Vendredi 19 décembre 2025

Politique

Burundi-RDC : Une guerre à plusieurs facettes

Burundi-RDC : Une guerre à plusieurs facettes
Les réfugiés regroupés sur le site d'accueil du Stade de Rumonge vivent avec une seule latrine.

Afflux massif de réfugiés, spectre d’une catastrophe humanitaire, fermeture des frontières, accusations contre accusations, la pression américaine… La dernière en date, le « retrait » de l’AFC/M23 de la ville d’Uvira. La guerre à l’Est de la RDC va de rebondissements en rebondissements. Entre-temps, une situation d’urgence de niveau 2 a été déclarée pour le Burundi par le HCR et 33 millions USD sont à mobiliser.

Au bloc de la Pédiatrie à l’hôpital de Rumonge, la situation est alarmante. Il est inondé par des enfants réfugiés congolais qui souffrent de diarrhées, de problèmes de respiration,… La cause : ils passent des nuits à la belle étoile suite au manque de bâches et de couvertures. Des problèmes d’hygiène et d’assainissement se posent avec acuité, car les installations sanitaires et d’eau potable sur les sites d’accueil font défaut.

Au stade de Rumonge où est rassemblé le gros des réfugiés congolais, ils vivent en plein air et n’ont pas encore reçu l’assistance de base comme des couvertures, de la nourriture, des bâches, de l’eau potable.

Certains réfugiés ont monté leurs propres bâches, mais pour d’autres, ils dorment sous la pluie avec toutes les conséquences que cela représente, surtout chez les enfants. Il y a une seule latrine et un seul robinet. « Nous nous soulageons n’importe où. Nous avons peur des maladies liées au manque d’hygiène », confie une maman, au bord des larmes.

Lorsque vous entrez dans ce stade, vous êtes accueillis par une mauvaise odeur, des cris de détresse de vieilles mamans et d’enfants affamés qui pleurent.

« Où sont partis les humanitaires ? »

C’est un cri de détresse d’une réfugiée congolaise de plus de 60 ans. « C’est la troisième fois que je deviens réfugiée, mais dans de telles situations, les humanitaires se bousculaient pour donner une assistance urgente. Aujourd’hui, rien ne bouge du côté des humanitaires. Je remercie les femmes musulmanes de Rumonge qui assistent les vieilles personnes et les enfants. »

Elle fait savoir que la Croix-Rouge du Burundi a installé un poste de secours chargé de venir en aide aux enfants et aux femmes qui tombent dans la déshydratation ou d’évacuer les malades graves vers l’hôpital de Rumonge.
« Nous sommes débordés », appelle au secours Augustin Minani, administrateur de la commune Rumonge. D’après lui, la commune avait déjà accueilli, depuis le 11 décembre dernier, plus de 10 000 réfugiés jusqu’au 15 décembre 2025 et ils ont de la peine à pouvoir les assister en besoins de base. Il demande à sa population de manifester la solidarité qui a toujours caractérisé le peuple burundais afin d’apporter de l’eau potable et de quoi manger à ces réfugiés.

Cette autorité communale demande au HCR Burundi de déplacer ces réfugiés congolais vers les camps de réfugiés afin de désengorger les sites d’accueil.

Elle précise que le centre de transit initialement construit pour accueillir les réfugiés est pour le moment saturé, ainsi que deux autres sites d’accueil, dont le stade de Rumonge et le port de Rumonge.

Le centre de transit de Makombe sur la colline de Mutambara, conçu à cette fin, est lui aussi saturé, car il héberge aujourd’hui environ 2 000 réfugiés alors que sa capacité d’accueil initiale est de 500 personnes selon des sources administratives.

Augustin Minani lance un appel aux ONG qui interviennent dans l’humanitaire pour qu’elles leur viennent au secours, surtout que ces réfugiés continuent d’arriver chaque jour et que certains arrivent démunis de tout.

Au moment où nous mettons sous presse ce papier, des bus commencent à transporter les réfugiés congolais du site d’accueil du stade de Rumonge vers Bweru en province de Buhumuza.


