Burundi et dans la sous-région, nous avons malheureusement vécu des expériences macabres au vu des crises que notre pays a traversées au cours de la deuxième moitié du 20e siècle. Mais également d’autres situations dramatiques comme le génocide des Tutsi au Rwanda. Je dis toujours que cette région des Grands-Lacs est pleine d’exemples qui montrent combien une situation de déshumanisation prise comme une stratégie finit par conduire à des drames à l’instar de ce que notre pays a connu.

Quels sont ses caractéristiques ?

J’ai parlé de déshumanisation. Il part d’une sorte d’égoïsme que porte celui qui propage ce discours en se considérant comme un surhomme supérieur aux autres. Que les autres sont des sous-hommes, qu’ils ne représentent rien. Qu’ils n’ont pas des droits. Vous voyez quand on procède de la sorte, au bout du compte, on déshumanise par le verbe et finalement le verbe finit par se traduire dans les actes qui aboutissent malheureusement à des actions meurtrières. Si l’auteur a une petite parcelle de pouvoir, il commence à mener une stratégie d’exclusion sociale qui peut aussi conduire à des drames à l’instar des crises qui ont coûté la vie à des centaines de milliers de nos compatriotes.

Comment peut-on les déconstruire ?

La déconstruction de ces discours de haine doit se faire par l’éducation. Dans la culture burundaise, l’éducation commence en famille. Si les parents et les connaissances ne consacrent leur temps qu’à parler aux enfants des problèmes relatifs à ces situations de division, c’est dangereux. Un enfant finit par être formaté et au lieu d’être un humain dans sa plénitude, il court le risque de devenir une sorte d’animal. Il faut combattre cette situation par l’éducation dans nos communautés familiales, religieuses et sociales.

Concrètement ?

Ils doivent mettre en avant que tous les hommes ont été créés à l’image de Dieu. Que tous les hommes doivent se respecter mutuellement en sachant que la diversité ne constitue pas un problème, mais plutôt un avantage pour une société. Cela permet de considérer l’autre comme ton égal ayant les mêmes droits et devoirs que toi, tout en sachant que toute déviation sera réprimée.

Et les leaders ?

Le comportement des leaders étatiques et religieux ainsi que ceux provenant de la société civile et des médias doit être irréprochable. Ils doivent prêcher la paix, l’unité et la réconciliation pour inspirer confiance.

Propos recueillis Par Jérémie Misago

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