Gatumba

Le camp délocalisé à Bweru

Les réfugiés congolais accueillis dans la cour de la brigade de Gatumba ont commencé à être évacués vers Bweru dans l’ancienne province de Ruyigi. Depuis leur arrivée dans ce camp improvisé, certains avaient commencé à contracter des maladies liées aux mauvaises conditions d’hygiène et à la malnutrition. Une lueur d’espoir commence à se lire sur leurs visages, mais ils se demandent en quoi Bweru diffère de Gatumba.
Les réfugiés en attente de la délocalisation dans la brigade de Gatumba

À Gatumba, une barrière est érigée devant la pancarte du bureau postal de Gatumba. Sur cette barrière, des policiers surveillent les voitures qui veulent passer. La priorité est donnée aux voitures et aux camions de la police et aux bus, lesquels sont affrétés par le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) selon un des responsables de l’Office national de protection des réfugiés et apatrides (ONPRA).

Il confie que le HCR leur a loué des camions de police et des bus de transport et que le reste du travail est à la charge de l’ONPRA : « L’ONPRA organise le transport des réfugiés jusqu’à Bweru en priorisant les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et les personnes présentant un handicap avec la condition d’avoir un jeton. »

Devant le camp, plusieurs camions de la police et des bus sont alignés et les réfugiés montent dedans. Un autre gros camion est chargé des effets de réfugiés, entre autres les matelas, ustensiles de cuisine et habits emballés dans des sacs. Des vélos aussi sont en train d’être chargés.

À l’intérieur du camp, la vie précaire des réfugiés qui restent saute aux yeux. Des enfants jouent à même la poussière et les adultes sont dans des tentes improvisées à l’abri du soleil, des tentes qui leur servent de toit la nuit.

Une Congolaise portant un gilet de la Croix-Rouge fait savoir que son rôle est de seulement évacuer les malades vers un dispensaire qui se trouve dans la brigade : « On ne dort pas la nuit, des cas de diarrhée et de vomissement ne nous donnent pas de répit. »

« Évacuer un nombre aussi élevé n’est pas chose facile »

Selon le HCR, le site de Bweru a déjà accueilli 13 000 réfugiés

Fabien Habarugira, administrateur de la base de données à l’ONPRA, fait savoir que l’évacuation a commencé deux jours après l’arrivée des réfugiés et assure que jusqu’à maintenant, le camp de Bweru continue de les accueillir, mais au compte-gouttes : « Dimanche dernier, le chiffre des réfugiés était de 20 803 et l’ONPRA doit les évacuer tous, ce qui n’est pas chose facile. Nous les embarquons selon la disponibilité du transport que le HCR met à notre disposition. »

Dans un bus de 35 personnes, 60 réfugiés s’entassent dedans pour un long trajet : « 60 personnes sont au complet ? Vous pouvez donc partir », lance un agent de l’ONPRA au chauffeur. Cet agent fait savoir que s’il y avait des moyens de transport, tous les réfugiés seraient déjà à Bweru.


Urgence humanitaire

Des besoins évalués à plus de 33 millions USD

Gouvernement du Burundi, organisations régionales ou internationales, humanitaires, … des cris d’alarme fusent de partout afin de venir en aide à ces réfugiés congolais. Les besoins financiers sont évalués à plus de 33 millions de dollars américains.

« Le gouvernement de la République du Burundi lance un appel à la solidarité nationale et internationale afin de soutenir les efforts en cours pour faire face à cette crise humanitaire », a déclaré Léonidas Ndaruzaniye, ministre de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique. C’était le mercredi 17 décembre 2025, lors du lancement officiel d’un appel à fonds pour les réfugiés au Burundi.

Léonidas Ndaruzaniye : « Le gouvernement réaffirme son engagement à assurer la protection internationale des réfugiés. »

À cette occasion, il a demandé aux humanitaires, partenaires techniques et financiers, société civile et confessions religieuses d’apporter leurs contributions pour répondre de manière efficace et coordonnée à cette situation.

« Le gouvernement réaffirme son engagement à assurer la protection internationale des réfugiés ainsi que la recherche de solutions durables dont le rapatriement volontaire lorsque les conditions nécessaires seront réunies. » Il a ainsi réitéré l’engagement du gouvernement à garantir une réponse humanitaire et coordonnée respectueuse des engagements nationaux et internationaux tout en préservant la sécurité et la cohésion sociale.

En ce qui concerne les actions déjà réalisées, M. Ndaruzaniye a signalé qu’afin d’assurer une réponse appropriée et coordonnée à ces urgences, son ministère a mis en place un mécanisme de coordination renforcée avec ses services étatiques, en collaboration avec le HCR. Il a d’ailleurs signalé que pour accueillir ces réfugiés dans la dignité, le gouvernement a directement rendu disponible à Ruyigi un site de plus de 100 hectares devant les accueillir.

Les actions prioritaires sont, entre autres, selon lui, la relocalisation des réfugiés vers le site de Bweru identifié comme site principal d’accueil, son aménagement pour garantir des conditions aux standards humanitaires ainsi que le renforcement de la coordination avec les partenaires pour une réponse efficace avec une attention particulière pour les personnes les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants. D’après lui, les premiers réfugiés ont déjà été transférés dans ce nouveau camp de réfugiés congolais.

Sur ce Plan de réponse humanitaire pour ce nouvel afflux de réfugiés congolais, Léonidas Ndaruzaniye a indiqué que le Burundi a besoin de 33,1 millions de dollars américains. Une enveloppe destinée à structurer et à renforcer la réponse humanitaire des réfugiés congolais au Burundi. Et cet appel a été lancé en présence des partenaires en la matière.

Brigitte Mukanga-Eno : « Des centaines de ménages sont contraintes de demeurer dans des conditions de surpopulation extrêmes. »

Concernant le nombre de réfugiés, Brigitte Mukanga-Eno, représentante du HCR au Burundi, a précisé, à cette occasion, que, du 5 au 16 décembre, 76 015 réfugiés congolais étaient déjà enregistrés, dont 12 786 personnes déjà transférées à Busuma, zone Kayongozi, à Bweru (Ruyigi), dans le nouveau camp de réfugiés. Elle a souligné que les réfugiés hébergés dans tous les centres de transit de Cishemere (Bukinanyana) et Makombe (Rumonge) ainsi que les sites informels de Ndava (Bukinanyana) et de Gatumba (Ntahangwa) dépassent largement leurs capacités opérationnelles avec des taux d’occupation atteignant près de 200 %. « Des centaines de ménages sont contraints de demeurer dans des conditions de surpopulation extrêmes. Ce qui augmente significativement les risques sanitaires et de santé publique. »

Pour sa part, Ezéchiel Nibigira, président de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) a sorti une déclaration, le mardi 16 décembre 2025, appelant aussi à la solidarité nationale et internationale pour venir en aide à ces réfugiés. Il a mentionné que lors de sa visite de terrain, il a été constaté que les réfugiés font face à un manque criant de nourriture, d’abris, d’installations sanitaires, d’eau potable, de service de santé de base, etc. « J’exprime ma profonde consternation et mon indignation face à l’ampleur de la crise humanitaire observée. »

Une situation qui est aggravée, d’après lui, par le contexte de promiscuité, de surpeuplement et d’insuffisance des infrastructures exposant les réfugiés à de graves risques sanitaires, avec des craintes sérieuses liées à l’apparition et à la propagation de maladies contagieuses. Et de marteler : « Cet appel à la solidarité régionale et internationale se veut être un cri d’alarme adressé à l’ensemble des États membres de la CEEAC, à l’Union africaine ainsi qu’à la communauté internationale. »


Les réfugiés congolais sommés de regagner les centres de transit

« Le Burundi exige avec insistance à tous ces réfugiés congolais récemment accueillis qui vivent dans les ménages de certains de leurs amis ou qui ont loué des maisons dans la ville de Bujumbura et dans d’autres provinces, de retourner en urgence dans les centres de transit prévus pour les accueillir, qui se trouvent non loin de la frontière entre le Burundi et la RDC. » Cela ressort d’un communiqué du 17 décembre 2025 du ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique.

Selon lui, ces centres de transit se trouvent dans les localités de Gatumba, Vugizo, Kansega et Cishemere dans la province de Bujumbura et dans les localités de Magara et Makombe dans la province de Burunga. « Dans ces centres de transit, les réfugiés y sont enregistrés, reçoivent de l’aide d’urgence comme la nourriture, les couvertures, les soins de santé, etc. Le gouvernement du Burundi préparera leur transfert vers les camps de réfugiés se trouvant loin de leur pays d’origine, comme le recommande toujours ce cadre protecteur des réfugiés. »

Sur ce, le ministère demande à tous les administratifs, depuis la province jusqu’aux chefs de collines ou de quartiers, de mettre en œuvre immédiatement cette mesure, en collaboration avec la Police. Ils doivent passer dans tous les ménages qui ont accueilli ces réfugiés ou là où ces derniers ont loué des maisons pour les identifier et les envoyer directement dans ces centres de transit pour les réfugiés. « Quiconque présentera de la nonchalance dans la mise en exécution de cette mesure sera sévèrement puni. »


Fermeture de la frontière de Gatumba

Le commerce transfrontalier asphyxié

Depuis la fermeture des frontières reliant le Burundi à la République démocratique du Congo, le 12 décembre 2025, le trafic commercial est en mode pause au marché dit « Kwa Siyoni ». Commerçants, agences de voyages, tous vivent dans le désarroi. Les clients regrettent le manque de clients tandis que les agences ont presque fermé. Ils se demandent ce que leur réserve l’avenir.
Les bureaux des agences de voyage vers la RDC au marché dit Kwa Siyoni

Dans le parking des véhicules qui desservent le Burundi et la RDC, c’est le désert. Un parking souvent bruyant avec des véhicules immatriculés en RDC abrite deux ou trois taxis locaux. Certaines agences de voyage sont fermées.

Ceux qui tiennent les rares agences ouvertes somnolent. Ils sont là juste pour donner l’impression de travailler, selon l’un d’eux : « Nos enfants vont mourir de faim parce que l’agence était notre seul gagne-pain. »

Il fait savoir qu’il garde un bureau qui va lui demander de l’argent de loyer : « Où est-ce que je vais trouver cet argent si je ne travaille pas ? Je garde l’espoir d’un rétablissement de la situation, mais jusqu’à quand ? »

Assis sur une chaise en plastique, sa seule occupation visible est son téléphone. Ou encore, un visiteur venu lui tenir compagnie juste pour l’aider à passer le temps : « Nous ne sommes pas les seuls à souffrir de cette situation, ces vendeurs aussi commencent à sentir les effets. »

En temps normal, il fait savoir que beaucoup de marchands ambulants faisaient circuler du pain, des jus rafraîchissants au plaisir des voyageurs, mais certains ont rendu le tablier. « La place est déserte. Avant, ils grouillaient de partout avec des produits de toute sorte. »

Il regrette l’approche des fêtes de fin d’année qui leur faisaient profiter beaucoup. Il fait savoir que les voyageurs se multipliaient par cinq voire par dix. « Les Burundais qui sont de l’autre côté venaient fêter, et les Congolais, qui sont d’ailleurs nombreux, ne rataient jamais l’occasion de rentrer voir les leurs pour revenir au début de l’année, en janvier. »

Des marchands aux regards vides

Dans les stands, les vendeurs ne prêtent plus attention aux passants. Ils savent que la crise qui secoue l’Est de la RDC a changé la donne. Ils regardent les gens qui passent sans aucun intérêt. Ils donnent l’impression de n’être là que pour passer le temps.
L’un d’eux fait savoir que le marché ne fonctionne que quand les frontières sont ouvertes : « Nos principaux clients sont ceux qui font des navettes entre le Burundi et la RDC. Il n’y a pas de clients locaux, ils sont minimes. »

Il assure que depuis que les frontières ont fermé, il n’a rien vendu : « Si seulement je pouvais avoir un client qui donne juste l’équivalent de la ration, mais rien du tout. »
Un autre vendeur d’articles d’occasion ne perd pas son sourire : « Vous voyez tous ces articles, ces couteaux et ces jouets d’enfants, tous seraient déjà achetés », raconte-t-il.

Noël arrive, et le marchand fait savoir que les poupées d’enfants, les jouets étaient très prisés par ceux qui voyagent : « Chaque voyageur veut partir avec un cadeau de fin d’année, mais il n’y a personne aujourd’hui. Depuis la fermeture des frontières, j’ai à peine vendu un seul article de 10 mille BIF. »
Il assure que sans client, il ne sait pas de quoi il va vivre si la situation reste comme elle est : « Je dis ça comme ça, tout ce marché risque de fermer si rien ne change. »

Selon l’économiste Jean Ndenzako, la fermeture de la frontière de Gatumba/Kavimvira (le principal point de passage vers le Sud-Kivu, région vitale pour le commerce burundais) entraînerait une chute brutale et immédiate d’environ un quart (27,1 % en 2024) des recettes d’exportation totales du Burundi. « Ceci affecterait directement les commerçants transfrontaliers (petits et grands), et aurait un impact macroéconomique lourd sur la balance commerciale et les devises étrangères du Burundi. »

« Il y aura une nette diminution des recettes »

« La prise par le M23 de la ville d’Uvira, c’est une mauvaise nouvelle pour l’économie burundaise. Car depuis un bon moment, nous entretenons de bonnes relations transfrontalières entre Uvira et le Burundi », analyse Dr Diomède Ninteretse, économiste. Il signale que beaucoup de Congolais venaient s’approvisionner au Burundi en différents produits. Ici, il donne l’exemple du marché City Market de Bujumbura dit Kwa Siyoni. « C’est un marché très stratégique pour les Congolais. »

Cet économiste signale par ailleurs que même des Burundais se rendaient à Uvira pour le commerce. Pour lui, il doit y avoir sans doute une diminution des recettes du côté burundais. Il ajoute que beaucoup de Burundais vont aussi perdre leur emploi. En effet, explique-t-il, il y a des chauffeurs qui vivaient du transport entre Bujumbura et Uvira ou d’autres localités de la RDC. Il en est de même pour ces jeunes gens qui partaient en RDC pour des tâches comme la construction, travailler dans les champs agricoles, etc.

Ce qui risque aussi d’affecter le secteur du carburant. « En cas de pénurie, il y a des gens qui avaient déjà pris l’habitude d’aller à Uvira s’approvisionner en or noir. D’une façon ou d’une autre, ils approvisionnaient le marché local en carburant. Si la situation reste ainsi, cela signifie que ça ne sera plus possible d’y aller. » M. Ninteretse rappelle que les Congolais amenaient quelques devises au pays.


Uvira

Retrait ou repli stratégique ?

L’AFC/M23 a annoncé le 17 décembre 2025 le début du retrait de ses troupes de la ville d’Uvira, conquise une semaine auparavant. Cette annonce suscite des doutes dans différentes capitales. À Kinshasa, le ministre de la Communication et des Médias appelle à la vigilance. Gitega affirme que l’AFC-M23 n’a pas quitté Uvira. Le flou plane toujours.

« Le mouvement des forces de l’AFC/M23 hors d’Uvira est en cours et sera terminé d’ici demain. Appelons la population civile à rester calme. Demandons à la médiation et à d’autres partenaires de veiller à ce qu’Uvira soit protégée de la violence, des représailles et de la remilitarisation », a écrit le 17 décembre, sur son compte X, Bertrand Bisimwa, président du M23 et coordonnateur adjoint de l’AFC/M23.

Édouard Bizimana : « C’est du saupoudrage pour amadouer le président américain Donald Trump et la communauté internationale. »

Le 15 décembre dernier, le mouvement rebelle avait fait une annonce qui avait surpris plus d’un. « … malgré les provocations et les exactions continues des FARDC et de leurs alliés, l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) initie une mesure unilatérale de confiance afin de donner au processus de paix de Doha les meilleures chances de réussir à apporter des solutions durables au conflit. L’AFC/M23 retirera unilatéralement ses forces de la ville d’Uvira, conformément à la demande de médiation des États-Unis. »

Toutefois, c’est un retrait sous conditions : « … l’AFC/M23 appelle les garants du processus de paix à établir des mesures adéquates pour la gestion de la ville, notamment sa démilitarisation, la protection de sa population et de ses infrastructures, et le contrôle du cessez-le-feu par le déploiement d’une force neutre. »

L’AFC/M23 a mis en garde qu’elle ne permettra pas aux groupes armés hostiles au gouvernement du Burundi qui restent actifs en République démocratique du Congo « d’utiliser les zones libérées comme bases arrière pour des actes hostiles susceptibles de nuire aux relations de bon voisinage entre les deux pays. »

Malgré ce début de retrait annoncé, l’incertitude persiste

« Qui peut le vérifier ? Où partent-ils ? Combien étaient-ils ? Que laissent-ils dans la ville ? Fosses communes ? militaires déguisés en civils ? », interroge Patrick Muyaya, ministre congolais de la Communication et des Médias. Il appelle à la vigilance et fait savoir que la RDC attend « le retrait effectif des troupes rwandaises de toutes les parties occupées de notre territoire. »

Réagissant sur son compte X, Édouard Bizimana, patron de la diplomatie burundaise, a affirmé que l’AFC-M23 n’a pas quitté Uvira. Mardi dernier, le ministre Bizimana avait qualifié l’annonce du mouvement rebelle de « saupoudrage pour amadouer le président américain Donald Trump et la communauté internationale. »

Lors du Conseil des ministres du 17 décembre 2025, présidé par le président Paul Kagame, le Rwanda a réaffirmé son engagement « à mettre pleinement en œuvre les Accords de Washington, à soutenir le processus de Doha et à poursuivre sa participation à la médiation facilitée par les États-Unis, dans le cadre d’une approche équilibrée qui tient compte des préoccupations sécuritaires de toutes les parties. »

RDC

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